Un prologue tiré d’un conte de fée puis deux matchs compliqués sous couvert de tensions entre Neymar et Cavani. En dépit des interrogations soulevées depuis une semaine, le PSG pouvait difficilement imaginer un départ plus idyllique. Nombreux sont les motifs de réjouissance, rares sont les inquiétudes. Bilan d’un début d’exercice en grande pompe, à l’heure du premier sommet européen de la saison.
Les recrues valent leur pesant d’or
Nombreux sont ceux à s’être arraché les cheveux en voyant les sommes folles déboursées par le PSG pour recruter Neymar (222M€) et Kylian Mbappé (145M€ + 35€ de bonus). En matière de cohérence économique et d’éthique, ces transferts avaient et ont toujours de quoi faire jaser. Mais maintenant que la saison a démarré pour de bon, le jeu a pris le pas sur l’argent. Et force est de constater que Neymar et Mbappé ne sont pas juste d’excellentes additions à l’effectif parisien : ils ont transformé l’équipe. En les voyant combiner en une touche, les supporters parisiens ont dû avoir les yeux écarquillés. C’est donc ça le très, très, très haut niveau ? Pour son premier match à domicile contre Toulouse (victoire 6-2), Neymar inscrit un doublé, réalise deux passes décisives, provoque un penalty et humilie Corentin Jean d’un délicieux sombrero. Exceptionnel ? Non, habituel. Certes, le Brésilien ne réitérera pas sa performance tous les trois jours, mais elle n’est pas si éloignée de ses standards. Neymar à Paris, c’est 6 matchs, 5 buts, 5 passes décisives et 4 avant-dernières passes. L’ancien barcelonais est partout. Il impulse les actions, met du rythme, fait le show et se montre diablement efficace.
Bien que le bilan comptable de Mbappé soit plus timide (2 buts en 4 matchs), l’international français est déjà une pierre angulaire de l’équipe d’Unai Emery. Ses prises de balle, ses accélérations, son activité offensive et ses passes dans les intervalles font écho aux qualités de Neymar. De plus, le natif de Bondy permet l’ouverture à différents systèmes testés contre Metz et le Celtic : 4-4-2 ? 4-2-3-1 ? Les deux nouvelles stars parisiennes n’ont souffert d’aucune période d’acclimatation. Mieux, Mbappé est même apparu comme le meilleur parisien sur l’ensemble des deux derniers matchs (face à Lyon et Montpellier) plus compliqués que les précédents. Face à une équipe particulièrement bien regroupée défensivement, Mbappé pourrait être le détenteur de la clé pour forcer le verrou adverse, surtout lorsque Neymar est muselé par Kenny Tete ou est absent sur blessure (vs Montpellier). Paris pas dépendant de Mbappé, mais pas loin.
La période d’adaptation, Dani Alves ne connaît pas non plus. Recruté libre après une année à la Juventus, l’international brésilien s’est naturellement imposé au poste de latéral droit et a été à la hauteur de sa réputation. Certes, il y a beaucoup de ballons perdus et quelques largesses défensives, mais cela est aussi dû à son immense apport offensif. En 4-3-3, Mbappé peut quasiment rejoindre Cavani dans l’axe et laisser tout le couloir à Dani Alves. On ne se douterait pas que l’ancien catalan a déjà 34 ans.
Enfin, Yuri Berchiche s’est vu offrir deux titularisations sur les pelouses de Metz et Montpellier. Ni très bon ni catastrophique, on ne voit pas de grande différence entre lui et Layvin Kurzawa. La peur des supporters est de voir ce couloir gauche devenir le point faible de l’équipe, et la prestation de Kurzawa contre Lyon a confirmé ces craintes.
Équilibre et joueurs qui s’imposent…
5 victoires lors des 5 premières journées de Ligue 1 : du jamais vu dans l’histoire du Paris Saint-Germain. Ajoutez à cela le Trophée des Champions, une victoire contre Lyon, un match nul contre Montpellier et des débuts tonitruants en Ligue des Champions face au Celtic et vous avez un début de saison canon avec 28 buts marqués pour 4 encaissés. Le Paris Saint-Germain est brillant. Tous les secteurs de jeu donnent satisfaction et plusieurs joueurs se démarquent.
Neymar et Mbappé ne sont pas les seuls à s’éclater devant : en 8 matchs, Edinson Cavani a inscrit 9 buts (dont 3 sur penaltys lol) et délivré 2 passes décisives. Seul en pointe ou avec Kylian Mbappé près de lui, l’Uruguayen s’éclate en restant dans son style caractéristique. Un avant-centre qui ne participe quasiment pas au jeu, qui déclenche des appels sans arrêt et pèse sur les défenses. Certes, il a parfois des difficultés à suivre les deux joyeux lurons qui animent l’attaque, et certaines de ses occasions loupées peuvent provoquer de longs soupirs. Mais il ne se contente pas de pousser le ballon au fond des filets après que Neymar a dribblé quatre joueurs. Avec une moyenne d’un but toutes les 77 minutes, personne ne se plaindra du Matador.
Il y en a un autre qui crève l’écran en ce début de saison, c’est Adrien Rabiot. Dans son rôle de relayeur gauche, que ce soit en 4-3-3 ou en 4-2-3-1, le milieu (22 ans) fait désormais partie des tauliers de l’entre-jeu. Présent dans l’engagement, son gros volume de jeu permet de le retrouver à la récupération, à l’annihilation des contres adverses mais aussi près des attaquants (surtout Neymar) pour combiner et offrir des solutions. Le point d’exclamation s’est produit en Ligue des Champions face au Celtic. La froideur du climat écossais n’aura pas arrêté le Duc qui a rayonné dans le jeu et offert un caviar à Neymar pour l’ouverture du score (victoire 5-0). Son excellente amorce de cette saison 2017/2018 reflète l’équilibre du Paris Saint-Germain. Les transitions défensives et (surtout) offensives sont bien gérées, les compensations ont lieu.
Paris s’offre désormais une flexibilité tactique avec la possibilité de jouer à deux attaquants axiaux (Cavani et Mbappé), au coup d’envoi ou en cours de match. Unai Emery semble caresser l’idée de commencer la majeure partie des matchs en 4-3-3 pour avoir la maîtrise du ballon et chercher la faille, avant de passer en 4-2-3-1 vers l’heure de jeu. C’est ce qu’il a fait en Ligue des Champions contre le Celtic en remplaçant Rabiot par Draxler à la soixantième minute. Cette solution semble cohérente d’un point de vue tactique, dans le sens où elle signifierait l’envie de Paris de forcer le verrou ou d’enfoncer le clou selon le score. Elle permettrait aussi de sortir un milieu de terrain plutôt qu’une lettre de l’intouchable MCN.
Le coach Basque a encore quelques mois pour peaufiner tout cela avant les gros tests en phase finale de Champion’s League. Il peut déjà se réjouir de l’état de forme de ses charnières centrales. Qu’il s’agisse de Thiago Silva, Marquinhos ou Presnel Kimpembe, tous trois sont utilisés de manière égale (Kimpembe est même celui qui a disputé le plus de minutes). La solidité les caractérise. En attendant le retour à son meilleur niveau de Verratti, Emery peut compter sur Giovanni Lo Celso. Seulement 47 minutes passées sur la pelouse cette saison mais d’excellentes perspectives d’avenir. On en oublierait presque Javier Pastore. Ah oui, c’est vrai, il y a des blessés à Paris. Les places n’étaient pas extrêmement chères pour figurer dans le onze parisien jusqu’à présent, mais la montée des prix arrive.
… mais des zones d’ombre qui subsistent ?
Avec toujours les mêmes soucis aux mollets, Javier Pastore a élu domicile à l’infirmerie du Camp des Loges. Son retour ne devrait pas avoir lieu avant mi-octobre. En revanche, Angel Di Maria, qui n’a plus joué depuis le 25 août face à Saint-Etienne, pourrait être dans le groupe pour l’accueil du Bayern Munich. Déjà qu’il était difficile pour Lucas d’avoir du temps de jeu en leur absence (même le forfait de Neymar à Montpellier ne lui a pas permis de jouer plus de trente minutes), qu’en sera-t-il lorsque l’effectif sera au complet ? Voilà une grande mission pour Unai Emery : gérer l’ensemble des joueurs du PSG afin que chacun y trouve son compte. Si Paris évolue en 4-3-3, on pourrait retrouver Draxler et Di Maria sur le banc. Avec Pastore et Lucas ? Même pas sûr. Et Lo Celso, il n’a pas le droit à une ou deux titularisations de temps en temps ? Il s’agit peut-être là de la principale zone d’ombre qui pourrait obscurcir le ciel parisien au cours de la saison. Le vestiaire peut-il résister à une telle concurrence ? Allez, vous reprendrez bien un petit verre d’ego avant de partir.
On ne sait pas encore qui va tirer les penaltys au PSG dorénavant, et peut-être même qu’il n’y aura pas qu’un seul tireur attitré. L’un pourrait les tirer en L1, l’autre en C1 ? Cavani et Neymar tirent chacun leur tour et tant pis si tu tombes sur Strasbourg et moi sur le Real Madrid ? Ce qui est sûr, c’est que les Parisiens ne sont pas tous prêts à laisser entièrement leur ego au vestiaire pour le bien-être de l’équipe. Un nouveau travail pour Emery qui devra prendre un peu de cette énorme confiance en soi qu’ont ses attaquants et la transformer en confiance en leurs coéquipiers. On ne doute pas que Cavani et Neymar réussissent à s’entendre pour aller décrocher une Ligue des Champions, mais cela reste néanmoins un problème à régler rapidement pour qu’il ne refasse surface.
Au final, et malgré une dernière semaine mouvementée, le Paris Saint-Germain réalise une excellente saison jusqu’à présent. Les réserves restent modestes. Bien sûr, le chemin à parcourir est encore long. Monaco n’a qu’un petit point de retard et la vraie Ligue des Champions n’a pas encore débuté. Que ce soit à l’aller ou au retour, face au Bayern Munich, Paris cherchera à se créer des matchs références et arriver dans les meilleures conditions en février. Le PSG a rendu une copie quasi sans faute pour ces deux premiers mois, mais ça ne sert à rien d’être bon maintenant si vous vous ratez aux examens de fin d’année.
Photo credits : Mustafa Yalcin / Anadolu Agency