Il est l’attaquant le plus en vue du SCO d’Angers. Il est le soldat d’une équipe en difficulté, l’incontournable buteur d’un groupe qui lutte. Il est la surprise de cette saison, la révélation que l’on n’attendait pas. Il est le sauveur des noir et blanc. Il est le chouchou de Raymond Kopa, la valeur sûre de Stéphane Moulin et le sujet de cette introduction hyperbolique. Portrait de Karl Toko Ekambi.
Step by step
Karl Toko Ekambi, ou KTE, est un gamin de la capitale. Né en région parisienne, formé et révélé au Paris FC, il reste encore aujourd’hui attaché à cette ville dans laquelle il a grandi. Au PFC, où il fait toutes ses classes, il connaît une ascension éclair. Après avoir arrêté le foot pendant trois ans à l’adolescence, Karl revient jouer au club en U19 et passe pro six mois après. Il explose réellement trois ans plus tard, lors de la saison 2013-2014, au cours de laquelle il marque quatorze buts et termine second meilleur buteur de National.
Courtisé par de nombreux clubs, KTE cède finalement aux avances du FC Sochaux et rejoint la Ligue 2 à l’été 2014. Sa première saison sous ses nouvelles couleurs est dans la lignée de la précédente : immédiatement considéré comme un titulaire indiscutable, il participe aux 38 rencontres de championnat et marque à nouveau 14 buts. Adaptation réussie, bilan net et sans bavures.
Bilan qui ne laisse pas indifférent le sélectionneur du Cameroun Volker Finke qui décide d’appeler le jeune KTE en équipe nationale en fin de saison.
Karl Toko Ekambi impressionne et se prend à rêver plus grand. Mais Sochaux est à la peine en championnat et souhaite conserver sa pépite. KTE se plie alors aux exigences du club, ravale sa déception, et rempile pour une saison de plus.
« Je ne suis pas dégoûté, mais déçu, oui. Tout le monde a envie de jouer au plus haut niveau, même si je comprends également la position du club. »
La saison 2015-2016 est à nouveau à l’image des précédentes. Karl Toko-Ekambi fait parler sa vitesse et sa qualité de finition, marque 11 buts en championnat, valide son ticket pour la Ligue 1, et file au SCO d’Angers.
Le couteau suisse angevin
KTE arrive à Angers à l’été 2016. Le club est en Ligue 1 depuis une saison et se cherche une attaque solide pour subsister dans l’élite. Il recrute d’un coup deux Sochaliens : Karl Toko Ekambi et Famara Diedhiou, prêté à Clermont la saison précédente. Le Sénégalais étant un pur avant-centre, Karl Toko Ekambi doit se résoudre à jouer ailier gauche. Une position qui lui réussira plutôt bien puisque, une Coupe d’Afrique des nations, une finale de Coupe de France et une quatorzième place en championnat plus tard, Karlito termine la saison avec 7 buts et 5 passes décisives en 31 matchs de Ligue 1.
“Je suis allé dans une équipe qui me connaissait, et moi, je connaissais les joueurs. Certains que j’ai affrontés en L2 et d’autres avec lesquels j’ai joué. C’était le club parfait pour débuter mon apprentissage en Ligue 1.”
Un couteau suisse dépanne toujours quand on ne s’y attend pas, et le départ de Famara Diedhiou pour Bristol City à l’été 2017, puis celui d’Enzo Crivelli cet hiver viendront très vite confirmer ce proverbe. (Proverbe qu’on vient d’inventer, que les choses soient claires.)
Si au début de la saison 2017-2018 KTE est encore baladé à droite et à gauche pour laisser l’axe à Enzo Crivelli ou Baptiste Guillaume, les difficultés de ces derniers obligeront Stéphane Moulin à replacer el cuchillo Toko en position d’avant-centre début janvier. Pari réussi, puisque Karl retrouve aujourd’hui son poste préférentiel et réussit là où ses prédécesseurs avaient échoué. Performant à gauche, performant à droite, l’attaquant angevin redevient également performant en pointe et s’installe durablement à ce poste qui était le point faible de l’équipe en début de saison.
A ce jour, Karl Toko Ekambi en est à 14 buts et 4 passes décisives en 28 matchs. Il est donc 7ème meilleur buteur du championnat, à égalité avec Mario Balotelli. Il est impliqué dans 18 des 32 buts marqués par son équipe en championnat, un ratio astronomique qui montre bien l’importance du joueur.
Parti pour rester ?
C’est cette importance dans le jeu angevin et corrélativement dans la lutte pour le maintien qui a pesé dans la balance lorsque les recruteurs anglais sont venus toquer à la porte du club cet hiver avec une dizaine de millions d’euros dans leur valise. Comme Sochaux il y a quelques années, le SCO attire les convoitises à cause de son brillant attaquant. Comme Sochaux il y a quelques années, le SCO a refusé les avances de clubs déterminés à s’attacher les services de KTE comme Burnley et de West Brom et réussi à conserver son homme en forme, mais cette fois-ci d’un commun accord avec le joueur.
« La seule chose qui importe, c’est de sauver le club »
Jusqu’à quand le lion restera-t-il sur les bords de la Maine ? Nul ne le sait, mais sans doute les regards envieux de clubs plus fortunés auront-ils raison de l’attachement de Karl Toko-Ekambi au SCO d’Angers cet été. En attendant, l’attaquant angevin a des buts à marquer et un maintien à aller chercher. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite.
Crédits photos : AFP PHOTO / MEHDI FEDOUACH