[Bundesliga] Lucas Hernandez, nouveau prince de Bavière

Transféré pour plus de 80 millions d’euros à Munich à l’été 2019, Lucas Hernandez a su attendre son heure. Après un premier exercice éprouvant, le défenseur français s’impose enfin au Bayern. Comment l’ombre s’est elle transformée en lumière ? 

Un peu de bière, une poignée de lacs où aller pêcher, quelques jolies forêts pour aller se ressourcer. Voilà comment décrire la Bavière rapidement. Quand Lucas Hernandez pose ses valises dans la capitale du Länder en 2019, le climat local a pu jouer pour l’attirer. Adios la chaleur de Madrid, Guten Tag la nature munichoise. Dans un environnement ressemblant relativement à sa Haute-Saône d’enfance, nul doute que l’extravagant personnage va passer des bons moments dans la ville de l’Oktoberfest. On en oublierait presque le plus important, le football. Il faut dire que pendant près d’une année, le grand frère de Théo a eu plus de temps pour découvrir les bords de l’Isar et se balader dans l’Englischer Garten que de se familiariser avec la pelouse de l’Allianz Arena.

Un départ au goût amer

Comme bon nombre avant lui, Lucas perpétue la tradition des Franzosen à Munich. Il rejoint alors Coman, Pavard et Tolisso, les deux derniers auréolés d’un titre de champion du monde avec lui un an auparavant. Dans les traces d’un certain Lizarazu, le latéral gauche, central de formation, veut voir plus grand. Fidèle serviteur du Cholo depuis ses débuts, le natif de Marseille veut gagner, enfin. Mais son départ fait parler du côté de l’Espagne. Les supporters colchoneros ne justifient pas ce choix, incompréhensible pour certains.

Dans la lignée d’une formidable coupe du monde, il impressionne sur les terrains. Cependant, Simeone le balade entre le centre et la gauche. Difficile de composer sans les Gimenez, Godin ou Filipe Luis. Les deux derniers en revanche, couraient là leur dernière année de contrat, leur départ déjà acté. Une occasion en or pour le champion du monde qui aura tout le loisir de s’imposer là où il le souhaite. Une blessure au ligament vient stopper sa saison début février. Son transfert au Bayern annoncé début mars arrive de manière inattendue. C’est même là bas qu’il effectue sa rééducation. La première histoire d’amour du français se termine brutalement. La seconde, elle, ne démarre pas de la meilleure des manières.

Le malheur des uns…

Une fois remis sur cannes, les déboires ne sont pas terminés pour Hernandez. En particulier, une blessure à la cheville le tient écarté des terrains entre novembre et février. La recrue la plus chère du club est hors-jeu tandis qu’au même moment, Niklas Süle se fait les croisés. Alaba se découvre alors une passion pour la défense centrale, un poste est à pourvoir sur le côté gauche. La suite est désormais connue.

Un Canadien sorti de nulle part explose aussi vite qu’il ne fait des allers-retours sur son côté. Lucas a laissé filer le train, un train dirigé par l’impressionnant Alphonso Davies. Lucas Hernandez doit effectivement se contenter de bouts de match pour la fin de saison. Cela ne l’empêche pas de garnir son palmarès. Championnat, coupe, Ligue des champions. Même s’il ne dispute que six minutes au total lors du Final 8, le défenseur semble avoir retrouvé sa joie contagieuse. Déterminé à revenir plus fort et récupérer une place de titulaire, il vit le titre de champion d’Europe comme un véritable triomphe.

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Malgré certaines rumeurs de départ, son souhait est de s’imposer en Bavière. Sa détermination ne fait aucun doute. Après le titre obtenu à Lisbonne, le Français rejoint Clairefontaine seulement cinq jours plus tard pour le premier rassemblement de la saison. Des vacances plus courtes qui témoignent de cette volonté de s’imposer. La confiance du staff des Bleus lui fait du bien. Le Bavarois prend part à la victoire 4-2 contre la Croatie et rejoint son club en pleine forme.

Un élément imprévu viendra faciliter sa reconquête. Alphonso Davies est frappé en plein vol. Un peu moins en vue depuis la reprise, le Canadien est victime d’une grave blessure à la cheville. Il sera écarté des terrains plusieurs mois.

Fait le bonheur des autres

Pour récupérer son dû, Lucas n’a jamais baissé les bras. Avant même la blessure de son coéquipier, Hernandez avait refait son retard dans la hiérarchie. Suite à celle-ci, il se retrouve seul au poste, une aubaine. Alaba conservé dans l’axe de la défense centrale, Hernandez retrouve le côté gauche. La tache qui l’incombe est lourde : faire oublier la révélation Davies et justifier enfin l’investissement du club allemand.

Douter il ne fallait pas. Très rapidement, Lucas Hernandez revient à son meilleur niveau. Particulièrement en vue, il parvient enfin à laisser son jeu s’exprimer. Toujours mort de faim et à 100% dans les duels, comme il se décrit lui-même dans une récente interview à France Football. Son caractère de battant, probablement hérité de ses quelques années sous les ordres de Simeone, s’exprime enfin clairement. Dans un système de jeu bien plus offensif et basé sur la possession à Munich qu’à Madrid, le Français use parfaitement de ses qualités.

La rigueur défensive acquise avec le Cholo est très utile dans le système mis en place par Hansi Flick. Souvent positionné très haut à la perte de balle, son implication dans le Gegenpressing est louable permettant à son équipe de faire suffoquer son adversaire.

Regarder dans les rétros

Le latéral offensif qu’avait fait naître Diego Simeone lors de ses dernières saisons en Espagne s’exprime enfin dans une équipe aux velléités (très) souvent portées vers l’avant. Offensif au possible, Hernandez ne cesse de dédoubler derrière son ailier. Cela apporte une solution supplémentaire en attaque et notamment près de la ligne de touche, les ailiers du FCB repiquant souvent dans l’axe. Sa présence et sa qualité de centre apportent du danger, en témoignent sa passe décisive pour Lewandowski contre Dortmund ou son but contre Salzbourg. Souvent dans les bons coups, son implication se fait ressentir lorsqu’il n’est pas là. Malgré trois victoires sur ses trois derniers matchs, son équipe a été plus poussive offensivement sans son latéral qui n’a pas disputé l’intégralité des rencontres. Par ailleurs, le latéral français n’a toujours pas connu la défaite avec le Bayern quand il a foulé la pelouse.

La Heatmap de Hernandez en Bundesliga cette saison. Défenseur gauche, vraiment ? Crédits : Sofascore

À trop vouloir jouer devant, Lucas oublie parfois son rôle premier, défendre. Le Bayern est régulièrement pris en contre, en témoigne l’ouverture du score de Stuttgart ce week-end. Une contre attaque éclaire sur le côté gauche après un ballon qu’i n’a pas réussi à gratter. Souvent, c’est David Alaba qui doit coulisser pour palier les errements de son coéquipier. Cette saison, Munich n’a conservé que trois fois la clean sheet. Loin d’être le seul fautif, Hernandez apparaît même comme l’élément fort de cette défense et sera bientôt amené à le rester.

Boateng et Alaba s’en iront cet été, laissant le champ libre en défense centrale. De quoi pouvoir utiliser Hernandez et Davies en même temps, le premier retrouvant ainsi son poste de formation. Attention tout de même aux petits bobos, le joueur de 24 ans étant réputé pour sa fragilité. Face à Brême et Stuttgart, il est sorti prématurément, surtout pour ne pas prendre de risques. Sa participation pour le match de Ligue des champions ce soir est incertaine mais reste finalement probable.

Au moment de se déplacer pour la première fois chez son ancienne équipe, Lucas Hernandez revient avec le statut qui était le sien à son départ. La première partie de son épopée munichoise ne fut pas de tout repos. La suite se doit désormais d’être plus glorieuse.

Crédits photo : PictureAlliance / Icon Sport.

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