[Tactique] Mais pourquoi on s’ennuie en regardant les Bleus ?

Didier Deschamps a été nommé en 2012 à la tête de l’équipe de France. Une finale d’Euro, une victoire en Coupe du monde, mais toujours les mêmes commentaires : «On s’ennuie.» Oui, on s’ennuie. Et la mauvaise nouvelle, c’est que ça ne va pas changer. Analyse tactique du match des Bleus face au Portugal dimanche dernier.

Le sélectionneur des Bleus a une idée très claire du football qu’il veut. Ne pas prendre de risques, ne pas laisser d’espaces et attendre l’erreur de l’adversaire. Non pas provoquer l’erreur de l’adversaire, mais l’attendre. Laisser l’adversaire rentrer dans la toile tissée par les Bleus et le laisser mourir, comme un moucheron dans un piège tendu par une araignée.

Les équipes qui ont marqué l’histoire, par leur jeu, avaient toutes un point commun : une volonté folle d’avoir le ballon. Guardiola, Sacchi, Cruyff ou Michels, tous mettaient en place un pressing. Ils avaient une incroyable envie de récupérer le ballon et de provoquer la perte de balle de l’adversaire.

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Deschamps, lui, a choisi de ne pas être protagoniste. Il ne veut pas le ballon et ne veut pas prendre de risques en le récupérant. Car oui, en pressant l’adversaire, on peut laisser des espaces et donc permettre à l’adversaire d’être dangereux (on peut aussi récupérer le ballon plus vite et plus proche du but adverse, mais ça…).

Les quelques images sélectionnées permettent de mieux comprendre cette position attentiste des Bleus de Deschamps.

Dans les images ci-dessus, on comprend parfaitement la philosophie de Deschamps. L’adversaire a de la place pour progresser ? Pas grave. Ne pressez pas, laissez-les venir, laissez-les tomber dans la toile.


Et même lorsque l’adversaire se rapproche du but, l’idée reste la même. On ressert les lignes, Griezmann se retrouve milieu central, on laisse le porteur de balle libre mais on ne lui laisse aucune option pour avancer, c’est son erreur qui amènera la récupération de balle des Bleus.


Sans ballon, l’équipe sait parfaitement quoi faire. Un bloc court, ne pas sortir sur le porteur de balle pour ne pas laisser d’espaces, et attendre. Attendre que l’adversaire rate. Les Bleus de Deschamps sont des experts de cette philosophie. À aucun moment, le sélectionneur ne veut voir son équipe avec plus de joueurs devant le ballon que derrière.

Toujours assurer une large supériorité lors des moments de construction. Mais qui dit supériorité dans cette zone basse dit infériorité plus haut, dans le bloc adverse.

Ici, on voit clairement l’idée d’avoir des joueurs pour prévenir une perte de balle. On peut jouer long et espérer les seconds ballons, on peut espérer une percée d’un joueur balle au pied, mais on doit surtout penser au moment de la récupération. Toujours.

Une ligne de passe dans le bloc adverse, mais il n’y a qu’un joueur français à l’avant, à savoir Olivier Giroud. Difficile de construire dans ces conditions.

Varane peut trouver Pogba dans le bloc adverse, et ainsi avoir un jeu à 3 avec Pavard pour éliminer le pressing portugais. Mais si Varane perdait la balle ?

Mieux vaut balancer devant et espérer récupérer un second ballon.

On peut critiquer Didier Deschamps, dire que son football n’enthousiasme pas les foules. C’est un fait et les avis à ce sujet sont nombreux. Mais il faut accepter que Deschamps est un maitre dans cette façon de faire, et qu’il n’imagine pas le football sous un autre angle que celui de la victoire.

Même si, comme disait Marcelo Bielsa :

«J’ai du mal à comprendre, à accepter, que tout ce qu’on va offrir aux gens, ce sont des résultats. Car si on ne leur offre pas le football comme un élément esthétique, on est en train d’empirer leur situation en tant qu’êtres humains. Car la valorisation de l’esthétique est une condition qu’ont les êtres humains.»

Crédit photo : Icon Sport

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