Depuis plusieurs années, la Suisse est devenue une habituée des tournois internationaux. Sans jamais être dans une position de favori, mais plutôt d’outsider. À chaque compétition, elle reçoit l’étiquette de la nation qui peut, peut-être, créer la surprise. Pourtant, rien ne se passe jamais vraiment. Au grand dam des amoureux de la Nati, dont le talent est certain. L’équipe nationale a toujours eu de grands joueurs, malheureusement, cela ne semble jamais avoir été suffisant.
Au cours de son histoire, la Nati a eu parmi ses rangs des joueurs qui ont brillé en club, notamment en Allemagne, l’une des terres d’accueils pour les joueurs suisses qui s’y rendent en nombre. Une migration bien-sûr facilitée par la proximité géographique mais aussi linguistique puisqu’une partie de la Suisse parle allemand. Ainsi, la Bundesliga regorge de joueurs qui font ou on fait les beaux jours de cette sélection. Les joueurs l’ont bien compris, leur championnat national est bon tremplin, mais pour briller encore davantage, s’expatrier fait presque figure d’obligation pour eux.
Alors lorsque l’on songe à ce lien-là, il faut évidemment évoquer Stéphane Chapuisat et Alexander Frei. À deux époques différentes, dans deux configurations opposées, les deux attaquants ont brillé sous le maillot du Borussia Dortmund (les années 90 pour le premier, les années 2000 pour l’autre). Ils ont été adorés par les supporters des jaune et noir grâce à leurs performances respectives. Il est aussi nécessaire d’évoquer qu’avec leur sélection, ils ont également brillé. Parmi les joueurs les plus capés mais aussi les meilleurs buteurs, l’un comme l’autre ont bien représenté leur nation. Au point d’être considérés comme étant parmi les meilleurs joueurs de la sélection européenne.
Autre taulier de la Nati au cours des années 90, Ciriaco Sforza a, entre Kaiserslautern et le Bayern Munich, fait lui aussi les beaux jours de la Bundesliga. Comme les deux attaquants cités plus haut, il a brillé chez le voisin allemand en faisant la majeure partie de sa carrière là-bas. Il a un temps joué pour l’Inter Milan aussi avant de retourner dans le pays qui l’a adopté sur le plan footballistique. En brillant de mille feux avec ces deux clubs de légende qu’il n’a jamais vraiment lâchés, il a aussi brillé avec son pays, du haut de ses 79 sélections.
Si l’Allemagne a accueilli à bras ouverts les grands joueurs suisses, l’Italie en a fait de même. La botte se situe aussi à la frontière de la suisse, et l’italien est également l’une des langues officielles en Suisse. Comme pour l’Allemagne. Alors nombreux sont ceux qui ont joué dans le championnat italien.
Valom Behrami, l’un des joueurs clés de la Nati depuis 2005 (73 sélections), a joué pour bon nombre de clubs italiens. Du Geona en passant par le Napoli, la Fiorentina ou encore Udinese tout récemment, le milieu de terrain a beaucoup voyagé. Sans pour autant oublier sa sélection. Dans la même lignée, Gökhan Inler, sixieme joueur le plus capé (89 selections), à lui aussi écumé les clubs italiens avant de s’en aller vers la Turquie.
La Suisse et l’Italie ont aussi pour point commun : Stephan Lichtsteiner. Le joueur est à la Juventus depuis 2011, et 200 matchs plus tard, l’arrière droit s’est longtemps établi comme une référence à ce poste avant d’être rattrapé par l’âge. Si sa carrière turinoise touche à sa fin, lui a encore faim. Le capitaine de la sélection suisse, taulier depuis 2006 avec 93 capes au compteur, semble encore prêt à continuer. Mais aussi porter sa nation en Russie avec son expérience du très haut niveau.
À l’heure actuelle, d’autres joueurs, plus jeunes, s’épanouissent au-delà des frontières suisses. Encore une fois dans les pays voisins, sans jamais aller trop loin.
Après avoir ravi lors de l’Euro 2016, mais deux saisons difficiles à Schalke 04 à cause des blessures, Breel Embolo n’a toutefois pas perdu son statut d’espoir de la sélection suisse. Doucement mais surement, il a retrouvé du temps de jeu et ses sensations sous les ordres de Domenico Tedesco qui a emmené son équipe au titre de vice-champion d’Allemagne. Avec cela, il peut de nouveau briller en Russie et espérer porter les siens le plus loin possible. Seulement si son corps le laisse en paix. Dans sa génération, il y a aussi Nico Elvedi, défenseur de Mönchengladbach. Ce dernier ne sera peut-être pas titulaire pourtant il représente l’avenir de la Suisse, tout comme son compatriote.
Enfin, Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri, un temps passés par l’Allemagne avant de s’en aller pour l’Angleterre, auront eux aussi un rôle à jouer, eux qui se sont au fil du temps affirmés comme étant de vrais piliers de la Nati. Leur sélectionneur ne les oublie pas et malgré des faux pas, il parvient à canaliser leur caractère explosif. Vladimir Petkovic a fini par rire des coups de sang du milieu de terrain d’Arsenal, notamment quand ce dernier s’était énervé car il ne voulait pas sortir lors d’un match face à la Lettonie.
Ainsi, entre jeunesse, histoire et expérience, la Suisse va s’en aller à la Coupe du Monde, avec sans doute une casquette d’outsider, encore une fois. Et face au Brésil notamment, lors des phases de groupes, il faudra démontrer que l’équipe est capable de créer la surprise.
Crédit photo: FABRICE COFFRINI / AFP