Ce soir, l’Italie affrontera l’Espagne en 1/2 finale de l’Euro 2020. Une compétition dans laquelle les Italiens font forte impression, avec un collectif soudé et ambitieux. Une réussite sur laquelle un certain Gianluca Vialli a eu une influence. Après avoir traversé une période très difficile, l’ancien attaquant de la Sampdoria est l’un de ces fameux hommes de l’ombre de la Squadra Azzurra.
Vero Guerriero
Novembre 2018, l’hiver commence à s’installer en Italie et une terrible nouvelle va venir encore plus assombrir la Botte. Lors d’un entretien accordé au Corriere della Sera, Gianluca Vialli annonce publiquement être atteint d’un cancer du pancréas. Une maladie qu’il combat depuis plusieurs mois : «J’aurais voulu me passer de cette maladie, mais ce n’est pas possible. J’ai donc simplement considéré que c’était une phase de ma vie qui devait être vécue avec courage (…) je savais que c’était très difficile de le dire, surtout à ma famille.» Les Italiens sont sous le choc, Vialli est «seulement» âgé de 54 ans.
Aux côtés de sa femme et de ses filles, Vialli ne s’avoue pas vaincu et en profitera même pour écrire un livre intitulé Goals. Un ouvrage dans lequel il raconte 99 histoires du sport qui l’ont inspiré et qui peuvent aider pour affronter les défis les plus difficiles de la vie. Une période longue, pénible, mais où l’ancien international italien ne faiblit pas et avance «sans se plaindre», comme il aime si bien le dire. Puis, ce match contre la maladie, Vialli va finir par le remporter.
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En avril 2020, alors que le monde et particulièrement l’Italie sont touchés par la Covid-19, Gianluca Vialli va redonner un peu le sourire aux Italiens. Dans un entretien à La Repubblica, l’ancien Capocannoniere annonce sa guérison : «En décembre (2019), j’ai terminé un cycle de 17 mois de chimiothérapie. C’était difficile, même pour une personne forte pour moi, que ce soit physiquement et mentalement. Les derniers examens n’ont montré aucun signe de rechute. Je suis heureux même si je préfère le dire à voix basse». Il conclut par une note positive : «Me regarder dans le miroir et voir mes cheveux qui ont repoussé, c’est magnifique (…) Maintenant, je veux que la phrase «ce qui compte, c’est la santé» devienne véritablement centrale.»
Une carrière riche et une déception
Formé à Cremonese, Vialli est rapidement considéré comme l’un des futurs talents du football italien. En 1984, alors qu’il n’a que 20 ans, l’attaquant italien va rejoindre la Sampdoria. C’est dans le Ligure que Lucagoal va écrire sa légende aux cotés d’un certain Roberto Mancini. Avec les Doriani, il remportera le Scudetto en 1991 et sera finaliste de la Ligue des Champions l’année suivante contre le FC Barcelone. Fort de sa renommée, Vialli va ensuite rejoindre en 1992 la grande Juventus Turin.
Avec les Zidane, Deschamps, Conte, Ferrara ou encore Del Piero, le natif de Cremona va encore plus rentrer dans la légende. Un soir de mai 1996 à Rome, les Turinois soulèvent la Coupe aux grandes oreilles en s’imposant 4-2 (tirs au but) contre l’Ajax Amsterdam. Après avoir été prophète dans son pays, Gianluca Vialli va conquérir l’Angleterre. Avec Chelsea, il terminera sa carrière de joueur sur une belle note (FA Cup remportée en 1998) et commencera celle d’entraîneur.
L’éternel regret de Vialli reste la Squadra Azzura. En 63 sélections (pour 16 buts), il ne sera pas parvenu à remporter un seul trophée. Huitième de finaliste du Mondial 1986, demi-finaliste de l’Euro 1988 et surtout de nouveau demi-finaliste lors de la Coupe du monde 1990 en Italie, Gianluca Vialli échouera avec la tunique azzurra. Trente ans plus tard, l’opportunité de remporter un titre avec la Nazionale se présente, dans un rôle complètement différent.
Pilier de cette Nazionale
Au mois d’octobre 2019, alors qu’il combat toujours contre ce foutu cancer, Gianluca Vialli est nommé comme chef de la délégation de l’Italie. Un choix initié par son ami de toujours et actuel sélectionneur, Roberto Mancini. Vialli est le bras droit du staff et veille à ce que l’équipe reste soudée. Il motive les troupes au niveau collectif, mais aussi et surtout au niveau individuel. Exemple avec Marco Verratti lorsque celui-ci devait retrouver sa condition physique avant d’être intronisé dans le onze titulaire. Et c’est Gianluca Vialli qui l’a soutenu dans cette épreuve, en faisant les exercices physiques avec lui.
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De plus, Vialli jouit surtout d’une expérience très utile dans ce genre de compétition. Et c’est finalement le cas de la quasi-totalité du staff de la Squadra Azzurra. Ce dernier est composé d’anciennes gloires italiennes telles que Alberico Evani (adjoint), Giulio Nuciari (entraîneur des gardiens), Fausto Salsano (entraîneur technique), Daniele De Rossi (entraîneur technique), Roberto Mancini (sélectionneur) et donc Gianluca Vialli. Un staff cinq étoiles essentiel notamment pour les jeunes joueurs qui ont besoin d’être entourés et surtout épaulés dans ce championnat d’Europe. Gianluca Vialli connaît le haut niveau ainsi que les exigences requises. Avec ses trois échecs en tant que joueur avec la Nazionale, il permet aussi à ses joueurs d’éviter certaines choses comme de négliger la récupération.
Depuis le début de la compétition, cette Italie dégage une impressionnante force collective et une certaine sérénité. Vialli & Co permettent à ce groupe de rester soudé et de tout donner pour le maillot Azzurro. Les jeunes joueurs sont très reconnaissants envers ces anciennes gloires, à l’image de Federico Chiesa : «Ils nous donnent des conseils aussi bien aux défenseurs qu’aux attaquants. Des conseils notamment sur la manière de jouer et l’aspect tactique lors des entraînements. Vialli et les autres membres du staff ont été des champions, ils sont importants pour nos performances ces dernières années.»
Mancini-Vialli, la «bromance»
Les accolades entre Mancini et Vialli après les victoires contre l’Autriche ou encore la Belgique font parti des images les plus émouvantes de cet Euro. Celles-ci témoignent d’une véritable complicité entre les deux hommes, née trente ans auparavant sur les bords de la Méditerranée.
À la Sampdoria dans les années 80-90, ce duo va terroriser les défenses de Serie A. Sous les ordres de Boskov, les deux Italiens du même âge (tous les deux nés en 1964) vont amener le club génois au sommet du football italien. Un couple dévastateur : Roberto Mancini dans le rôle du maestro et Gianluca Vialli dans celui du finisseur. L’apothéose de cette aventure reste le Scudetto remporté en 1991, une saison où Vialli terminera meilleur buteur du championnat.
Trente ans après, les deux amis ont décidé d’écrire un livre La Bella Stagione (= la belle saison), pour se remémorer cette formidable équipe de la Sampdoria au travers d’anecdotes et de souvenirs. Vialli en a profité pour rendre hommage à Paolo Mantavoni (président de la Sampdoria de 1982 à 1993): «Si un jour, j’ai la chance de diriger un club, j’espère avoir la force pour le diriger de la même manière que Mantavoni, en prenant compte de l’aspect économique et émotionnel».
Les années passent et les amitiés restent. Mancini et Vialli sont toujours très proches et de nouveau réunis avec la Squadra Azzurra. Une bromance à l’Italienne qui espère mettre la mozzarella sur les tomates, en remportant cet Euro 2020.
Crédit photo : Icon Sport