Ce vendredi débute, avec un an de retard, l’Euro 2020. Une compétition qui réserve toujours son lot d’anecdotes et d’histoires sensationnelles. Pour cette 16e édition, celle de la Macédoine du Nord est très certainement l’une des plus charmantes. Une sélection qui va connaître la première compétition majeure de son histoire. Et comme il faut rendre à César ce qui appartient à César, il est indispensable de parler de cette légende vivante du football macédonien et européen : Goran Pandev.
Mercredi 12 novembre 2020 au stade Boris-Paichadze de Tbilissi en Géorgie, il est aux alentours de 20 heures. Après plus de cinq minutes de temps additionnel, l’arbitre de Géorgie-Macédoine du Nord, Anthony Taylor, siffle la fin du match. Dans un stade qui sonne creux en raison de la crise sanitaire, les Macédoniens exultent de joie. Ils s’imposent 1-0 et réalisent un exploit retentissant en se qualifiant pour le premier Euro de leur histoire.
Dans un match très serré, c’est bien le légendaire Goran Pandev qui a inscrit le seul but de la rencontre. La joie est immense et le buteur a du mal à trouver ses mots après le match : «Je suis ému et très heureux. Nous avons joué et remporté un match important, pour nous et pour notre peuple. Mon but ? Je voulais simplement aider mes coéquipiers qui sont extraordinaires et méritent cette joie.»
Plus le combat est dur, plus la victoire est belle. Il faut dire que les Macédoniens ont dû se battre jusqu’au bout pour obtenir cette qualification. Lors des éliminatoires, la bande à Igor Angelovski termine 3e de son groupe derrière l’Autriche et la Pologne. Techniquement, la Macédoine du Nord est alors éliminée. Mais c’était sans compter sur la nouvelle compétition mise en place par l’UEFA, la Ligue des nations. Dans cette néo-compétition, les Macédoniens ont fait bonne figure en terminant en tête de leur groupe du chapeau 4.
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Avec cette première place, les Lions Rouges se sont accordés le droit de rêver, ils disputeront des barrages. Avec un principe de demi-finale et finale, il reste alors 4 équipes et seul le vainqueur final obtiendra son ticket pour le Championnat d’Europe. La Macédoine du Nord remporte la demi-finale contre le Kosovo (2-1), puis cette finale contre la Géorgie (1-0).
La Fierté des Nôtres
Âgé de 37 ans, Goran Pandev a été l’un des grands artisans de cet exploit. Le natif de Stroumitsta a tout connu avec cette sélection qu’il a découvert en… 2001. Avec ses 116 sélections et ses 36 buts, Pandev est tout simplement le joueur le plus capé et le meilleur buteur de l’histoire des Lions Rouges. La Macédoine du Nord a souvent été considérée comme l’une des pires sélections européennes. Indépendant depuis 1991, le pays de deux millions d’habitants a mis du temps à se développer et particulièrement dans le domaine sportif.
Alors que Pandev a toujours honoré les couleurs de son pays, en 2013, il annonce avec surprise sa retraite internationale : «Ma décision de partir est très critiquée et honnêtement, je m’y attendais (…) j’ai simplement compris que j’en avais marre de certaines choses.» L’attaquant macédonien ne donne alors pas plus de précisions, mais ses relations avec la Fédération n’ont jamais été toutes lisses. Trois ans plus tard, alors qu’il évolue au Genoa, la légende nationale revient sur sa décision et décide de revêtir la tunique rouge et jaune.
Goran Pandev est un élan de réussite pour un pays qui cherche encore sa place dans le paysage culturel et économique européen (pays non-membre de l’UE). Un exemple sur les terrains, mais aussi et surtout en dehors. En 2010, l’attaquant macédonien décide de créer son propre club : l’Akademjia Pandev. L’objectif est de développer le football et surtout la formation dans sa ville natale de Stroumitsa. Fort de l’excellent travail, le club évolue actuellement en première division macédonienne.
Le plus italien des Macédoniens
Idolâtré chez les siens, respecté par les Italiens. Il faut dire que Pandev a dévoué la presque totalité de sa carrière au football de la Botte. Arrivé à seulement 18 ans, en 2001, il rejoint alors les catégories de jeune de l’Inter Milan. Le jeune Macédonien s’impose très vite avec la Primavera intériste et remporte le championnat U19. Mais le cap est difficile à franchir pour s’imposer avec le groupe professionnel. Pandev enchaîne alors deux prêts avec Spezia (Serie C) et Ancona où il va connaître son baptême dans l’élite italienne.
À l’été 2004, un échange se fait entre la Lazio Rome et l’Inter Milan : Goran Pandev s’engage avec l’écurie romaine, Dejan Stankovic prend le chemin inverse. Dans la capitale, l’attaquant macédonien va très vite impressionner par son aisance technique et sa vision de jeu. Son but contre la Juventus lors de la saison 2004-2005 en est l’exemple parfait. Avec la Lazio, Pandev ne cesse de progresser et enchaîne les solides prestations. En cinq saisons, le numéro 19 disputera 192 matches et inscrira 64 buts. Malheureusement, la fin de l’aventure romaine se conclut sur une mauvaise note. En conflit avec le président Lolito, il ne disputera aucun match lors de la première partie de saison 2009-2010.
En janvier 2010, Goran Pandev fait son retour à l’Inter Milan. C’est alors José Mourinho qui l’appelle en personne comme il l’explique lors d’un entretien avec Cronache di Spogliatoio : «Une demi-heure après avoir résilié mon contrat avec la Lazio, Mourinho m’a appelé et m’a demandé de venir à Milan. Je lui ai demandé : “Coach, comment je pourrais avoir du temps de jeu ? vous avez Eto’o et Milito, puis je n’ai pas joué depuis six mois.” (…) Mourinho m’a fait comprendre que si j’étais bon, je jouerais sans aucun problème. C’est une personne sincère, il vous fait sentir important même si vous ne jouez pas beaucoup.»
Sous la tunique bleue et noire, Pandev retrouve ses sensations et va rentrer dans l’histoire. L’Inter Milan réalise le fameux Triplete en remportant le Scudetto, la Ligue des champions et la Coppa Italia. Sous les ordres de Mourinho, l’attaquant macédonien devient beaucoup plus réaliste et va très vite gagner la confiance du tacticien portugais. Cerise sur le gâteau, Pandev sera titulaire lors de la finale de C1 contre le Bayern Munich (2-0).
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Alors âgé de 26 printemps, Goran Pandev quitte la Lombardie et s’engage à l’été 2012 avec le Napoli. Les débuts sont prometteurs pour l’ancien Romain qui se permet de prendre la place d’un certain Lavezzi. La deuxième saison est plus difficile, Pandev est remplaçant, mais réalise toujours quelques fulgurances sur ses entrées en jeu. Après une parenthèse en Turquie d’une saison (2014-2015) avec Galatasaray, Goran Pandev décide de revenir dans sa deuxième maison. Après la Lazio, l’Inter et Naples, le génie macédonien rejoint le Genoa où il évolue depuis désormais six ans.
En Italie, Goran Pandev est très apprécié pour son humilité mais surtout pour ses nombreuses qualités qui en font un joueur élégant. Loin d’être un monstre physique, le doyen macédonien illumine les pelouses de Serie A par son aisance technique et une vision de jeu toujours aussi précise.
The Last Dance
Cette saison avec le Genoa, il a disputé 30 matches dont la moitié en tant que titulaire. Certes moins percutant mais toujours aussi propre balle aux pieds, Pandev a inscrit 7 buts et délivré 3 passes décisives. Son doublé lors de la 21e journée contre le Napoli (2-1) prouve qu’il en a encore dans les jambes.
Sous contrat avec le Genoa jusqu’au 30 juin prochain, Goran Pandev ne sait pas encore si son aventure avec le club de Ligurie va continuer. Le numéro 19 n’exclut pas de raccrocher les crampons. En janvier dernier, il exprimait sa volonté de «se maintenir avec le Genoa et disputer l’Euro avec la Macédoine du Nord. J’ai tout donné, et je pense prendre ma retraite». Une déclaration forte mais six mois plus tard, l’attaquant génois n’a pas donné plus de précisions. Il faudra attendre la fin de l’Euro pour que Goran Pandev prenne sa décision.
Justement, ce championnat d’Europe pourrait être un magnifique clap de fin pour Pandev. Dans le groupe C avec les Pays-Bas, l’Ukraine et l’Autriche, la qualification s’annonce très difficile pour la Macédoine du Nord. Néanmoins, les Macédoniens joueront cette compétition sans complexes et se montrent souvent à l’aise dans cette position. Les Allemands peuvent en témoigner, ils se sont inclinés 2-1 contre la Macédoine du Nord en mars dernier avec bien entendu un but de Pandev.
La bande à Goran arrive dans les meilleures dispositions pour cet Euro. À l’image de l’Islande il y a cinq ans, cette compétition réserve toujours son lot de surprise. Et lorsqu’une équipe a Goran Pandev dans ses rangs, rien n’est impossible.
