En ce mardi soir, jour de la Saint-Valentin, le Borussia Dortmund affrontait Benfica pour le compte des 1/8e de finale aller de la Ligue des Champions. Battus avant cette rencontre par Darmstadt (1-2), les hommes de Tuchel étaient attendus pour l’un des matchs les plus importants de la saison. Résultat des courses : défaite 1-0. Beaucoup de regrets car le collectif a été encourageant durant le match, se créant le plus de situations et dominant son adversaire dans plusieurs compartiments du jeu. Mais depuis quelques semaines, des questions se posent sur certaines individualités, dont celle de Pierre Emerick Aubameyang.
Auteur d’un match chaotique (je pèse mes mots), le Ballon d’or africain est une énigme depuis plusieurs semaines, alliant prestations décevantes et communication maladroite. Malgré une saison plus que correcte statistiquement (21 buts en 24 matchs toutes compétitions confondues), « Spiderman » pose question sur et en dehors du terrain.
Et s’il était un handicap pour son équipe ?
Un grand joueur peut mettre sa ribambelle de buts en championnat, tout cela peut s’effacer s’il rate un gros match important pour son équipe.
Ce soir, les Borussens avaient besoin de tous leurs cadres ; malheureusement, le sprinteur fou n’a pas répondu présent.
Durant une première période où les hommes de Tuchel ont mis le pied sur le ballon, Dortmund va avoir l’opportunité de se créer des occasions avec Dembélé et Guerreiro en soutien de Reus et de l’attaquant gabonais.
Ce dernier n’apporte pas et ne contribue pas à ce jeu en mouvement prôné par le tacticien allemand. Il se contente d’être en mouvement vers la profondeur pour être une solution de vitesse, ce qui représente sa seule référence en termes de qualité. C’est une limite à laquelle ses partenaires font face depuis très longtemps dans la construction du jeu. Ils ne peuvent pas avoir ce point d’appui qui s’avère souvent être le premier déclencheur d’appel dans le dos de la défense par exemple.
Cette situation est marquante et montre l’une des plus grosses lacunes de la superstar gabonaise. Jouant une attaque sur le côté droit de la défense portugaise, les joueurs de Dortmund essaient de trouver une solution pour progresser et casser la première ligne du bloc défensif. On remarque que le futur joueur le plus cher de l’histoire du football africain ne se met pas à la disposition de son équipe. Il n’a pas l’intelligence de jeu d’occuper un espace libre qui se situe devant lui, pour être une solution pour le porteur de balle et créer un décalage pour ses partenaires. De plus, il se place dans une zone du terrain qui est déjà occupée par Ousmane Dembélé, provoquant deux solutions en moins pour Sokratis.
Certains défenseurs du gabonais diront « Oui mais la capture d’écran ne montre pas tout, c’est juste sur un match ». Pas de problème.
Voici la même situation sur un autre match. On observe la star africaine excentrée au niveau du second défenseur central et ne créant aucune solution. À l’orientation de ses épaules, on voit son attention concernant son déplacement : il attend le décalage de ses partenaires pour se projeter dans la surface afin d’être à la réception du centre. Mode « fais-moi marquer s’il te plaît ! » activé. Il n’y a aucune initiative de déplacement de sa part qui aiderait des partenaires en difficulté. Nous vivons dans une période où le football moderne demande l’implication de tous les joueurs, même des gardiens de but, à l’image de Neuer par exemple. Forcément, la présence de l’attaquant de pointe dans la construction de jeu d’une équipe telle que Dortmund serait importante ne serait-ce que pour être une solution pour le porteur de balle.
Son absence dans le jeu a des conséquences sur le mouvement de ses partenaires. Sur cette phase de jeu, le déplacement d’Aubameyang est toujours identique : présence dans la zone du défenseur central le plus loin de la phase de possession, orientation du corps vers la profondeur, anticipation d’un centre. Contrairement aux autres images, une solution se présente pour le porteur du ballon. Alors que ce dernier est excentré, c’est Marco Reus qui dézone de son placement pour venir porter main forte à son partenaire. Ce déplacement va être intéressant par rapport à la phase de jeu mais va handicaper la construction. On remarque que cela va amener une situation de 3 contre 2 dans un petit périmètre, facilitant la sortie du ballon. Mais à l’opposé, le surnombre recherchée est perdu car l’international allemand compense les lacunes du « Spiderman » africain.
En plus de preuves imagées, les statistiques et les graphiques montrent tout autant les différentes lacunes techniques et collectives qu’il cause.
Ce schéma, représentant l’influence des joueurs dans les phases de jeu avec le ballon, montre l’absence complète du super finisseur, qui a reçu un 1/10 par la presse allemande pour sa prestation contre les lisboètes. Le fils de Margarita Crespo est totalement inutile dans l’utilisation du ballon, provoquant même une absence dans la zone où il doit être, comblée ce soir-là par les projections du jeune international français.
De plus, on voit que son activité est totalement absente, avec des décrochages même pas utilisés par les joueurs du Borussia Dortmund, en plus d’avoir un volume de jeu très restreint.
Lorsque l’on compare l’activité de ce dernier avec Edinson Cavani, qui a joué le même soir, le résultat n’est absolument pas le même. L’international uruguayen éclate son activité sur la totalité du terrain, permettant d’être souvent disponible lors des attaques de son équipe et présent lors des phases sans ballon.
Ce sont deux joueurs qui ne sont pas aussi complets que Lewandowski ou Suarez par exemple, mais on remarque que l’un travaille pour son collectif pendant que l’autre s’occupe plus d’un aspect de finition. Pour prétendre à être un grand attaquant, ce n’est plus suffisant.
Enfin, lorsque l’international gabonais, qui s’est fait éliminer en phase de poule de la CAN 2017 dans son propre pays, essaie d’être disponible pour ses coéquipiers, c’est totalement inutile.
Il est souvent hors tempo, se déplace trop vite par rapport à l’enclenchement d’une passe. Il décroche parfois juste pour toucher le ballon ou alors pour se retourner, mais montre totalement ses limites techniques en perdant rapidement le ballon.
Pour un attaquant qui ne provoque pas beaucoup et qui profite de sa rapidité, ses statistiques montrent aussi ses lacunes à garder le ballon.
Bien sûr ce n’est pas le compartiment où l’on attend le plus le fameux supporter caché du Real Madrid, mais c’est surtout devant le but.
Les statistiques sont parfois trompeuses
Le football moderne a apporté ses nouveautés qui ont fait un bien fou à ce sport : l’implication de tous les joueurs sur le terrain, les nouvelles philosophies, les nouveaux profils. Mais ce mouvement a aussi engrangé des méfaits qui se sont accentués avec les différentes stars du football.
Lorsque l’on voit un Lionel Messi ou un Cristiano Ronaldo, les statistiques sont totalement stratosphériques avec des records dans quasiment chaque compétition jouée. De ce fait, la comparaison de ces chiffres avec les différents joueurs se fait aussi assez rapidement.
Le fils d’un grand-père madrilène affiche numériquement des résultats très bons par rapport aux gratins européens. Il est actuellement 8ème meilleur buteur en Europe avec 21 buts marqués dont 17 buts en championnat, faisant de lui le meilleur en Bundesliga devant Lewandowski (15 buts). De plus, c’est l’un des plus prolifiques avec 1 but marqué sur 111 minutes, le plaçant devant Alexis Sanchez, Zlatan Ibrahimovic ou Diego Costa par exemple.
Le joueur passé par le Milan AC marque la totalité de ses buts dans la surface de réparation, dont 8 dans les six mètres adverses.
C’est un joueur qui profite des décalages de ses partenaires et surtout des offrandes de ces derniers pour être à la réception et marquer. C’est comme si on demandait à des mécaniciens de remonter de A à Z une moto qui a été démembrée, et que le chef du garage qui vient juste mettre le dernier boulon récupère toute la notoriété et la récompense du travail des autres. C’est ce que l’on vit actuellement avec notre très cher homme aux coiffures brouillonnes. Le souci ne se situe pas dans le fait qu’il soit présent à la conclusion des actions mais qu’on lui donne un profil contraire à ce qu’il est.
Si on compare les 3 derniers gaillards cités et celui en instance de départ, les chiffres lui sont totalement en sa défaveur. L’ancien stéphanois ne contribue absolument pas au jeu son équipe et a des statistiques faméliques par rapport aux différents joueurs de Premier League ciblés. C’est un renard des surfaces qui profite des opportunités créées par ses partenaires pour gonfler ses différentes feuilles de statistiques et aller en conférence de presse afin d’exprimer son souhait de départ pour un club plus huppé. Un sport qui donne de l’importance aux chiffres existe : ça s’appelle le basket-ball cher monsieur. Enfin bref.
Lorsqu’il s’agit de pousser le ballon dans un but vide comme on a pu le voir contre Leipzig par exemple, c’est un joueur de grande classe et d’une facilité déconcertante (et encore). Mais lorsque le travail s’avère plus difficile, sur des actions où il doit faire une conduite de balle, la star de l’équipe, selon certains journalistes, est plus occupée à préparer son salto qu’à finir l’occasion. Florilège.
https://twitter.com/CharafMD8/status/832354401125797888
Ça peut en faire rire certains ou en faire rager d’autres mais cette vidéo montre à quel point des chiffres interprétés sans contenu peuvent produire une vision totalement faussée d’un joueur. L’importance d’un mec de ce calibre est de finir ce genre d’opportunités, que ce soit de la pire des manières ou de la façon la plus classe. Mais tous ses loupés prouvent que les délices offerts par ses coéquipiers cachent les limites que plusieurs personnes ne voient pas par les chiffres.
Il ne faut pas nier que c’est un joueur qui vient de loin ; lors de son arrivée, Klopp le voyait comme un joueur de côté qui pouvait être utilisé en fin de match. Depuis il a progressé dans plusieurs compartiments avec un jeu de tête et un niveau technique corrects ainsi qu’une finition qui s’est améliorée d’année en année. Mais en plus du sportif, l’aspect extra-sportif rentre en compte dans ce feuilleton. On entend de tout : Aubameyang dit qu’il veut aller au Real, il veut rester, Manchester City lui a parlé, sa mère a dit qu’il allait partir à Madrid… C’est un joueur qui a atteint le sommet de sa carrière en termes de maturité et de niveau de jeu, et le fait de se sentir supérieur à une institution qui lui a tout donné est irrespectueux de sa part. Si l’on prend l’exemple de Lewandowski, il est parti du côté de Munich en étant clair et précis dès le début : il veut gagner des titres et être l’un des meilleurs joueurs du monde. Le transfert s’est réalisé en 2 mois et on n’en a plus entendu parler. Avant de partir, il a réalisé une saison énorme où il a été élu meilleur buteur de la Bundesliga et a fini sur un triplé contre le Hertha Berlin lors de la dernière journée. Depuis, c’est un joueur qui a été généralement respecté lors de ses déplacements à Dortmund et le comportement du joueur est réciproque.
Tout ce qui se passe avec Aubameyang est contraire à la situation de l’international polonais : le discours change de semaine en semaine, le comportement est discutable au sein du groupe ainsi que sur le terrain.
L’accumulation de tous ces éléments mettent en place un climat hostile du côté des supporters de Dortmund concernant le “futur supporter depuis sa naissance” de sa prochaine équipe. Le temps est venu pour lui de partir, de prendre le risque qu’il a toujours voulu prendre et de comprendre que sportivement, il ne pourra pas avoir les mêmes statistiques et le même niveau que chez les jaunes. La vérité va très vite éclater au grand jour.
Credits photo : tagesspiegel.de