Parma et D’Aversa: les raisons du divorce

Chacun sa route, chacun son chemin. Après une relation de trois ans et demi, Parma et Roberto D’Aversa se sont séparés. Un choix au premier abord surprenant tant le tacticien italien était le véritable pilier du retour de Parma dans l’élite italienne.

Le 22 août dernier, à travers un communiqué, le club d’Emilie-Romagne annonçait cette séparation. La raison est la suivante: «la cohésion, les intentions communes, l’harmonie et l’enthousiasme mutuel à la base des succès obtenus ensemble au cours des quatre dernières années ont disparu». A noter que Roberto D’Aversa n’est pas le seul à avoir été démis de ses fonctions. Daniele Faggiano, qui occupait le poste de directeur sportif depuis 2016 a subi le même sort. Néanmoins, cette séparation, comme évoquée dans le communiqué, ne s’explique pas que par les résultats sportifs.

Le litige émane de la politique du club parmesan. En effet, les dirigeants souhaitent désormais miser sur la jeunesse avec comme objectif de générer des profits à moyen terme. Une politique à laquelle D’Aversa n’a pas adhéré. De plus, Faggiano et D’Aversa sont responsables d’un déficit d’environ 38 millions d’euros avec un recrutement très coûteux lors des derniers mercati (Inglese, Kucka, Brugman, Darmian). Ces importants déficits ont pesé lourd dans la balance.

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Une mésentente, mais en aucun cas un conflit. En effet, Parme et D’Aversa se quittent en bons termes comme l’explique la fin du communiqué: «Cependant, rien ne peut effacer les performances indélébiles qui restent gravées dans l’histoire du club ». Après ce licenciement, l’ancien entraineur du Virtus Lanciano s’est lui aussi exprimé: « Merci à mes joueurs pour cette merveilleuse aventure. Nous avons obtenu des résultats impensables grâce au soutien inconditionnel d’hommes passionnés et unis, en famille (…) Les tifosi peuvent être tranquilles, le club est entre de bonnes mains ». Sobre et élégant.

Il faut rendre à D’Aversa ce qui appartient à D’Aversa

Nommé en décembre 2016, Roberto D’Aversa reprend l’équipe qui évolue alors en Serie C. Le natif de Stuttgart va captiver ses joueurs avec sa philosophie de jeu. Et les résultats vont rapidement suivre. À la fin de l’exercice 2016-2017, Parme termine deuxième et obtient la promotion en Serie B. Bis-repetita la saison suivante, D’Aversa et ses hommes obtiennent une deuxième promotion consécutive. Trois ans après l’avoir quitté, Parme retrouve la Serie A.

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Sans aucun doute, l’entraîneur italien s’est imposé comme l’un des meilleurs tacticiens de Serie A. Sous ses ordres, les Parmesans pratiquent un football offensif coordonné à une grosse rigueur tactique. Évoluant majoritairement en 4-3-3, son système préférentiel, D’Aversa accorde une importance capitale à la notion de bloc équipe. Telle une armée romaine, Parme attaque et défend à onze. Dès la perte de balle, le pressing est harmonique, chaque joueur fait des courses intelligentes. À la récupération du ballon, très souvent dans le bloc adverse, Parme fait parler sa qualité technique pour se montrer dangereux aussi bien en attaque rapide que placée.

Avec dans ses rangs des profils très variés, l’architecte italien a crée une équipe qui s’est adaptée à son style de jeu. Une philosophie de jeu qui a permis à de nombreux joueurs de se relancer comme Gervinho. Perdu dans le championnat chinois, il a retrouvé ses sensations pour devenir un véritable cadre de cette équipe. En deux saisons, l’international Ivoirien a inscrit 20 buts en 62 matchs. Kucka s’est aussi relancé du côté de Parme. Après une fin d’aventure tumultueuse à Milan et un exil en Turquie à Trabzonspor, le milieu slovaque s’est imposé comme un élément important du milieu parmesan. Par ailleurs, la grosse surprise se nomme Cornelius. En difficulté à l’Atalanta et après un échec en prêt du côté de Bordeaux, l’attaquant danois a posé les valises à Parma. Un choix de carrière plus que payant: Cornelius termine cette saison meilleur buteur de son équipe avec 12 réalisations pour « seulement » 17 matchs comme titulaire. Une saison référence pour le natif de Copenhague.

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La révélation est elle sans contestation Dejan Kulusevski. Débarqué tout comme Cornelius de l’Atalanta lors de l’été 2019, il a atteint un niveau stratosphérique à seulement 19 ans.
C’est simple, Kulusevski s’est affirmé comme le leader de cette équipe. Initialement milieu de terrain, c’est sur l’aile droite que Roberto D’Aversa va le faire exploser. Une saison remarquable du suédois qui fait déjà ses valises. Il s’est engagé avec la Juve.

Durant cette saison 2019-2020, Parme a longtemps disputé la course à l’Europe avant de craquer en fin d’exercice. En effet, les Parmesans se trouvaient à la 8e place à trois longueurs du Napoli (7e) au moment de l’interruption des championnats. La reprise s’est avérée difficile pour les Crociati (16e au classement post-covid) avec 6 défaites et un match nul de la 28e à la 34e journée. En un peu moins de quatre ans, D’Aversa a laissé une empreinte indélébile au sein du club.

Quel futur?

Après l‘éviction de D’Aversa, les dirigeants parmesans ont rapidement trouvé son successeur en la personne de Fabio Liverani. Entraineur de Lecce la saison passée, il a montré des choses très intéressantes malgré la relégation. Nouveau virage pris par les dirigeants parmesans qui souhaitent déjà se séparer des joueurs à la faible valeur financière. Des départs sont donc à venir comme Bruno Alves âgé de 37 printemps, ou encore de Gervinho. L’international Ivoirien souhaiterait lui aussi partir puisqu’il n’adhère pas à cette nouvelle politique. En parallèle, Parma travaille sur la rénovation de sa prestigieuse enceinte d’Ennio Tardini. L’objectif est d’en faire un stade moderne répondant aux exigences du football actuel. Le virage que prend le club est ambitieux, à condition de faire passer l’aspect sportif avant l’aspect financier.

Au contraire de son ancien club, Roberto D’Aversa n’est pas pressé. L’hypothèse de le voir prendre une année sabbatique est plus que plausible pour un tacticien qui garde une grosse côte en Italie et en Europe. À l’heure actuelle, très peu de rumeurs circulent sur une éventuelle nouvelle aventure dès la saison prochaine. Seul le Genoa semble être, à l’heure actuelle, le seul club vraiment intéressé par le profil de D’Aversa. La principale raison est qu’un certain Daniele Faggiano vient d’y être nommé comme directeur sportif et souhaiterait logiquement faire venir son ancien collègue.

Photo: IconSport

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