Aujourd’hui, les carrières n’attendent pas. Les joueurs, notamment les plus jeunes ont faim de temps de jeu. Plus envie de mûrir dans un coin, à l’ombre, protégé. Le désir de s’exposer a pris le dessus. De là, le départ vers un autre club qui promet ce précieux temps devient l’option numéro une. Et ça a été celle de Jadon Sancho. Le jeune prodige anglais a pris la décision de quitter l’académie de Manchester City et ses moyens stratosphériques pour Dortmund. Et cela semble avoir été payant.
Si au sein du groupe de Gareth Southgate il n’y a ni Jadon Sancho ni Phil Foden, les deux jeunes pépites du football anglais sont pourtant passées proche d’en être. Presque comme une récompense pour les deux hommes, notamment celui qui a fait le choix de s’expatrier. Sous les couleurs du Borussia Dortmund, le jeune Sancho impressionne. Son talent saute aux yeux et il sait le montrer dès ses premières apparitions avec l’équipe A. Lors d’une froide soirée de janvier à l’Olympiastadion de Berlin, son entrée avait réchauffé l’atmosphère. Il avait fait souffrir une défense berlinoise en un temps record.
Celui qui est né en 2000 et qui est juste à l’aube de sa carrière ne manque certainement pas de caractère ni d’envie. Et c’est comme ça qu’il a déjà enrichi ses statistiques. Depuis son arrivée dans la Ruhr fin août 2017 où il a signé son premier contrat professionnel, le jeune homme a joué pour l’équipe seconde mais aussi en Youth League. Puis rapidement, l’équipe alors entraînée par Peter Stöger a fait appel à lui tant bien même qu’il avait déjà été utilisé sous Peter Bosz pour quelques petites minutes.
L’ancien entraîneur de Cologne n’a pas hésité à lui faire jouer des matchs entiers, sans doute preuve d’une grande maturité déjà mais surtout d’un talent évidant. Droitier jouant majoritairement sur le côté gauche de l’attaque, il fait mal aux défenses adverses. Aussi rapide qu’agile techniquement, il reste toutefois un diamant brut qui doit être poli. Et pourtant il reste incroyablement efficace. Ses débordements appuient là où cela fait mal. Mais ce qui a le plus crevé l’écran depuis son entrée dans la cours des grands reste toutefois sa qualité de passe. Outrageusement bonne. Et cette saison, bien qu’à peine commencée, en est déjà la preuve. En Coupe d’Allemagne puis en Bundesliga, il a parfaitement servi Marco Reus qui a été impardonnable derrière. Dans un tempo parfait, il a une certaine capacité à semer le désordre au sein du bloc adverse.
Entre la saison dernière et cette saison qui vient tout juste de débuter en Allemagne (un match de Coupe et deux journées de Bundesliga), il est déjà à environ 700 minutes de jeu. Un temps conséquent pour un joueur de son âge. Sur ce temps là – entre les deux saisons, il compte d’ailleurs un seul but mais six passes décisives. Tout cela ne révèle bien sûr pas tout sur ce qu’est Jadon Sancho, si ce n’est son talent.
Mais sa route reste encore longue, évidemment. Il a encore tant à apprendre et lui-même en est conscient. Les minutes au compteur montent, lentement mais sûrement et lui semble s’en satisfaire. Il semble évident que son temps de jeu va grimper tant son apport est évident, il faut juste être patient. Ce dont il semble capable d’être cette fois puisqu’il possède cette garantie qui semblait lui manquer du côté de Manchester City.
Finalement, s’être exilé se révèle être un choix payant. Du haut de ses 18 ans, le jeune homme s’épanouit, il évolue aussi bien en tant que footballeur mais aussi en tant que personne. D’ailleurs du côté de Brackel, on n’hésite pas à le remettre dans le droit chemin quand cela est nécessaire afin de lui prouver qu’il est encore loin d’être sur le toit du monde. Notamment à la suite d’un mauvais comportement lors d’un rassemblement avec son équipe nationale, de laquelle il avait été renvoyé plus tôt que prévu. Comme pour lui prouver que sa carrière n’est encore pas acquise.
Ne pas avoir été appelé par Gareth Southagte pour cette première trêve internationale est peut-être une bonne chose d’ailleurs. Tout comme c’est le cas pour Phil Foden finalement. Brûler les étapes n’est pas forcément une nécessité et passer parmi les catégories de jeunes en équipe nationale n’est pas une punition. C’est juste une manière de retomber sur ses pieds, de se souvenir qu’ils restent de très jeunes adultes. Pour celui évoluant en Allemagne et pour son ancien compatriote Citizen, ce sera les U19 et ni l’équipe première ni les U21 comme les rumeurs semblaient le dire. Et c’est sans doute mieux ainsi, pour continuer à grandir dans l’ombre, à un rythme normal.
Ceci n’empêche toutefois pas de se projeter dans le futur et d’imaginer que ces deux jeunes hommes pourraient être les têtes d’affiche des Three Lions qui semblent bâtir l’avenir sur des fondations rudement solides. Sancho semble promis à un avenir radieux et l’on retiendra que pour se construire il a quitté son île, comme beaucoup d’autres jeunes anglais sont en train de faire. Afin de prendre sa carrière en main, partir est peut-être ce qu’il faut faire. Ceci ne reste que du conditionnel du fait de son jeune âge et l’incapacité à prédire ce qu’il pourra se produire d’ici une semaine, un mois ou un an. En revanche, à l’instant T, la première année en terres allemandes de Jadon Sancho lui donne raison. En espérant que cela se poursuive.
Crédit photo: Justin Berl / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP