Jorge Jesus et ses douze apôtres

Le jour où Jorge Jesus arrêtera sa carrière, il laissera des bons et mauvais souvenirs. Jésus ne faisait pas l’unanimité, Jorge encore moins. Les nombreuses personnes qui l’ont fréquenté pourront témoigner en sa faveur. Loin des strass et des paillettes d’un José Mourinho, il est considéré comme un des entraineurs portugais les plus influents des années 2000. Depuis son ascension à Braga, jusqu’à la consécration avec la Libertadores, Jesus a laissé son empreinte un peu partout. Après nous être arrêté sur son retour au SLB, nous vous offrons un tour d’horizon des douze apôtres de la carrière de Jesus.

Rui Costa

L’homme qui a facilité son passage au Benfica. Manuel Rui Costa est l’homme fort du club depuis des décennies. Directeur sportif depuis 2008, il est celui qui a soufflé l’idée à Luis Felipe Vieira d’engager Jorge Jesus. La relation entre les deux est forte, transparente et humaine. La présence de Rui Costa au club rendait le travail facile pour Jesus. Mais les tensions avec le reste du board va acter son départ en 2015. JJ gardera  un excellent rapport avec l’ancien numéro 10 du Milan. Et sa présence a facilité son retour au Benfica cette année.

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Pablo Aimar

« Pablo Aimar est le joueur le plus fort que j’ai entrainé. » Une phrase forte, qui démontre toute l’admiration qu’a Jorge Jesus pour son ancien joueur. Lorsque l’entraineur portugais arrive au Benfica, il veut créer son équipe autour du crack. Un 4-4-2 losange hyper offensif avec Aimar en meneur de jeu derrière deux attaquants. Jamais l’Argentin n’aura été aussi épanoui sur le terrain que sous JJ. Une rumeur parcourait récemment l’Estadio da Luz concernant une potentielle venue d’Aimar comme adjoint avec Jesus. Une rumeur rapidement démentie mais JJ le jure, la porte est toujours ouverte pour son chouchou.

David Luiz

David Luiz réalise une carrière pleine et c’est en grande partie grâce à son ancien entraineur. Durant leur cohabitation au Benfica, Jesus lui a donné toute la confiance du monde. Au point d’en faire un des meilleurs centrales à 22 ans. Jorge Jesus a toujours privilégié le défenseur brésilien alors que les jeunes du Seixal, Roderick Miranda et Miguel Vitor, avaient les faveurs des supporters. 10 ans plus tard, David Luiz vient de rempiler à Arsenal après avoir joué à Chelsea et au Paris Saint-Germain. Miguel Vitor joue à l’Hapoel Beer-Sheva et Roderick Miranda vient de sortir d’une bonne saison à Famalicão. La carrière du Brésilien lui a donné raison. Les deux sont toujours en contact permanent, Jorge Jesus a même demandé à ce que David Luiz prenne sous son aile Pablo Mari à son arrivée à Arsenal. Le défenseur espagnol, ancien du Flamengo a travaillé avec Jorge Jesus durant quelques mois.

Oscar Cardozo

Le fils spirituel de Jorge Jesus. Bien qu’il n’était pas le joueur le plus talentueux de la carrière du technicien portugais, le rapport entre les deux est fort. Jorge Jesus a donné toute sa confiance à Cardozo, il le lui a rendu sur le terrain. Le Paraguayen a enchainé les buts sous JJ. Que ce soit en championnat ou en coupe d’Europe, El Tank s’est transformé en goleador. Malgré ses lacunes, Jesus va le mettre dans les meilleures conditions pour exceller et va surtout le pousser dans ses derniers retranchements. Au point où les deux vont se frictionner plus d’une fois mais Jesus le jure, « c’était pour la bonne cause et je ne lui en voudrai jamais». Un vrai père protecteur.

Fabio Coentrão

Sa plus grande réussite. Celui à qui il a donné une carrière et l’a sauvé de la débauche. Avant de rencontrer Jesus, Fabio Coentrão mène une vie de dépravé. Il enchaine les prêts inutiles, passe son temps en soirée, multiplie les conquêtes et fume des blondes dès qu’il peut. Mais lorsqu’il revient au Benfica après un prêt fructueux à Rio Ave, Jesus l’intègre dans la rotation et le convainc de jouer arrière gauche. Mission accomplie, Fabio Coentrão se découvre être la réincarnation de Nuno Valente. Une saison avec JJ aura suffi à lancer sa carrière. Lorsque Jorge Jesus rejoint le Sporting, il le convainc une deuxième fois. Un passage remarqué pendant lequel Coentrão va assumer sa trahison lisboète et créer des nombreuses polémiques.

Ruben Amorim

Ruben Amorim est le joueur fidèle de Jorge Jesus. Les deux se sont rencontrés à Belenenses en 2006. Après une cohabitation réussie, ils vont se retrouver au Benfica pendant plusieurs saisons, remportant trois championnats. Ruben Amorim n’a jamais été un élément principal chez Jesus, mais il a toujours estimé à sa juste valeur. Tactiquement très discipliné, il a su se rendre utile auprès du coach portugais. Malgré une prise de bec  qui aura valu à Amorim de partir en prêt à Braga, les deux se sont toujours appréciés. En revenant au Benfica, Jorge Jesus va retrouver son ancien joueur, qui est devenu entraineur du… Sporting. Une rivalité pour l’histoire.

Bruno Fernandes

Un de ses plus grands paris. Lorsque Bruno Fernandes rejoint le Sporting, pas grand monde ne croit en lui au pays. Mais Jesus voit loin pour sa nouvelle recrue. Après quelques mois, l’ancien de la Sampdoria met tout le monde d’accord et devient rapidement un des, si ce n’est le meilleur joueur du championnat. Jorge Jesus fait alors de Bruno Fernandes une des attractions du mercato.Voilà qu’il pèse près de 80M€ et garantit une quinzaine de buts par saison, et autant de passes décisives. Les premières rumeurs l’envoient en Angleterre. Alors qu’on parle d’une potentielle signature à Manchester United, Jesus va apaiser le coeur des supporters grâce à une punchline légendaire : « 80 millions pour un joueur qui te garantit 15 buts dans n’importe quel club, ce n’est pas cher. » Le temps lui a donné raison.

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Bafétimbi Gomis

La relation entre Gomis et Jesus ressemble à un amour de vacances. Les deux se sont rencontrés en Arabie saoudite. Quand l’ancien du Benfica débarque à Al-Hilal, il a besoin d’un avant-centre de gros calibre. Et son regard se dirige vers Gomis. L’entraineur portugais porte en grande estime l’ancien buteur de l’Olympique Lyonnais. Ce dernier est attiré par l’envie d’être entrainé par ce grand monsieur du football. Sans réfléchir, il accepte et devient le soldat de Jesus en Arabie saoudite. Une love story forte qui continuera après le départ de JJ d’Al-Hilal. Les deux se sont retrouvés durant la Coupe du monde des clubs. Gomis n’a pas hésité à diner plusieurs fois avec son ex-entraineur, avec qui il garde un lien très fort. Lui-même le dit : « Je porte un respect et amour très fort pour lui. » Le tout en seulement un an.

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Julio César

« Un des meilleurs avec qui j’ai travaillé. » Venant d’un joueur qui a eu Roberto Mancini, José Mourinho, Rafael Benitez ou Luiz Felipe Scolari, c’est fort. Julio César le jure, peu sont les entraineurs qui sont meilleurs que Jorge Jesus. Les deux se sont connus au Benfica. La cohabitation va durer un an. Ils se retrouveront au Flamengo. Julio César n’est que le remplaçant de Diego Alves mais il reste un homme fort de JJ. C’est lui qui va faciliter l’intégration de l’entraineur portugais en faisant sa propagande auprès des joueurs. L’ancien portier de l’Inter insiste sur la réussite de Jesus au Portugal. En acceptant sa méthode de travail, Flamengo retrouvera les sommets. Le temps lui donne, encore une fois, raison.

Gabriel Barbosa

Celui qui a le plus cru en Jorge Jesus. Leur cohabitation fut brève mais intense. Lorsque Jorge Jesus arrive, Gabriel Barbosa met les choses au clair : « Moi aussi, je veux battre des records. » Gabigol a soif de buts et il le fait savoir à son entraineur. Mais indirectement, l’ancien joueur de l’Inter veut suivre les traces d’autres buteurs. Jonas, Slimani, Bas Dost ou Gomis. Tous ont eu un franc succès sous la houlette de Jesus. Non pas que le Portugais fait des miracles, mais lui sait comment s’y prendre pour tirer le maximum d’un buteur. Et c’est ce qu’il va se passer. Gabriel Barbosa va effectuer la meilleure saison de sa carrière en marquant 34 buts dont 9 en Libertadores. Jesus a réussi sa mission en remettant un des plus gros prospects du pays sur les bons rails.

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Reiner

Celui qui incarne la réussite de Jesus à Flamengo. À peine âgé de 18 ans, Reiner est le plus gros talent du Fla. Mais il est considéré comme trop jeune pour avoir du temps de jeu. Lorsque Jorge Jesus arrive, il va lui offrir une place dans l’effectif. Pour lui, Reiner est un joueur mature et mérite du temps de jeu. En doublure de Gerson, le petit phénomène va sortir quelques grosses prestations.  Du Portugal, voir Jesus donner sa chance à un jeune joueur est surprenant. Durant son passage au Benfica, les supporters et médias ont longtemps reproché à JJ de ne jamais s’appuyer sur les jeunes joueurs locaux, privilégiant des prospects sud-américains. Ce qui lui a valu d’expliquer lors d’une interview : « Il est plus simple de travailler avec des joueurs étrangers que portugais. Le joueur portugais est individualiste. » Mais avec Reiner, il a prouvé qu’il pouvait mettre en avant un jeune s’il le mérite. Après une vingtaine de matches sous Jesus, Reiner a signé un contrat avec le Real Madrid. Son ancien entraineur pense qu’il est déjà prêt pour avoir sa place dans l’effectif madrilène. Le temps lui donnera sûrement raison.

Bruno de Carvalho

Dans la dernière cène de Jésus Christ, Bruno de Carvalho serait Judas. L’ancien président du Sporting est celui qui aura fait tout basculer. Celui qui a fait que tout le peuple benfiquiste a vu en Jesus un traitre. Et pourtant, JJ lui fera confiance aveuglément avant de voir que son passage au Sporting ne mènerait à rien. Malgré de bons résultats lors de la première saison, tout dérape lors de la troisième, en 2017-18. Une crise sans précédent, 19 joueurs mis à pied par le président après une défaite face à l’Atletico, staff et joueurs se font agresser par des supporters. Une partie des cadres vont quitter le club libre de tout contrat, ce qui va amener le Sporting et les joueurs devant les tribunaux. Jorge Jesus est impuissant et cherche à ramener le président à la raison. Tout sera remis dans l’ordre mais le mal est fait. Il ne se voit pas continuer dans un tel bourbier. Finalement, Jorge Jesus ne délogera pas le Benfica de sa place et pire, il y reviendra deux ans plus tard.

Crédit photo : Estadao Conteudo / Icon Sport

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« Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois.»