Il fut un temps où la force du Paris Saint-Germain était le milieu de terrain. Aujourd’hui, le milieu de terrain est clairement le secteur le moins fourni en qualité et en quantité dans cette équipe. Le PSG n’a pas recruté à ce poste pour la deuxième saison consécutive après avoir pourtant perdu trois joueurs dans ce secteur cet été. Comment le champion de France en titre a réussi à passer d’un milieu de terrain prometteur auquel il ne manquait pas grand-chose à un milieu de terrain inquiétant ? Explications.
Il était une fois Motta, Matuidi, Verratti
Vous vous souvenez sans doute tous de l’époque où le milieu de terrain était là force du club de la capitale. Avec à sa base Thiago Motta surnommé l’ADN du Paris Saint-Germain par le déosrmais disparu des radars Laurent Blanc.
Vous vous souvenez sans doute de cette époque où Marco Verratti était (il l’est toujours) un jeune homme plein de folie, capable de coups de génie incroyables et capable de donner des frayeurs à tous les supporters du PSG à cause de ses prises de risques aux abords de la surface. Cette époque où les blessures ne le gênaient pas et où les dédoublements de passes incessants entre Motta et lui rendaient fous de plaisir les supporters.
Vous vous souvenez sans doute de celui qui enchaînait les courses et les projections vers l’avant, celui dont le jeu sans ballon manque terriblement au club de la capitale, celui qui était le seul à être dans un registre différent de ses compères et qui agaçait parfois par son manque de justesse technique mais qui était si important dans le jeu de cette équipe. Ce milieu de terrain-là avait le contrôle de n’importe quelle rencontre au point de parfois tomber dans une possession stérile, léthargique qui agaçait par moment mais qui permettait à l’équipe parisienne un équilibre certain et une main mise importante sur les matchs.
Ajoutez à cela Javier Pastore, capable de suppléer voir de prendre la place de Blaise Matuidi avec ses qualités qui le caractérisent et son jeu plus clivant que n’importe quel joueur capable de matchs géniaux comme de matchs plus compliqués. Sans oublier « Rabiote », surnom gagné lors d’une formidable entrée en jeu au Bernabeu en 2015 qui prenait de plus en plus d’importance dans cette équipe amenant ses qualités physiques, de projection et sa qualité technique très correcte. Ce milieu de terrain profitait de fort belle manière de la présence d’un joueur comme Zlatan Ibrahimović, formidable facilitateur de jeu qui permettait par ses décrochages réguliers, sa vision de jeu et sa technique hors du commun entre autres de faire le lien entre le milieu et l’attaque. Aussi bon était-il, ce milieu de terrain avait lui aussi montré certaines limites au très très haut niveau. Il fallait déjà le renouveler et trouver des joueurs capables de concurrencer réellement ces hommes ou de les suppléer en cas de blessures ou suspensions lors de matchs très importants.
Que s’est-il passé depuis ? Le club de la capitale s’est tout simplement manqué dans sa planification et sa gestion du secteur. Tour à tour sont arrivés des joueurs incapables de bousculer la hiérarchie du milieu de terrain du fait de leur niveau pas assez élevé pour les ambitions du club de la capitale. Nous parlons évidemment de Cabaye et pire encore de Stambouli et Krychowiak, arrivés au club grâce à de formidables concours de circonstances comme un directeur sportif témoin de mariage par exemple (Olivier Létang témoin du mariage du joueur polonais). Trois échecs qui s’expliquent en partie par le faible niveau technique affiché par ses joueurs ne leur permettant pas d’entrer dans le moule de cette équipe. Seule petite éclaircie, le transfert de Giovani Lo Celso, arrivé à l’hiver 2017 au club grâce au travail de scouting du recruteur Luis Ferrer et de son équipe. Doté d’une très bonne qualité technique et d’un talent certain, il a su s’intégrer peu à peu dans l’équipe et montrer de belles choses par moment.
Le bilan est donc très maigre, un seul des quatre joueurs recrutés lors de ces quatre dernières saison avait le niveau pour entrer sérieusement dans la rotation du club parisien. Insuffisant pour une équipe visant la victoire finale en Ligue des champions et ce n’est pas l’arrivée de Lassana Diarra en janvier 2018 qui change la donne.
Régression fulgurante
Lors de l’exceptionnel mercato 2017 dans lequel le club a enregistré les arrivées de Neymar, Kylian Mbappé et Dani Alves, le Paris Saint-Germain a vu partir Blaise Matuidi remplacé dans le onze par Adrien Rabiot à qui le club de la capitale n’a cessé d’envoyer des signaux positifs sur son importance. Un départ qui n’a jamais été remplacé en termes de profil car oui, celui-ci était très important dans le jeu du PSG. Un milieu de terrain très bon dans le jeu sans ballon et intelligent dans ses déplacements et ses projections, ce qui tranche avec les autres milieux de terrain de l’équipe, ne donnant l’impression de ne pouvoir jouer qu’avec le ballon dans les pieds.
Le club parisien a ensuite vu partir son dépositaire du jeu depuis de nombreuses années, le garant de son ADN : Thiago Motta. Déjà en très grandes difficultés la saison dernière du fait de nombreuses blessures, il ne fait désormais plus partie de l’effectif parisien, étant devenu entraîneur des U19 du club. Javier Pastore s’en est aussi allé vers la Roma, privant ainsi ses plus fidèles supporters de ses apparitions sporadiques marquées par des coups d’éclat, des gestes de classe mais aussi des performances bien moins reluisantes. Plus surprenant cette fois, c’est Giovani Lo Celso qui a quitté le club parisien au terme d’un mercato 2018 totalement manqué. On a donc vu « Giolo » partir en prêt avec option d’achat au Betis (obligatoire si le club sévillan se qualifie pour une coupe d’Europe).
Aucun milieu de terrain n’est donc venu renforcer l’équipe parisienne. L’an dernier déjà, il y avait un goût d’inachevé dans le mercato du PSG avec l’échec sur le dossier Fabinho sur qui Antero Henrique s’était obstiné. Cette année encore malgré quelques rumeurs autour de N’golo Kanté (transfert qui semblait pourtant impossible à cause de l’épée de Damoclès fair-play financier au-dessus de la tête du PSG), Julian Weigl ou encore Stanislav Lobotka et Renato Sanches en fin de mercato aucun milieu de terrain n’est arrivé. Des pistes moins onéreuses auraient sans doute pu être explorées pour renforcer un secteur terriblement affaibli cet été. Des joueurs comme Emre Can (libre), Lucas Torreira, Arturo Vidal, Steven Nzonzi ou encore Rajda Nainggolan ont été transférés cet été et auraient pu renforcer l’équipe parisienne. Au lieu de ça, le club parisien s’est terriblement affaibli et est désormais suspendu à la bonne forme physique de Marco Verratti et d’un Adrien Rabiot dont la prolongation de contrat tarde à arriver.
Le milieu de terrain du Paris Saint-Germain est désormais composé de : Marco Verratti, Adrien Rabiot, Lassana Diarra, Christopher Nkunku, Antoine Bernède et Yacine Adli… Lunaire lorsque l’on connaît les ambitions européennes du club de la capitale. Ce néant dans le secteur oblige Thomas Tuchel à bricoler en tentant de faire jouer Marquinhos au milieu, option peu concluante pour l’instant.
En comparaison, voici les milieux de terrain des autres favoris à la victoire finale en Ligue des champions :
Real Madrid : Luka Modrić, Toni Kroos, Casemiro, Isco, Marco Asensio, Dani Ceballos, Marcos Llorente.
FC Barcelone : Sergio Busquets, Ivan Rakitić, Philippe Coutinho, Arturo Vidal, Arthur, Rafinha, Denis Suárez.
Atletico Madrid : Saúl Ñiguez, Koke, Thomas Partey, Rodri.
Bayern Munich : Javi Martínez, Thiago Alcântara, James Rodríguez, Leon Goretzka, Corentin Tolisso (absent six mois), Renato Sanches.
Manchester City : Fernandinho, Ilkay Gündogan, Kevin De Bruyne (absent trois mois), David Silva, Fabian Delph, Olexandr Zinchenko
Juventus Turin : Miralem Pjanić, Blaise Matuidi, Sami Khedira, Emre Can, Rodrigo Bentancur
Liverpool : Fabinho, Georginio Wijnaldum, James Milner, Naby Keïta, Jordan Henderson, Adam Lallana.
Manchester United : Ander Herrera, Paul Pogba, Nemanja Matić, Marouane Fellaini, Fred, Juan Mata, Andreas Pereira.
Le Paris Saint-Germain souffre donc de la comparaison avec les milieux de terrain des autres prétendants à la victoire finale en Ligue des champions. Dur de l’imaginer aller très loin dans cette compétition avec ce milieu de terrain-là. Il semble se tirer une balle dans le pied avec cette très mauvaise gestion d’un secteur qui souffre qualitativement et quantitativement.
Seule bonne nouvelle cette saison, les clubs pourront inscrire trois nouveaux joueurs ayant déjà joué la Ligue des champions avec un autre club pour les phases finales de la compétition. Le PSG pourrait donc rectifier le tir lors du mercato hivernal.
Crédit Photo : Anne-Christine Poujoulat / AFP.