« LOSC Unlimited », un projet qui porte ses fruits

Avec 50 points en 25 rencontres, le LOSC est en pleine bourre. Portés notamment par l’excellent Nicolas Pepe, les hommes de Christophe Galtier réalisent une saison 2018/2019 bien au-delà des attentes, en contraste avec le décevant exercice précédent pendant lequel les Dogues ont flirté dangereusement avec la zone de relégation. Avec un effectif enfin équilibré, le pari « LOSC Unlimited » du magnat luxembourgeois Gérard Lopez devrait porter ses fruits et Lille pourrait bien retrouver le goût de la Ligue des Champions dès 2019.

La fin d’un chapitre, le commencement d’un nouveau…

Presque oublié après ses heures glorieuses dans les années 1950, le LOSC a écrit une majeure partie de son histoire au XXIème siècle. Après une montée en Ligue 1 en 2000 par Coach Vahid avec notamment les frères Cheyrou, le club a également vécu de belles heures en Ligue des Champions lors de la seconde moitié des années 2000. En point d’orgue, une victoire contre un AC Milan bien plus dominant à l’époque qu’aujourd’hui en 2006 ou encore une double confrontation contre le Manchester United de Sir Alex Ferguson et Cristiano Ronaldo en 1/8ème de finale. En championnat, après s’être cassé les dents face à l’hégémonie lyonnaise, le LOSC voit son heure arriver en 2011. À la tête d’un groupe savamment construit, soudé et complémentaire, Rudi Garcia a su tirer le maximum de ses joueurs. Et si la suffisance d’un Olympique de Marseille déjà champion en titre a bien aidé les Lillois, ces derniers ont réalisé une saison grandiose et ont fait rêver une ville entière en gagnant le doublé Championnat + Coupe de France. Ces trophées, ils sont l’œuvre d’Eden Hazard, de Moussa Sow, de Rio Mavuba, de Yohan Cabaye, d’Adil Rami, ou encore, pour ne citer qu’eux, de Ludovic Obraniak, auteur du but victorieux d’un somptueux coup-franc en finale de Coupe de France contre un PSG qui vivait l’un de ses derniers matchs pre-Qatar.

Depuis, le club lillois a fluctué, a connu des hauts, des bas, sans jamais réussir à retrouver la flamme des années 2000. À la fin 2016, Michel Seydoux, emblématique mais de plus en plus décrié président du club, entre en négociations pour le revente du LOSC. Le potentiel acheteur ? Gérard Lopez, un entrepreneur luxembourgeois, connu notamment pour avoir été propriétaire de l’écurie automobile Lotus, qu’il avait vendue pour 1€ symbolique après quelques déboires, ainsi que pour avoir voulu acquérir par le passé le Racing Club de Lens et l’Olympique de Marseille, infructueusement donc. Après 3 mois de négociations, la cession est officielle fin janvier 2017. La fin de saison 2016/2017 est donc supposée servir de période de lancement et d’ajustement pour un projet ambitieux. Ce projet est détaillé par Marc Ingla. Ancien directeur marketing du FC Barcelone, l’Espagnol joue le rôle de directeur général du LOSC. Pour lui, le projet, intitulé « LOSC Unlimited », a pour visée de faire évoluer des jeunes joueurs à fort potentiel, pistés par le nouveau chargé du recrutement, le portugais Luis Campos, pointure du milieu et faisant partie de l’écurie du surpuissant agent Jorge Mendes.

Après avoir assuré leur maintien en toute fin de saison, les Dogues voient la France du football toute entière se tourner vers eux. Pour cause, Gérard Lopez, déjà lié à Marcelo Bielsa quand il voulait reprendre l’OM a réussi à rameuter le technicien argentin dans les Hauts-de-France pour la saison 2017/2018. Pour tenter de le mettre dans les meilleurs conditions, les dirigeants et Luis Campos font le grand ménage à l’été 2017. Exit les Mavuba, Enyeama ou Basa, et bienvenue à Nicolas Pepe, Thiago Mendes et Thiago Maia, Fodé Ballo-Touré ou Luiz Araujo. À la tête d’une équipe jeune et peu expérimentée, Marcelo Bielsa et son LOSC réalisent des débuts en fanfare, avant que la machine ne s’enraye et que le club ne s’enlise dans les profondeurs du classement. Les mauvais résultats conduiront au départ de Bielsa, remplacé par Christophe Galtier en décembre 2017. L’ancien entraîneur de l’ASSE a le mérite de sauver le club de la relégation, et d’être confirmé à son poste pour les saisons à venir.

Se servir des erreurs passées pour avancer

L’été 2018 est une période charnière pour le LOSC. Si l’on se fie aux prévisions des dirigeants, l’objectif était de jouer le podium à partir de la deuxième saison, soit celle qui arrive. Le club part avec quelques avantages quant à l’exercice précédent. Tout d’abord Christophe Galtier connaît en grande majorité le groupe avec lequel il va devoir opérer, ce sont les joueurs qu’il a aidé à maintenir dans l’élite. Et au niveau du recrutement, Luis Campos et sa cellule ont pris la mesure de leurs erreurs passées. Les jeunes joueurs à fort potentiel sont toujours le cœur de cible, mais le Portugais pense à entourer cette jeune garde de joueurs plus expérimentés, pour venir encadrer le talent certain que l’effectif a à revendre. C’est ainsi que des joueurs comme José Fonte ou Loïc Rémy viennent garnir les rangs d’un effectif déjà étoffé par des joueurs comme Rafael Leao, Jonathan Bamba ou Jonathan Ikoné. Côté départs, le club, surveillé de très près par la DNCG, est dans l’obligation de se séparer de certains de ses joueurs, si possible ceux à forte valeur. Le board réussit à conserver Pepe, mais doit se séparer de Mothiba, Bissouma ou encore Amadou et amasse une cinquantaine de millions d’euros pendant le mercato.

Sur le papier, le podium n’a pas l’air si accessible que ça. Le PSG semble toujours aussi intouchable, et est suivi par les deux Olympiques, celui de Marseille, qui s’est hissé jusqu’en finale d’Europa League quelques mois auparavant, et celui de Lyon, dont la qualité de l’effectif lui promet d’atteindre le podium, une fois de plus. À leurs côtés, l’AS Monaco, qui bien que son effectif se soit fait piller ces dernières années, se doit par son statut de continuer à performer au plus haut niveau. En début de saison, les Dogues étaient plus attendus au niveau des équipes en embuscade pour une place européenne comme Saint-Étienne, Nice voire Rennes. Le LOSC va pourtant déjouer les pronostics. Le club réalise un bon début de saison, et se permet lors de la phase aller d’en planter 3 à l’OM (3/0) ainsi qu’à Saint-Étienne (3/1), de perdre de justesse contre le PSG (1/2), et de faire nul contre Lyon (2/2), les équipes accompagnant aujourd’hui Lille dans le top 5. Les Dogues se fixent rapidement sur le podium, et semblent refuser de laisser leurs rivaux remonter sur eux au classement, profitant malgré tout des très délicates saisons marseillaise et monégasque, sans oublier le « paradoxe OL », capable de déjouer le Manchester City de Pep Guardiola pour foncer droit dans le mur face à une équipe de bas de tableau en Ligue 1.

Dans cette bonne saison, plusieurs points positifs sont à noter. Défensivement, le choix de l’expérience pour mener l’axe central est payant. José Fonte, malgré ses 35 ans, vient apporter du métier et de la sérénité dans son association avec le capitaine Adama Soumaoro. Devant un Mike Maignan en pleine ascension et entourée de Zeki Celik et Youssouf Koné (depuis le départ de Fodé Ballo-Touré pour Monaco cet hiver), cette charnière assure au club une sécurité défensive absente par le passé. Le LOSC est même la seconde meilleure défense du championnat, derrière le PSG et ex-aequo avec le Reims du très bon gardien Édouard Mendy.

Sur le devant de l’attaque, c’est un trio au sobriquet tout trouvé qui a affolé les défenses fin 2018. Pepe, Ikoné et Bamba, ou P.I.B, jouent en soutien d’un attaquant axial (Leao, Rui Fonte ou Rémy) et font un malheur en Ligue 1. Le premier et le dernier cité combinent à eux-deux 25 buts en Ligue 1 (16 pour Pepe, 9 pour Bamba), soit plus de la moitié des 42 inscrits par leur formation cette saison dans cette même compétition.

Solidement accrochés à la deuxième place du classement, les Dogues de Lille ont 4 points d’avance sur Lyon, 3ème, et 10 sur l’OM et l’ASSE, 4ème et 5ème. Abordant la fin de saison avec un calendrier alternant successivement des matchs à caractère « délicat » comme la réception de Paris ou le déplacement à Lyon, et des matchs plus abordables comme la réception d’Angers ou de Toulouse, le LOSC a son destin en main pour remplir ses objectifs initiaux. Christophe Galtier et ses joueurs ont les capacités pour conserver cette seconde place, ou du moins à résister aux assauts des cadors olympiens. L’expérience apportée par le recrutement estival 2018 sera-t-elle suffisante pour tenir les jeunes chiens fous de l’attaque lilloise ? Il faudra rester concentré jusqu’à la fin pour pouvoir rêver d’entendre la douce musique de la Ligue des Champions. Une qualification qui semble impérative si le club veut essayer conserver ses meilleurs éléments et continuer à être performant sur le court-moyen terme…

Crédits photos : BORIS HORVAT / AFP

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J'arrive toujours soigné comme une passe de Toni Kroos.