Après une adaptation très compliquée à Tottenham, proche d’un départ, en froid glacial avec José Mourinho, Tanguy Ndombele semble enfin avoir trouvé ses marques dans le nord de Londres. Retour sur sa belle première partie de saison.
«Je suis sûr qu’il pourrait impressionner les gens sur YouTube, mais lorsque vous le regardez, il n’y a pas assez pour justifier son prix.» En mars dernier, Jamie Carragher, alors consultant pour la chaîne de télévision britannique Sky Sports, ne mâchait pas ses mots au moment de décrypter la prestation insignifiante de Tanguy Ndombele lors du match nul concédé par Tottenham à Burnley (1-1) en Premier League.
Quelques minutes plus tôt, son entraîneur José Mourinho n’avait déjà pas hésité à le condamner : au retour des vestiaires, le Français file directement s’asseoir sur le banc des remplaçants. «Quelqu’un doit réaliser qu’on est en Premier League. J’espère qu’il va utiliser chaque minute sur le terrain en ayant conscience de ce qu’est la Premier League, pour s’améliorer», évacuait le coach des Spurs à l’issue de la partie, avouant toutefois que «c’est un joueur de grand talent» mais «qu’il doit savoir que je ne peux pas continuer à lui donner du temps de jeu parce que l’équipe passe avant tout».
Le plein de confiance
Quelques mois plus tard, après avoir été annoncé sur le départ de Londres, le milieu de terrain semble enfin épanoui sur les bords de la Tamise. «Je suis très content de sa première partie de saison, explique Chahin, supporter assidu et fondateur de la communauté @SpursFr_ sur Twitter. Pour ne pas te mentir, je n’étais pas très confiant après la fin de saison dernière. Mais je n’ai jamais voulu le voir partir, contrairement à quelques autres supporters».
Certains auraient peut-être désormais peur de le voir loin du club. À ce jour, il compte déjà autant de titularisations (12) que lors de l’ensemble de la saison dernière, signe d’une confiance retrouvée. Mais que s’est-il passé en quelques mois à peine ? «Il a fait preuve de caractère», tente d’expliquer Chahin, qui ne manque pas de pointer du doigt l’un des facteurs de l’adaptation compliquée de Ndombele à Tottenham, à savoir sa condition physique.
Alors que la charge de travail demandée en Premier League est particulièrement intense, le principal intéressé n’a pas eu de difficulté à le reconnaître au micro du Canal Football Club, en novembre dernier : «Ça a été ça le plus dur pour moi. Ma première blessure vient de ça, je n’ai pas pu supporter la grosse charge de travail, j’en suis sûr. Cette saison j’y arrive un peu mieux, même si ça reste encore difficile».
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Un 10-scutable ?
Désormais, Chahin ne se dit «pas surpris, mais rassuré» des belles performances de Ndombele, recruté contre 60 millions d’euros à l’été 2019, en provenance de l’Olympique Lyonnais. «Ça reste le transfert le plus coûteux de notre histoire. Le voir floper aurait été décevant», rappelle Chahin. En quelques mois, le natif de Longjumeau, en banlieue parisienne, a évolué. Dans la tête, mais aussi sur le terrain, en position de meneur de jeu.
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Cantonné au poste de sentinelle et/ou de relayeur depuis le début de sa carrière professionnelle, le joueur de 24 ans a disputé plus de la moitié de ses matches en position de numéro 10 cette saison, avec une position moyenne donc plus haute sur le carré vert. «À son nouveau poste, les attentes défensives sont différentes qu’en 6 et en 8. C’est ce qui le mettait en difficulté la saison dernière : lorsqu’il évoluait plus bas sur le terrain, il était tout le temps pris de vitesse, il se faisait dribbler et n’arrivait pas à revenir», analyse Chahin. Avant de se réjouir : «Il a apporté ce qu’il nous manquait : un milieu de terrain qui fait des différences par le dribble, par la puissance et par la passe. 10, c’est le poste parfait pour Ndombele en Premier League».
Acteur de premier plan de la belle première partie de saison de Tottenham, cinquième du championnat anglais après avoir goûté à la place de leader, le Français peut encore progresser dans certains domaines.
Améliorer son bilan statistique
Si les chiffres sont toujours à mettre en perspective à l’heure d’analyser les performances d’un joueur, Ndombele n’a marqué que trois buts et délivré que trois passes décisives depuis le début de la saison, toutes compétitions confondues. «Bien sûr, on aimerait avoir un numéro 10 qui met des buts, des passes décisives plus fréquemment, comme avec Dele Alli et Eriksen précédemment», reconnaît Chahin, qui confirme que c’est bien l’une des marges de progression du Français. Le voir épaissir son bilan comptable pourrait alors soulager l’infatigable duo Harry Kane-Heung Min Son, qui monopolise la statistique à Tottenham cette saison.
Tenir sur 90 minutes
Si Tanguy Ndombele retrouve donc de très belles couleurs cette saison sous la tunique des Spurs, le milieu de terrain n’a encore jamais disputé une rencontre de championnat en intégralité depuis le début de l’exercice 2020/2021. Presque tout le temps titulaire, à de rares exceptions, le Français quitte la pelouse entre la 60e et la 70e minute en moyenne. «Je crois que pour jouer à cette intensité, l’intensité de la Premier League, et tenir 90 minutes, il a encore besoin de franchir un autre palier au niveau physique», expliquait Mourinho à ce sujet fin décembre. «Il doit être capable de terminer le match de la manière dont il l’a entamé», complète Chahin.
«Si Mourinho l’avait mis sur un piédestal la saison dernière, malgré son niveau moyen, je pense qu’il n’en serait pas là aujourd’hui» Chahin.
Un caractère retrouvé associé à un repositionnement qui lui offre plus de liberté : Ndombele peut avancer avec confiance. Et surtout, sa relation tumultueuse avec José Mourinho, faite de tensions et tacles mourinhesques dans les médias, semble s’être apaisée. «Si Mourinho l’avait mis sur un piédestal la saison dernière, malgré son niveau moyen, je pense qu’il n’en serait pas là aujourd’hui», analyse Chahin avec du recul.
Le plus grand gagnant du report de l’Euro ?
Bref, le cadre est idéal et Tanguy Ndombele doit désormais confirmer les belles choses entrevues lors de la première partie de saison. Plus sélectionné en équipe de France depuis juin 2019, alors qu’il n’avait même pas encore rejoint Tottenham, l’international tricolore aux 6 sélections apparaît désormais comme un candidat légitime au championnat d’Europe qui aura lieu du 11 juin au 11 juillet 2021. Et si c’était lui, le plus grand gagnant du report de la compétition ? Nous, on a envie d’y croire. Reste à convaincre Didier…