Qui a dit que la fidélité et les hommes n’étaient pas deux choses compatibles ? Vendredi 10 mars, lorsque Claudio Pizarro est entré sur le terrain à la place de Gebre Selassie, il a encore un peu plus lié son nom à l’histoire de la Bundesliga. En effet, lors de cette rencontre opposant le Bayer Leverkusen au Werder Bremen, le joueur péruvien a joué son 200ème match pour le club nord-allemand et lui a même permis de glaner un point précieux dans la course au maintien. Ce qui rend cette apparition sur la pelouse inédite, c’est certainement le fait qu’il a joué ce 200ème match pour la deuxième fois. Et la première c’était avec le Bayern Munich. Ainsi, Claudio Pizarro est devenu le quatrième joueur à réaliser cette performance grâce à ses multiples passages entre les deux clubs qui lui sont chers. Mais quels sont les autres hommes qui composent cette liste ? Si vous ne les connaissez pas, il est temps de le savoir.
Le premier joueur à avoir réalisé cette prouesse se nomme Ulrich (Uli pour les intimes) Stein, dernier rempart du grand Hamburger SV des années 80. Le joueur, pourtant né sur les rives de l’Elbe, arrive de l’Arminia Bielefeld, club pour lequel il évolue entre 1976 et 1980. Après ces 3 années, il se dirige vers le HSV et il ne le quittera que sept ans plus tard. Avec lui dans les cages, le club hambourgeois a dominé le football allemand et même européen en battant la Juventus en finale de Coupe des clubs champions avec un but de Felix Magath. L’année 1983 est donc celle de la consécration pour un groupe haut en couleurs dont Horst Hrubesch fait également partie. Au milieu de cela, le portier allemand joue encore et encore. Lorsque qu’il fait ses valises pour l’Eintracht Frankfurt, son compteur affiche 209 matchs.
Au sein de son nouveau club, le succès est moindre, à part une coupe d’Allemagne en 1988, un an après son arrivée. Mais l’histoire reste belle et le portier allemand s’installe de nouveau comme une valeur sûre. Entre 1987 et 1994, Uli Stein joue 224 rencontres pour l’Eintracht. Cette longévité et son niveau lui ont permis de rester au sommet pendant des mois et des mois, au point d’écrire l’histoire de la Bundesliga. Après ces sept nouvelles années, le gardien allemand retourne au club dont il a écrit la plus grande page de son histoire, pour une seule saison et 19 matchs. La saison 1994-1995 est sa dernière à Hambourg mais elle permet de boucler la boucle. Un troisième club aurait pu être ajouté à la liste, puisqu’en tout Uli Stein a joué 193 matchs avec Bielefeld. Effectivement, après son ultime passage au HSV, il retourne au club de ses débuts pour une dernière longue apparition. Après cela, il rejoindra plusieurs clubs modestes d’Allemagne, sans jamais vraiment jouer. Mais sa carrière reste grande et belle. Sans véritablement faire d’éclats avec la sélection allemande, il a brillé en club, ce qui est tout aussi honorable.
A peu près à la même période, un autre joueur s’illustre par sa longévité. Il s’agit de Eike Immel qui a évolué lui aussi au poste de gardien de but. Et ses débuts auront été rocambolesques. Effectivement, en 1978, il fait ses premeirs pas pour le Borussia Dortmund, son premier club, à 17 ans seulement face au Bayern Munich. Il vient succéder à Horst Bertram qui porte le maillot schwarzbelben depuis sept ans. Et il faut dire que son âge ne l’empêchera pas de s’imposer dans la Ruhr puisqu’il ne cessera d’enchaîner les matchs pour le club qui lui a permis d’éclore. Il manquera toutefois plusieurs rencontres du fait de problèmes extra-sportifs et des blessures. Problèmes qui le suivent toujours d’ailleurs, entre soucis financiers et maladies, rien n’est simple pour lui. Finalement, 247 matchs et 9 années plus tard, l’histoire s’achève et le joueur part pour de nouveaux horizons, mais sans forcément penser qu’il écrira l’histoire de la Bundesliga à sa façon.
A l’été 1986, le VfB Stuttgart s’offre le portier allemand pour 2 millions de marks, ce qui est un record absolu à l’époque. Avec le club souabe, son palmarès s’étoffe légèrement puisqu’il fait partie de l’équipe championne d’Allemagne en 1992. Une autre distinction aurait pu être ajoutée à cela puisque Stuttgart a atteint la finale de la coupe de l’UEFA en 1989, toutefois ils se sont inclinés face au Napoli. Sa carrière se poursuit lentement mais sûrement jusqu’à ce qu’en 1995, Rolf Fringer, coach de Stuttgart décide de remplacer son actuel gardien par le jeune Marc Ziegler. L’aventure allemande s’arrête ici, avec 287 matchs de plus au compteur pour son second club et son nom inscrit, lui aussi, en lettres d’or dans le grand livre de la Bundesliga. Son nom apparaît également pour un autre record, moins prestigieux : il est le gardien ayant concédé le plus de buts dans le championnat allemand : 829 buts en 534 matchs. C’est loin d’être glorieux alors on retiendra seulement qu’il fait partie de ces quatre hommes aux 200 matchs.
Quelques années plus tard, un autre joueur passé par le Borussia Dortmund s’est retrouvé intégré à cette liste. Et ce joueur doit certainement être connu chez les Parisiens puisqu’il s’agit de Christian Wörns, passé en France en coup de vent. Mais avant cette saison au PSG, le talentueux défenseur central s’est illustré du côté du Bayer Leverkusen où il arrive à 18 ans à peine après avoir joué pendant deux ans pour le Waldhof Mannheim, le club de sa ville. Au cours de ses sept années au Werkself, le jeune homme a montré l’étendue de son talent puisqu’il est devenu au fil du temps une référence à son poste. Même sans ne jamais rien gagner si ce n’est une coupe d’Allemagne en 1993. Toutefois après 211 matchs, une envie d’ailleurs s’installe et Paris, grand nom à l’époque comme il le dit lui-même dans un entretien réalisé avec So Foot, semble être un club propice à un nouveau départ. Mais finalement ça ne sera pas le cas, puisque Wörns ne restera qu’un an.
Après ce rapide passage en Ligue 1, un retour en Allemagne est presque logique, et c’est dans la Ruhr que le joueur s’installe. Le Borussia Dortmund qui traverse l’une de ses périodes dorées s’attache ses services en 1999. Dès lors, ils ne se quitteront plus, jusqu’à ce que l’international allemand prenne sa retraite en 2008. Sous le maillot du BVB il aura tout connu. De champion d’Allemagne en 2002 en compagnie de Lars Ricken, Dédé, Tomas Rosicky, Florian Kringe, Sebastian Kehl et autres Christoph Metzelder (quel doux effectif d’ailleurs), aux années de crise amenant le club proche de la faillite. Il restera pendant 9 ans, sans jamais partir, jusqu’à atteindre les 297 matchs joués pour le quatrième et dernier club de sa longue et belle carrière. Au même titre que les 2 autres joueurs cités auparavant, sa carrière internationale ne sera pas étincelante, sûrement pas à la hauteur de son talent. Sa plus grande déception restera sans doute son absence lors de la Coupe du monde en 2002 du fait d’une blessure alors ce qu’il est au sommet de son art. Ca ne l’empêchera pas de faire partie des légendes du football allemand pour lequel il est encore un acteur important puisqu’il est maintenant entraîneur de l’équipe B d’Augsburg.
Enfin, tout récemment, un international péruvien et véritable légende de la Bundesliga a intégré cette prestigieuse liste. Claudio Pizarro, qui n’a jamais pu choisir entre la Bavière et les rives du Weser. Entre ses 2 passages chez le Rekordmeister, et 3 du côté des Grün-Weissen (ndlr : les vert-blancs), il a remporté 19 titres (17 avec le Bayern Munich) dont une Ligue des champions. Il est aussi le meilleur buteur étranger de l’histoire de la Bundesliga ainsi que le meilleur buteur de l’histoire du Werder, ou encore cinquième meilleur buteur de tous les temps en Bundesliga. Quel que soit le club, il est respecté et honoré grâce à son palmarès mais aussi grâce à sa persévérance, son talent ou bien sa longévité. Et finalement, ce deux-centième match joué pour le SVW après les 224 pour le club munichois, ce n’est qu’un record de plus pour ce formidable attaquant qui n’a de cesse de nous épater. Aujourd’hui son seul objectif c’est de sauver le club qui l’a révélé aux yeux de tous puisque si dix ans auparavant le Werder brillait sur la scène européenne comme allemande, désormais c’est tout l’inverse. Et s’il y parvient avec l’aide de ses coéquipiers, son aventure en terres allemandes n’en serait que plus belle.
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