Affaire Evra et supporters : L’OM mérite mieux que ça !

Il faut croire que c’était inéluctable. Les croquemorts de la misère, les marchands de crises, les prophètes de l’Armageddon olympien, tous ces profite-misère n’avaient plus rien à se mettre sous la dent depuis de longs mois. Plus de billard pendant une débâcle complète, plus d’ex-directeur sportif en CDI à Marrakech, plus de fils d’un parrain de la pègre locale qui rentre en Ligue 1. Calme ? Trop calme. Invoquons donc le fameux Tonton Patrice Evra.

Toutes ces pauvres âmes se voient là garnies d’un festin inespéré. L’affaire Patrice Evra. Le bon client des médias se voit condamné à la potence populaire. Bouh ! Le vilain type a été méchant avec un supporter, bouh ! Tu es nul Patrice ! Non seulement tu fais des vidéos sur Instagram le lundi matin, ton jour de repos, mais en plus tu as osé demander des explications à des types qui ont boulingué 18 heures de bus pour chanter des injures à ton encontre pendant plus de 45 minutes à l’échauffement, quelle indignité !

Les supporters olympiens, dans un élan de fierté magnifique de celui qui sait que son présent n’est guère encourageant avaient, à l’époque où une telle action était un véritable acte de résistance et de courage, affiché partout sur les banderoles « L’OM c’est nous! ». L’OM, est-ce un club qui ne prend pas conscience de la médiocrité croissante de son supporterisme ?

De ceux qui, jadis, suscitaient le respect voire l’admiration de tous pour leur combativité légendaire, leur vraie maîtrise du football, de ceux qui effrayaient les adversaires et enflammaient les leurs, qu’est-il advenu ? Est-ce que ce Nous désigne ceux qui boycottent systématiquement les matchs d’Europa League, où l’affluence ne dépasse plus les 20 000 personnes ? Où l’ambiance est de plus en plus souvent en berne, à mesure que se multiplient les Aux Armes destinés à masquer ce vide ? Que personne n’invoque l’absence récente de résultats, l’OM de 2004 atteignait des sommets en matière de médiocrité et faisait systématiquement le plein.

La vérité, c’est qu’il y a une cassure entre supporters olympiens. La passion phocéenne est atteinte d’un cancer dont elle va devoir se séparer et qui a engendré de nombreuses métastases.

La première est celle du groupe de supporters roi, à l’exception notable des Fanatics et dont les plus misérables sont les South Winners qui ont notamment pris en otage l’ensemble des fans en boycottant un quart de finale de Ligue des Champions, censuré les rebellions contre José Anigo et ses méthodes et d’autres questions extrêmement douteuses qui m’entraîneraient, moi votre fidèle serviteur, devant les tribunaux (on pense notamment à la question des billets en parcage olympien pour la finale de la Coupe de France 2016).

La seconde métastase est plus vicieuse, moins palpable, c’est celle du supporter arrogant et footix. De celui qui croit tout maîtriser, qui croit que son portable et l’abonnement à Bein Connect qui va avec lui permettent de posséder des compétences suffisantes pour s’exprimer à tort et à travers sur tout ce qui concerne l’OM. Ce supporter est un ami du croquemort de la misère olympienne. Il se nourrit des crises, en déclenche lui-même lorsque les choses vont bien mais qu’il est en manque de sensations fortes. On en a récemment vu la matérialisation avec la mise au pilori d’Hiroki Sakai dès son arrivé, de Rolando, d’André Franck Zambo Anguissa, tous accusés d’être indignes du niveau Ligue 1 car pas assez beau (pour Rolando), de la même nationalité qu’un joueur qui a échoué à l’OM plus de 10 ans plus tôt (pour Sakai) ou encore un peu pataud et boudin à 21 ans (pour Zambo).

La 3eme métastase est la plus difficile à vaincre. C’est celle de la culture de l’injustice prônée par certains supporters. Elle ne date pas d’hier et ne connaît pas de catégorie d’âge ou de groupe de supporters. Le cas de Patrice Evra en est typique. Le joueur connaît des difficultés évidentes dues à son âge (un latéral ne peut pas se permettre d’être moins bien physiquement) mais son implication n’est jamais à remettre en cause. Il est le premier arrivé à l’entraînement, le dernier reparti, est unanimement salué par ses coéquipiers pour son dévouement et sa solidarité vis-à-vis de ses coéquipiers, notamment à l’égard d’un Jordan Amavi qui, pourtant, lui a pris sa place à l’OM et en Equipe de France. Pourtant, Patrice Evra est extrêmement contesté, bien plus encore que ne l’était un Lassana Diarra qui multipliait, pourtant, les provocations à l’égard de l’institution olympienne dans son ensemble alors qu’Evra n’est coupable de rien d’autre que de ne plus être bon.

Il convient néanmoins, avant de prononcer la moindre conclusion sur le cas Evra, de nuancer ce cri de colère à l’égard de la dégénérescence du supporterisme marseillais en le contextualisant.

Autant le dire, ce n’est clairement pas le paysage médiatique français qui va inciter à la mesure, à la réflexion et à la patience lorsqu’un individu aussi partial, méprisant et médisant qu’un Pierre Menes se permet systématiquement de répandre son venin sur un Rolando qui a toujours fait proprement son travail à l’OM ou à qualifier Mitroglou de banane du siècle, sans doute parce que l’OM n’a pas daigné accorder un contrat en or massif à son pote Bafétimbi Gomis. Copinage, dédain, manque cruel d’objectivité et de maîtrise de son sujet sont des caractéristiques chroniques du sinistre «  » »journaliste » » » de Canal Plus.

Son comparse Dugarry n’incarne pas pour autant la voie de la raison, produisant des engagements extrêmes à foison et les orientant en fonction du vent, de la pluie ou de la présence de mousse sur la cime des arbres (quelle autre explication à son manque absolu de constance dans ses prises de position? À moins de considérer, là aussi, l’incompétence comme une potentielle clef à telle problématique).

Quelle honte. L’Olympique de Marseille, la plus grande institution de football en France, ses supporters parmi les plus fidèles et passionnés de France avec, peut-être, lensois et strasbourgeois, tout ceci ne mérite pas une telle médiocrité ambiante. Soyons clairs : Patrice Evra a évidemment dépassé les bornes en réagissant à la provocation. Il est du ressort d’un professionnel de maîtriser ses réactions et il ne s’agit pas de qualifier le défenseur de totalement innocent dans cette histoire. Néanmoins, il ne faut pas que l’OM se trompe de combat. Que des pseudo supporters endurent un trajet en car de plus de 18 heures (aller) pour venir insulter, pendant plus de 40 minutes, l’un des leurs, est un terrible révélateur de la déliquescence du supporterisme marseillais. Le mal est bien plus profond et rien, rien, ne saurait justifier un tel comportement de la part de ceux qui revendiquent être à eux et à eux seuls l’OM. Le rayonnement du plus grand club français risquerait, si rien n’est fait, de laisser place à l’obscurité.

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Pour l'amour et la soif de revanche de l'Algérie.