Réélu en janvier grâce à son investissement et ses résultats positifs lors de son premier mandat, Per-Anders Blind, président de la Confédération des Associations de Football Indépendantes (CONIFA), nous a accordé une interview afin de mieux comprendre les objectifs de cette confédération. Si l’on ne devait retenir qu’un mot : égalité.
Comment et sur quelles bases a été créée la CONIFA ?
La CONIFA a été créée au même moment que la FIFA. Sauf qu’avant elle était une organisation volontaire qui aidait des petits pays à développer leur football, et ce jusqu’en 2012. A la suite de cela, la confédération a commencé à se développer et à grandir. Des membres de l’organisation m’ont contacté et m’ont demandé de les aider à améliorer cette confédération et à la rendre meilleure. Je m’en suis donc occupé pendant 5-6 mois, j’ai écrit une nouvelle constitution. C’est également à ce moment que j’ai pris contact avec mon secrétaire général (ndlr Sascha Düerkop). Nous avons discuté de ça ensemble pour savoir comment nous allions procéder et ce que nous allions faire. L’ensemble des membres de la CONIFA était d’accord avec nous et c’est comme ça que j’ai occupé ce poste à part entière. En 2013, la CONIFA naissait.
Avec le nouveau format de Coupe du Monde à 48 équipes, pensez-vous que des équipes de la CONIFA peuvent intégrer la FIFA ?
Bon, actuellement il y a 25 membres dans la confédération. Je pense qu’il y en a peut être 4 ou 5 qui pourraient potentiellement devenir membres de la FIFA dans le futur. Après pour participer à ce genre de compétitions, il faut pas mal d’expérience internationale. Cela reste un long processus et il pourrait durer plusieurs années. Mais oui ça pourrait être possible, après à nous d’être meilleurs pour qu’ils restent. (rires)
Comment fonctionne le système institutionnel de la CONIFA ?
On ne peut pas réellement nous comparer au mode de fonctionnement de la FIFA parce que la FIFA est un réel gouvernement qui dicte les règles du football mondial. Notre objectif est différent, nous voulons être au service du football. Nous organisons une réunion générale avec les dirigeants de toutes les fédérations tous les ans et nous définissons des règles en commun. Ce n’est pas une oligarchie comme à la FIFA. Chaque fédération et membre a un voix lors des votes. Moi, Président, ai autant de pouvoir que le président de la fédération d’un pays membre lors d’une prise de décision. Notre objectif, je le répète, est d’aider nos membres à développer leur football. Toutes les décisions sont ainsi prises démocratiquement. Le président est élu tous les 3 ans. J’étais président depuis 3 ans et je suis très honoré d’avoir été réélu pour un autre mandat en janvier.
Votre objectif à long terme est-il de développer cette confédération ou bien d’en faire un tremplin pour l’accession à des fédérations ‘’supérieures’’ comme l’UEFA ?
A vrai dire, ni l’un ni l’autre (rires). Notre objectif est d’aider les pays présents dans la confédération à améliorer leur sélection nationale et le football dans leur pays plus généralement. Tous nos pays membres sont constitués de gens, joueurs, dirigeants, entraîneurs fantastiques dont l’objectif est aussi de développer la culture du football dans leur pays. Nous voulons montrer que le foot est aussi un droit de l’homme fondamental. Peu importe ton origine, ta couleur de peau, ton histoire, tes coutumes, on peut jouer ensemble et créer de longues relations amicales. Pour nous, la CONIFA est un vecteur de paix entre les États et les peuples. Le football a un impact social important qui doit permettre cela.
Monaco est 20ème du classement de la CONIFA. Comment fonctionne ce classement ?
Le classement est calculé grâce à un système créé par le secrétaire général basé principalement sur la méthode de calcul de la FIFA. En général, nous voulons que nos membres soient actifs donc on organise souvent des matchs pour qu’ils s’affrontent et que le classement bouge un peu. En plus si une de nos équipes affronte une équipe appartenant à la FIFA, ses points gagnés sont d’autant plus importants.
Ah donc une sélection de la CONIFA a déjà affronté une sélection de la FIFA ?
Oui, oui cela arrive de plus en plus souvent. Par exemple, des sélections comme le Groenland ont déjà plusieurs fois affronté des équipes de la FIFA.
Votre slogan est ‘’la liberté de jouer au football’’, pourquoi ?
Le football est un sport universel. Comme je l’ai expliqué précédemment, ce n’est pas parce que ton pays est trop petit ou pas assez puissant économiquement que tu ne peux pas jouer de match international. Certains pays de notre confédération ne sont pas reconnus en tant qu’États par la communauté internationale, ils ne peuvent donc pas intégrer la FIFA. La CONIFA est l’occasion pour eux de jouer ces matchs internationaux. Ils peuvent maintenant montrer la beauté de leur pays, de leur culture, de leur population. Nous avons donc choisi cette phrase car elle est représentative de notre mentalité et de nos actions. Jouer au foot doit être une liberté. Ne pas y jouer ne doit pas être une restriction.
Pensez-vous que cette confédération peut être un moyen pour ces pays comme le Kurdistan d’être reconnus comme des États ?
Oui pourquoi pas. Ce serait fantastique si ça pouvait arriver, vraiment ! Si ça pouvait apporter la paix et la reconnaissance de certains États en tant que tels, ce serait vraiment super. C’est vrai que ça pourrait aider. Après, on ne sait jamais ce qui peut arriver dans le futur. Tout ce que l’on peut savoir c’est que tout change tout le temps. De nouveaux pays font leur apparition et d’anciens pays disparaissent. Le monde change vraiment très rapidement de nos temps. Mais en tout cas c’est sûr qu’aider ces pays à avoir plus de reconnaissance et à être crédibles aux yeux du monde serait génial.
Si ça t’a plu et que tu veux en savoir plus sur la CONIFA, ça se passe par là : http://www.conifa.org/en/
Crédits photo : http://www.panjabfa.com