[Premier League] Daniel Sturridge, à la recherche du temps perdu

Il n’y a pas très longtemps, dans une galaxie pas très lointaine, un jeune padawan suivait les pas de son maître avec brio. Dans une planète nommée Premier League, celui-ci affolait les compteurs, et mettait au supplice toutes les défenses du Royaume. Avec Luis Suarez en chef d’orchestre, ils formaient un duo, un tandem, qui en fit frissonner plus d’un. Ce jeune padawan n’était personne d’autre que Daniel Sturridge. Un joueur qui ne laissait que peu de monde indifférent, de par son style atypique et ses célébrations rocambolesques. Un joueur, doté d’un talent fou, qui s’est quelque peu perdu, faute de blessures. Mais un joueur, dont certains buts, dont certains dribbles, dont certaines célébrations, laisseront un souvenir impérissable.

Des débuts prometteurs à Manchester City

Natif de Birmingham, dans le Nord de l’Angleterre, Daniel Sturridge fait ses classes à Manchester City. Après avoir terrassé une ribambelle de défenses chez les jeunes, l’heure est arrivée pour ce petit prodige, de montrer tout son talent à l’échelon supérieur. En Février 2007, il goûte aux joies de participer à un match professionnel face à Reading. Une belle récompense pour le joueur originaire de Jamaïque. Mais c’est deux années plus tard, que le feu follet Anglais marquera les esprits. En effet, avec l’arrivée de Mark Hugues, son temps de jeu augmente drastiquement, ainsi que ses statistiques. Il boucle la saison 2008-2009 avec 6 buts, et sera crédité de « meilleur jeune de l’année » par les fans. Une belle prouesse pour un jeune qui n’a même pas 20 ans. D’autant plus qu’il a pu engranger une certaine expérience cette saison-là, en évoluant avec un certain Robinho, qui venait de poser ses valises à Manchester City.

Néanmoins, l’aventure avec Manchester City tourne court, et son contrat arrive à expiration. Il décide de rallier Londres, et Chelsea.

« Je connais bien Sturridge. Je l’ai suivi à de nombreuses reprises. Si j’en avais eu l’opportunité, je pense que j’aurais aimé le garder… »

« C’est étrange parce qu’il a débuté à Manchester et quelqu’un l’a laissé partir sans aucune raison… » Roberto Mancini

 

Chelsea, un goût d’inachevé 

Il arrive dans un secteur offensif pléthorique, où Drogba, Anelka, et Salomon Kalou sont les principaux artilleurs. Pas évident pour un jeune de 20 ans de se faire une place avec cette concurrence. Ce qui est le cas, puisqu’il participe à seulement onze rencontres de Premier League pour un but, et voit ses coéquipiers faire le doublé coupe championnat.

Un apprentissage du haut niveau, et une expérience qui forge probablement un jeune homme qui aspire à écrire les plus belles pages de l’histoire du football anglais. Néanmoins, la saison qui suit n’est guère mieux, et le jeune prodige est envoyé en prêt à Bolton pour s’aguerrir et gratter du temps de jeu. Chose qu’il réalise à merveille. Un prêt fructueux, puisqu’il aura un rendement prolifique. douze matchs de Premier League, huit buts, de quoi donner le tournis à beaucoup d’entraineurs qui cherchent activement un buteur. Dans le même temps, Chelsea livre une saison bien moins réussie que la précédente, et Carlo Ancelotti est obligé de laisser sa place. Pour lui succéder, Abramovitch nomme The Special Two, André Villas Boas, le vent en poupe, auréolé d’un triplé avec Porto.

Après s’être montré sous son meilleur jour à Bolton, Daniel revient à Londres avec un statut différent. Il est désormais prêt à titiller les poids lourds de l’attaque londonienne, et inciter le nouveau coach à redistribuer les cartes sur le front de l’attaque.

Daniel doit composer avec deux nouveaux concurrents, après le départ de Nicolas Anelka. Fernando Torres arrivé au mercato d’hiver, et qui a toutes les difficultés du monde pour exprimer son talent, et le jeune Romelu Lukaku, qui arrive en provenance d’Anderlecht. Avec eux, il reste bien évidemment l’indéboulonnable Didier Drogba, qui s’apprête à livrer une saison historique.

Sous les ordres du jeune Portugais, Daniel revit sous la tunique des Blues, titulaire en puissance. Il fait des ravages sur son côté droit. Vitesse, technicité dans les petits espaces. Il fait vivre un calvaire à un nombre incalculable d’adversaires. Son entente avec ses compères de l’attaque semble au beau fixe. Il marque, se montre décisif, et endosse enfin le rôle de joueur important de l’équipe Londonienne.

Malheureusement pour lui, en raison de résultats jugés insuffisants par le board, Villas Boas est remercié en février 2012. Roberto Di Matteo, ancien joueur du club, prend l’intérim avant d’être nommé définitivement sur le banc des Blues. Un tournant pour le club diamétralement opposé à celui du dribbleur fou Anglais. Le bonheur des uns faisant le malheur des autres. Il voit son temps de jeu chuter considérablement, et assiste sur le banc au triomphe de ses coéquipiers à Munich.

Il fut cantonné dans ce rôle-là la saison suivante. Une situation compliquée à vivre, pour celui qui était en train de se révéler aux yeux de tous. Après une demi-saison sans trop jouer, il plie bagages, direction Liverpool contre une somme de 15 millions d’euros. Le début d’une histoire d’amour.

Liverpool, une relation particulière 

Daniel ne met pas de temps à s’illustrer, et à se mettre les supporters de Liverpool dans la poche, en atteste son premier but à Old Trafford face à l’ennemi historique : Machester United. Une belle entrée en matière. Son association avec Suarez est pleine d’espoirs, et Sturridge inscrit la bagatelle de 10 buts en 14 matchs de Premier League. Une demi-saison qui rappelle fortement celle de Bolton, où Daniel avait affiché un rendement olympique.

Le tout est de confirmer, sur une saison pleine. Cette saison 2013-2014, sera sa saison la plus accomplie.

Après avoir mordu Ivanovic un après-midi d’Avril 2013, El Pistolero prend dix matchs de suspension et ratera les si premiers matchs de la saison suivante. Une terrible nouvelle pour Liverpool qui doit faire sans son artilleur numéro 1.

Une nouvelle vite oubliée, puisque Daniel Sturridge fera un début de saison tonitruant. En effet, il marque le premier but de la saison, est élu meilleur joueur du mois, et inscrira six buts lorsque des six premiers matchs de la saison.
Avec le retour de Suarez couplée à une complicité évidente, avec deux étoiles grandissantes du football, à savoir Coutinho et Sterling, Liverpool assure le spectacle, et affole les compteurs buts.

Dans le jeu, ces joueurs se trouvent les yeux fermés, offrant pléthore de récitals offensifs aux spectateurs du ballon rond. Cette saison-là, Liverpool livre des matchs mémorables, comme le 5-1 face à Arsenal, le 3-2 face à City ou encore le 4-0 face à Tottenham.

Daniel performe dans beaucoup de matchs, est élu une seconde fois joueur du mois en Février 2014, et est un grand artisan de la saison des Reds qui auront cru jusqu’à la dernière journée au titre. Mais qu’est-ce qui faisait de lui un joueur redoutable, spécial ?

Daniel n’est en aucun cas l’archétype de l’attaquant anglais moyennement technique. Certes très rapide, notamment sur les premiers mètres, et explosif, il dispose de plusieurs cordes à son arc. Là où il impressionne les observateurs, c’est sur sa facilité technique dans les petits espaces. Très habile balle au pied, il peut se sortir de situations ô combien complexes. Doté d’un très bon pied gauche, il peut distiller quelques amours de ballons pour ses coéquipiers, et est relativement adroit dans la cage, en attestent ses 21 buts marqués en 29 matchs de Premier League cette saison-là. Pas avare en geste de classe, il peut enchaîner feinte sur feinte, et envoyer le défenseur dans une autre galaxie, tant sa finesse technique est au rendez-vous. Très malin pour se mettre dans les espaces, il est inarrêtable sur 20-30 mètres. Enfin, il peut se montrer particulièrement efficace dans le jeu aérien, Areola confirme.

En somme, malgré quelques manques, dont son côté parfois trop individualiste, il est un joueur relativement complet, et qui offre autre chose que la plupart des attaquants anglais à ce moment-là.

 

52 buts en 61 matchs, telles étaient les statistiques de ce duo. Des statistiques qui peuvent laisser de marbre. Des statistiques incroyables qui ne sont pas passées loin de permettre aux Reds de renouer avec leur succès d’antan.

Un duo qui allait être séparé, avec le départ de Suarez vers le Barça. Sturridge devient le fer de lance de cette équipe, et doit assumer son rôle de star offensive de l’équipe. Malheureusement, suite à des blessures à répétition, et peut-être un égo surdimensionné, ses performances laissent à désirer. En témoignent ses 19 buts inscrits en Premier League depuis la saison 2014-2015, soit 2 de moins que sur toute la saison 2013-2014.

« Moi je sais que je suis le meilleur attaquant de Liverpool, c’est mon opinion, après le manager fait ses choix et il faut l’accepter et ne pas se décourager. Je suis un joueur ambitieux, je veux être le meilleur, je veux être reconnu comme tel et aider mon club à gagner des trophées. » Daniel Sturridge

Couplée à cela, une entente mitigée avec Klopp, avec qui il alterne entre très bon et très médiocre. Après un début de saison prometteur, dans un rôle de supersub, il disparaît peu à peu de la circulation, en étant même devancé par un Divock Origi jusque-là placardisé.

Néanmoins, il reste toujours un joueur particulier. Capable de faire soulever une foule, de coups d’éclats qui font de lui un artiste, où déception et magie sont étroitement liées. Comment ne pas vibrer après son but somptueux face à Séville ?

Comment ne pas s’exciter après avoir envoyé la clim à Stamford Bridge cette saison dans le temps additionnel ?

 

Comment ne pas apprécier cette liesse provoquée, après un but salvateur face aux voisins gallois en 2016 ?

Comment oublier ses dribbles qui font encore cauchemarder les défenseurs Outre-Manche ? Et cette fameuse célébration que l’on a tous essayé de réaliser en vain.

« Avant d’arriver à Liverpool, je disais qu’il était l’un des meilleurs attaquants du championnat et il le montre quand il est en forme », Virgil van Dijk

Toujours engagé dans la course au titre, et bien parti pour atteindre le dernier carré de la Ligue des champions, Daniel aura sûrement un rôle à jouer pour aider les siens à glaner de nouveau des trophées.

https://twitter.com/Squawka/status/1046420761009893376

« Sturridge est le meilleur attaquant de l’Angleterre » Andy Cole

Daniel Sturridge avait tout pour devenir un joueur référence, un joueur prodigieux du football mondial. Après avoir fait ses preuves en padawan, le moment était venu pour qu’il devienne un maître en la matière, afin qu’il marque de son empreinte la galaxie football. Chose qu’il aura faite partiellement, mais à nos yeux, artiste et Daniel Sturridge rimeront toujours avec football plaisir.

 

Crédit photo : Craig Galloway / DPPI.

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Sinon, c'est si cool que ça d’être champions ?