Udinese : De Paul, dernière danse

Capitaine et patron de l’Udinese depuis quatre ans, Rodrigo De Paul s’est imposé comme l’un des meilleurs milieux du championnat italien. À la vue de ses prestations, les clubs ne cessent de faire la cour aux dirigeants friulani pour s’arracher le numéro 10. Pas impossible donc que nous soyons témoins des derniers matches de De Paul avec la tunique bianconera.

Udine comme deuxième maison

Lors de l’été 2016, l’Udinese réalise un transfert qui laisse planer quelques interrogations. Le club du Frioul recrute Rodrigo De Paul pour un montant de trois millions d’euros. Le natif de Sarandi, en Argentine, arrive en provenance de Valence, sa première expérience européenne. En Espagne, De Paul échoue : 2 buts et 4 passes décisives en 44 matches. Après cet échec espagnol, il rallie le club idéal pour se relancer. Les exigences et la pression sportives sont nettement moins importantes à Udine qu’à Valence.

Une opportunité que Rodrigo De Paul va très vite saisir. Lors de la saison 2016-17, sa première en Italie, il s’impose rapidement comme un titulaire. Sous les ordres de Giuseppe Iachini puis de Luigi Del Neri, il termine la saison avec 5 buts et 4 passes décisives en 35 matches. Les saisons suivantes, De Paul monte en puissance et devient l’attraction du Frioul. Dans une équipe moyenne et un club en manque d’attractivité, De Paul est la lueur d’espoir. En 5 saisons, l’ancien Valencian connaîtra 7 entraîneurs différents. Mais cette instabilité ne l’impacte pas.

Utilisé en trequartista, ailier, regista, second attaquant, peu importe : De Paul s’adapte et progresse. Une polyvalence que lui-même explique dans un entretien accordé à France Football en mars 2020 : «J’ai commencé comme ailier gauche, extremo, et j’ai terminé à l’intérieur. On me considère comme un milieu, désormais, à deux ou trois, peu importe. C’est pareil. Je crois que là où je me sens le mieux, c’est là où je peux toucher le ballon, me sentir joueur.»

De Paul, taille patron

Depuis novembre 2019, Luca Gotti est à la tête de l’Udinese. Le tacticien italien, adepte du 3-5-2, utilise son joyau argentin en milieu relayeur. Une position plus reculée où il se montre tout aussi, voire plus performant. Cette saison, l’Udinese montre de belles choses dans l’animation malgré un classement peu flatteur (15e). Certes, ce n’est pas du standard de Sassuolo, mais les Friulani ne se contentent pas de rester à dix derrière et de chercher Lasagna sur des longs ballons. L’équipe essaye de ressortir proprement, les derniers matches contre la Juve et le Napoli en témoignent. Le gros couac est le manque de lucidité dans le dernier geste.

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Si ces dernières saisons, il existait une certaine De Paul-dépendance, Luca Gotti a réussit à faire du collectif sa force principale. Avec Pereyra, Mandragora, Larsen ou encore Pussetto, l’Udinese dispose de joueurs aux qualités techniques intéressantes. Fort de son talent, De Paul reste le patron de cette équipe. Preuve en est, Gotti l’a titularisé sur la totalité des matches de Serie A cette saison.

Joueur complet, Rodrigo De Paul est un milieu qui correspond parfaitement aux exigences du football actuel. Doté d’un gros volume de jeu, De Paul est souvent la première solution sur les relances courtes de la défense. Ses qualités techniques lui permettent ensuite de parfaitement gérer les transitions attaque-défense. Sur une passe, un contrôle ou un dribble, De Paul s’impose comme la référence dans les transitions. Moteur de son équipe, c’est lui qui décide s’il faut procéder en attaque rapide ou placée. Une vision de jeu impressionnante qui s’est illustrée lors du dernier match contre le Napoli (1-2). C’est bien lui qui donne le rythme à son équipe.

Avec une grosse protection de balle et une aisance technique, De Paul est aussi à l’aise dans les jeux réduits. Une qualité essentielle contre des équipes de possession comme l’Atalanta ou Sassuolo. Sa progression sur l’aspect défensif est aussi louable. Dans ce rôle de milieu relayeur, De Paul exerce une grosse activité à la perte de balle. Infatigable, l’international argentin (19 sélections) dispose d’une solide condition physique. Depuis son arrivée en Italie, il n’a subi aucune blessure.

Rares sont les milieux en Serie A aussi complet que le numéro 10 de l’Udinese. Une statistique vient illustrer son énorme activité. En 2020, De Paul est le joueur en Italie à avoir parcouru le plus de kilomètres balle au pieds : 9,5 au total.

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La cour des grands

Sous contrat jusqu’en 2024, Rodrigo De Paul est très reconnaissant : «Udine est une superbe ville, elle m’a permis de réaliser mon rêve d’intégrer l’équipe nationale. J’ai beaucoup reçu de la ville et du club, cela me manquera quand je partirai.» Dans cet entretien accordé à Sky Sports, il donne aussi ses ambitions pour la suite de sa carrière. «Je veux toujours plus, avance-t-il. Ce doit être fou, le sentiment que vous avez quand vous jouez un quart de finale ou une demi-finale de Ligue des champions. (…) Je veux être prêt pour ce moment sans forcer les choses. Je quitterai l’Udinese au bon moment.»

Les dirigeants bianconeri ont fixé un prix de départ. Le vice-président Stefano Campoccia a confirmé que De Paul «ne partira pas pour moins de 40 millions d’euros». Souvent très dur en affaire, l’Udinese ne fera pas de cadeaux concernant son joyau argentin. Ce départ ne se fera pas cet hiver. Les deux parties veulent continuer l’aventure jusqu’à la fin de saison. Les négociations perdurent, mais pour un départ l’été prochain. Pour faciliter ces négociations, De Paul pourrait même changer d’agent et rallier l’écurie de Mino Raiola, à en croire la Gazzetta dello Sport.

Âgé de 26 ans (27 en mai), De Paul arrive à un moment charnière de sa carrière. L’ancien de Valence a suffisamment prouvé avec l’Udinese et doit franchir un cap. Rejoindre un top club italien ou européen est inévitable. Le milieu argentin a sans aucun doute les qualités pour évoluer dans un grand club avec plus de pression et de concurrence. Il pourra alors aspirer à ses rêves de Ligue des champions et de titres.

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L’Inter Milan, la Juve et le Napoli sont les écuries italiennes les plus avancées sur le dossier, comme le rapporte la presse italienne. Du côté de Milan, Antonio Conte évolue lui aussi dans un 3-5-2. Le style de jeu prôné par l’entraîneur interiste correspond aux qualités de l’Argentin. Un club où il retrouverait son compatriote Lautaro Martinez. La Juve et le Napoli sont aussi des possibilités intéressantes. Un duo Fabian Ruiz-De Paul ou Dybala-De Paul ? Le peuple ne demande pas plus. Les intérêts viennent aussi de l’étranger et pas de n’importe qui : Liverpool. Si De Paul dispose d’un gros volume de jeu, une qualité fondamentale en Angleterre, franchir un cap en restant en Italie est gage de sécurité.

Souvent titulaire avec l’Argentine, Rodrigo De Paul n’est pas encore certain de garder ce statut pour les échéances à venir. Avec la Copa América cet été et la Coupe du monde en 2022, De Paul doit évoluer dans un top club européen. Si ce dernier parvient à franchir ce cap, alors son rôle de titulaire avec l’Albiceleste ne sera qu’une formalité.

Les tifosi friulani vont certainement connaître, devant leur écran, les derniers matches de De Paul avec leurs couleurs. Dans le Nord-Est italien, l’Ultimo Diez a conquis les suiveurs de Serie A. L’Europe attend son tour.

Crédit photo : LaPresse / Icon Sport

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