Wolverhampton : en attendant le réveil des loups 

Au moment d’entamer sa deuxième partie de saison, le cas Wolverhampton interroge. Après 18 rencontres, les Wolves sont loin d’afficher leur plus beau visage. Des doutes sont présents, mais l’espoir de jours meilleurs l’est aussi. Retour sur une première partie de saison contrastée.

La bête nous avait habitués à un jeu flamboyant depuis sa remontée dans l’élite anglaise en 2018. Septième à deux reprises et un statut mérité d’outsider aux côtés de Leicester ou Everton. Mais cette saison, l’animal est un peu malade. Quatorzième en championnat. 22 points pris dont seulement 9 sur les 11 derniers matchs. Nuno Espirito Santo connaît sa moins bonne période comptable depuis son arrivée au club. Reste à savoir si la meute va se révolter ou si le mal de l’hiver en en réalité plus profond.

La patte de Nuno

A Wolverhampton, la défense à trois est devenue religion. Que la ligne d’attaque soit composée de deux ou trois hommes, derrière rien ne bouge. Et ce qui fait la force des Wolves habituellement, c’est cette capacité à toujours pouvoir changer d’animation, que ce soit entre les matchs ou en cours de match. Un 3-5-2 plus utilisé pour cadenasser l’axe, le 3-4-3 pour contrer les équipes qui utilisent les ailes. Dans les deux cas, le but est d’empêcher la construction adverse en repoussant le jeu sur les côtés et en faisant coulisser le milieu et les pistons sur le porteur de balle. Si ce pressing n’est pas efficace, l’équipe peut compter sur la solidité de sa ligne défensive. Souvent impériale sur les ballons aériens, certaines erreurs individuelles sont parfois évitables. L’animation défensive a fait ses preuves, les Wolves sont la cinquième meilleure défense du royaume sur les deux dernières saisons.

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Si l’animation offensive est également intéressante, les chiffres ne sont pas aussi flamboyants. Le pressing intense permet aux joueurs soit de partir en contre ou bien de maintenir la pression assez haut sur l’adversaire. En phase de possession, le 3-4-3 exige aux ailiers de coulisser dans le demi-espace afin de lancer les pistons en profondeur qui apportent le danger en débordant et disposant ensuite de solutions en retrait ou dans la surface. Dans un 3-5-2, il est surtout demandé à deux des trois milieux de créer les décalages entre les lignes afin de trouver un attaquant dans la profondeur tout en gardant la possibilité de voir les pistons débouler sur le côté.

Une équipe avec une philosophie de jeu bien définie qui s’appuie sur une solide assise défensive, toujours avec un problème pour se créer des occasions dangereuses. Dans cette attaque, Raul Jimenez joue donc un rôle tout particulier. Le Mexicain influence le jeu de son équipe grâce à ses qualités physiques dans la conservation. Il est un point d’appui autour duquel tournent les autres joueurs offensifs. De plus, son jeu de tête et ses qualités de finisseur font de lui un buteur clinique dans la surface. Avec Jota, ils formaient le duo sur lequel s’appuyait les Wolves. Au total, les deux joueurs comptent près de la moitié des buts de leur équipe en Premier League sur les deux dernières saisons.

Une attaque sans mordant

Et les problèmes commencent avec le départ de Jota pour Liverpool. Une absence qui se remarque d’une part avec le vide offensif qu’il laisse mais surtout avec ses débuts réussis chez les Reds. Alors quand le second est victime d’un horrible choc contre Arsenal, Wolverhampton se retrouve orphelin de ses hommes de main. L’indisponibilité du buteur reste encore inconnue mais son retour est en bonne voie.  Rassurant alors qu’on a craint un moment pour la suite de sa carrière.

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Avec Jimenez en tant que seul garant de l’efficacité offensive des Wolves depuis septembre, l’attaquant avait déjà sur son dos encore plus de responsabilités. Avant sa blessure, il dispute dix matchs pour quatre buts. On observe toujours ce même problème offensif avec en moyenne 0.5 xG de moins par match que la saison précédente. Wolverhampton parvient tout de même à s’imposer dans des rencontres étriquées grâce à une efficacité globalement présente. Le vrai problème étant donc le manque d’occasion que se procure l’équipe. Les pistons, si importants dans ce dispositif, sont mis à mal et apportent moins de danger. Avec l’absence de Jonny à gauche, un maladroit Fernando Marçal et un encore timide Aït-Nouri se partagent le temps de jeu. À droite, Nelson Semedo fait plus l’unanimité sur FUT Champions qu’en Premier League même si ses dernières performances sont encourageantes.

Sans Jimenez, ses partenaires perdent un point d’ancrage dans cette animation offensive. Le jeune Fabio Silva arrivé cet été de Porto obtient plus de temps de jeu. Avec un profil bien différent, les Wolves ont du mal à le trouver tandis que lui peine à briller. Il n’a inscrit qu’un seul but pour le moment et se retrouve trop effacé dans le jeu. Globalement, Wolverhampton tire en moyenne une fois de moins par match depuis le début du mois de décembre, avec une efficacité en baisse. Ils ne marquent que sept fois sur les sept dernières rencontres, dont trois matchs qui se soldent sans but. Sur cette période, le meilleur buteur de l’équipe est Romain Saïss. Il a inscrit deux pions, et on ne parle pas là de buts inscrits dans le jeu.

Une équipe moins dangereuse mais toujours capable de coups d’éclats comme en témoigne la rencontre face à Chelsea (2-1). Menés suite à un but de Giroud, Daniel Podence et Pedro Neto avaient chacun réalisé un exploit pour offrir la victoire à l’arraché. Idem face aux Spurs (1-1) où il avait fallu une seule occasion sur coup de pied arrêté pour tenir en échec l’équipe de Mourinho. Et c’est là tout le paradoxe Wolves cette saison. Une équipe efficace mais pas assez dangereuse pour prétendre à mieux.

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Preuve que tout n’est pas à jeter, Wolverhampton « devrait avoir » moins de points que prévu. 19 sur le papier, contre 22 actuellement, signe que malgré tout, on sait être efficace chez les Wolves. Il ne fait pas trop de doutes que ces « points bonus » sont arrivés en présence de Jimenez, lors de rencontres face à Fulham (1-0) ou Leeds (1-0) notamment, et son retour à la compétition sera impatiemment attendu. Car en attendant, certains sont à la peine.

Adama Traoré, un loup apprivoisé

Adama Traoré avait crevé l’écran la saison passée pour sa musculature impressionnante. Mais aussi pour ses qualités de dribble et de percussion, ce qui jusqu’à preuve du contraire reste plus important qu’un corps d’Apollon pour jouer au foot. Rien de tout cela n’a changé, et la hype autour du joueur est toujours présente. L’Espagnol a même connu sa première sélection internationale après de nombreuses tentatives. L’ailier percute, court vite, fait des différences, mais peine de plus en plus à être efficace.

Avant son but face à Palace en Cup la semaine dernière, Adama n’avait pas trouvé le chemin des filets depuis le 27 février dernier en Europa League. En championnat, cette disette dure depuis le 27 décembre 2019 et un but face à Manchester City. Cette saison, il tire moins d’une fois par match en Premier League, pire, il n’a cadré que trois tirs. Ajoutez à cela aucune passe décisive pour obtenir un joueur qui a baissé en confiance en même temps que son équipe.

Plus à l’aise sur le front droit de l’attaque, c’est là qu’il est le plus souvent utilisé. Mais le départ de Matt Doherty chez les Spurs se fait ressentir sur ce côté, l’entente entre les deux joueurs faisait beaucoup de bien à l’équipe. Le rendement de Nelson Semedo étant encore questionnable. Adama est donc parfois repositionné piston droit, mais aussi dans l’axe de l’attaque depuis la blessure de Jimenez. Dans les deux cas, ses qualités principales de percussion sont moins bien exploitées. Il perd en moyenne quatorze ballons par match. Lorsqu’il doit partir de plus bas, il a tendance à trop en faire. Il part tête baissée dans une série de dribbles et s’enfonce sur le côté. Son pied gauche lui faisant parfois défaut, il a plus de mal à repiquer dans l’axe. Reste à espérer que son golazo contre Palace l’encourage à utiliser son pied faible un peu plus.

Adama est très actif sur son couloir lui permettant souvent de faire des différences. On observe cependant que son activité dans l’axe est trop peu importante pour être efficace. Via Sofascore.

Et si Adama Traoré prend un peu moins de lumière, c’est afin de mieux la laisser aux autres. Pedro Neto, Daniel Podence ou encore Vitinha sont cette saison les nouvelles attractions des Wolves. Et oui, les trois sont Portugais, étonnant tiens. Neto avait déjà fait parler de lui la saison dernière et est le successeur logique de Diogo Jota. Gaucher rapide et  physique malgré ses 173 centimètres, c’est un bosseur qui peut jouer à différents postes sur le front de l’attaque. Il a pour le moment inscrit quatre buts, soit un de plus que Daniel Podence. L’attaquant de poche est le genre de joueur qui en fait se lever du canapé plus d’un. Lui aussi gagnerait cependant à être plus décisif.

Irrégularité défensive

En défense aussi, Wolverhampton fait face à différents paradoxes. Au total, les Wolves ont encaissé 24 buts, autant que Manchester United par exemple. Face à ces mêmes Red Devils, ils avaient craqué au bout du temps additionnel (0-1). Ils ont également tenu en échec des équipes comme Chelsea et les Spurs, mais aussi Arsenal (2-1) ou un Leeds réputé pour son jeu offensif. En revanche, ils sont capables d’en prendre trois face à Brighton (3-3) ou quatre contre West-Ham (0-4). La solidité défensive qui fait habituellement la réussite de l’équipe leur empêche cette saison d’être plus régulière. Mais la défense doit s’adapter à ses nouveaux latéraux et a du faire sans Willy Boly pour le mois de décembre.

Et quand on regarde les chiffres, on observe que les Wolves sont tout de même à leur place. Au total, ils possèdent le cinquième plus mauvais total de xGA (expected goal against) de PL, un total en accord avec le nombre de buts réellement encaissés. Preuve que cette défense concède trop de grosses occasions malgré un Rui Patricio toujours en grande forme. Régulièrement, les milieux adverses s’insèrent entre les les lignes pour envoyer leurs attaquants dans la profondeur. La défense se fait trop souvent prendre dans son dos sur ses phases de jeu, mais également sur les longs ballons. Les coups de pieds arrêtés sont eux aussi révélateurs de ce contraste. Pourtant très bon offensivement, Wolverhampton ne jouit pas de la même efficacité dans sa surface. Et ce qui est une force offensive se révèle être une faiblesse défensive. Cinq buts marqués d’un côté du terrain, cinq encaissés de l’autre.

Avec dix points de retard sur les places européennes et sur leur adversaire du soir, les Wolves restent tapis dans l’ombre. Tout n’est pas à jeter et le réveil ne saurait tarder. Prenez garde, concurrents de Premier League. Promenez vous en championnat pendant que le loup n’y est pas, car s’il y était, il vous mangerait.

Crédit photo : Icon Sport

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