Andrés Onrubia Ramos, 22 ans, est un jeune journaliste espagnol mordu de Ligue 1 et de football français. En plus de porter le nom de famille d’un buteur centenaire en Ligue des Champions, il analyse les matchs de notre beau championnat tous les week-ends. Venu tout droit de Madrid, il profite de cette belle année 2020 pour faire son Erasmus à Paris et vivre au plus près sa passion.
Bonjour Andrés, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
Je dirais que je suis un jeune homme qui réalise actuellement son rêve à Paris d’essayer de suivre le football français. J’ai choisi Paris pour m’imprégner du football français, mais malheureusement, la pandémie m’a empêché de réaliser mes rêves. Mais j’ai pu obtenir une accréditation du PSG pour la Ligue des champions et profiter de Paris autant que possible. Je travaille pour le journal AS, l’un des journaux les plus lus en Espagne, pour qui je couvre le football français. J’ai également écrit un livre sur le football français en espagnol et j’ai une chaîne Youtube sur le même thème.
Peux-tu nous raconter comment t’es venue cette passion pour la Ligue 1 ?
Elle est venue par hasard. Quand j’étais enfant, je jouais attaquant et j’ai beaucoup aimé Fernando Morientes. Quand j’avais 6 ans, Monaco a éliminé le Real Madrid de la Ligue des Champions en 2004 et Morientes était à Monaco. J’aimais déjà cette équipe, car elle a battu le Deportivo la Corogne 8-3. Puis, cette équipe de Monaco est arrivée en finale de Ligue des Champions et a perdu contre Porto… Mais deux ans après, Madrid a de nouveau perdu contre une équipe française en Champions : l’OL de Juninho. Je me suis demandé pourquoi les équipes françaises battaient le Real et j’ai commencé à suivre la Ligue 1 petit à petit, puisqu’en Espagne, ils diffusent le match du dimanche à 21h. Puis Twitter est arrivé et j’ai décidé de créer un compte pour parler de football international. Mais j’ai vu un tel niveau que j’ai voulu commencer à suivre la Ligue 1 de plus près. Et c’est à ce moment-là que beaucoup de gens ont commencé à me suivre, car à cette époque, le Cheikh est venu au PSG et de nombreuses équipes espagnoles, dont le FC Séville, ont commencé à s’intéresser aux équipes de Ligue 1.
Quels sont les joueurs qui t’ont marqués dans le football français ?
Comme je l’ai dit, Morientes d’abord et ensuite Juninho. Ce sont les deux joueurs pour lesquels j’ai commencé à suivre la Ligue 1, mais j’ai aussi été marqué par Brandao. J’ai une drôle d’histoire avec lui, car il était mon idole parce que je l’ai confondu avec Falcao. Les noms étaient similaires et je pensais que Marseille avait signé Falcao alors qu’en fait c’était Brandao. Curieusement, il a marqué des buts décisifs pour Marseille, comme en finale de la Coupe de la Ligue contre Lyon, ou en huitième de finale contre l’Inter, ou encore avec Saint-Etienne contre Rennes une autre année en finale de la Coupe de la Ligue (ndlr : 2013). Un autre joueur qui m’a aussi beaucoup marqué c’est Nabil Fékir. J’ai rarement autant apprécié la Ligue 1 que quand il y était, mais dommage qu’il se soit fait les croisés après.
Combien de stades français et de matchs de Ligue 1 as-tu vu ?
J’ai visité plusieurs stades. Par exemple, en Ligue 2, je suis allé au stade du Paris FC et à celui de Châteauroux. En 2018, on est allé voir un Châteauroux-Lorient et nous avons découvert un pub irlandais dans le village, rempli de maillots du monde entier, dont celui de Ponferradina (ndlr : club de D2 espagnole). En Ligue 1, je suis allé à Guingamp (qui est maintenant en Ligue 2), à Nantes, à Bordeaux, à Saint-Etienne ou au PSG. J’aimerais bien aller au Vélodrome !
Quelle a été ta plus belle histoire avec la Ligue 1 ?
C’était à Guingamp. Avec un ami, on y était allé pour couvrir le match Guingamp – Nantes et recueillir des informations pour le livre. On a rencontré un journaliste du Télégramme qui a été surpris par mes connaissances. Il a décidé de faire un reportage sur moi avant Guingamp – Nantes et c’était génial. Pendant ce voyage, j’ai également pu manger avec Raynald Denoueix, grâce à un ami nantais que j’ai rencontré sur Twitter et qui m’a accueilli en Bretagne. C’était un voyage inoubliable.
Quelles comparaisons peux-tu faire entre le football espagnol et le football français ?
Le football français n’a pour l’instant rien à voir avec le football espagnol. C’est plus physique, il y a beaucoup plus de dédoublages individuels sur la ligne de touche et c’est beaucoup plus rapide. Le niveau est bien sûr inférieur et le traitement médiatique est moins fort qu’en Espagne. Parce que j’ai le sentiment qu’en France, le football n’est pas le sport majeur et qu’ils ne donnent pas de traitement médiatique à leurs ligues.
Pour toi qui es espagnol, avec la culture footballistique que l’on connaît en Espagne, quelle est la place justement du journaliste sportif dans une société ?
Le journaliste sportif a une place importante dans la société. Je pense qu’ils sont sous-estimés parce que le football est toujours considéré par la société comme un sport de masse, mais le journalisme sportif est important. D’abord pour dénoncer le football moderne, pour nous montrer des choses qui vont au-delà du foot et pour être un support auquel les jeunes et les fans de football, peuvent se consacrer. Je pense qu’il est essentiel de faire prendre conscience aux jeunes que le journalisme sportif est très important, plus qu’ils ne le pensent.
Tu es collaborateur pour le journal AS en Espagne et participe à quelques émissions pour Radio Marca ou Gol TV, comment est-ce que l’on parle du football français, de la Ligue 1, en Espagne ?
En Espagne, on ne parle globalement pas de la Ligue 1. Il est vrai que Movistar a les droits du championnat, mais en réalité ils ne diffusent que 3 matchs ou au maximum 4 par journée et ils n’y consacrent pas plus de temps dans les médias. Heureusement, je peux parler de la Ligue 1 dans le journal AS et nous essayons de toucher de plus en plus de gens, car j’ai beaucoup d’exposition sur Twitter et sur ma chaîne Youtube qui parle de foot français, il y a déjà plus de 10 000 personnes. Cela n’a pas été facile, mais la perception du football français s’améliore, surtout après les deux demi-finalistes de la dernière Ligue des champions.
Est-ce qu’en Espagne on connaît Lorient, Reims ou Strasbourg ?
En Espagne, Reims est connu pour avoir joué deux finales de la Coupe d’Europe contre le Real Madrid. Je doute que beaucoup de gens connaissent Strasbourg et Lorient, ce sont deux équipes inconnues pour les Espagnols. Mais je ne sais pas s’ils connaissent des joueurs d’un club historique comme Saint-Etienne ou d’un autre comme Nantes. Ils ne regardent pas autre chose que le PSG, Marseille ou Lyon généralement.
Tu as co-écrit le premier livre sur le football français en castillan « Fútbol francés, historias gestas y protagonistas », cela-a-t’il été compliqué ?
Ça n’a pas été compliqué de trouver un éditeur. En fait, ce sont eux qui ont voulu sortir un livre sur le football français car il était en plein essor ces dernières années. Le livre a été un long travail. J’ai fait plusieurs voyages en France, j’ai fait beaucoup de recherches, j’ai dû faire beaucoup de voyages compliqués et quand je l’ai terminé, ma satisfaction était immense. C’est l’un des plus beaux projets que j’ai jamais réalisé dans ma vie et il a été très bien accueilli en Espagne pendant les premiers mois. Nous ne nous attendions pas à ce qu’il soit si bien accueilli.
Tu regardes énormément de matchs de football français, quels sont les clubs et joueurs qui t’impressionnent le plus en ce début de championnat ?
En ce moment c’est difficile de garder juste un joueur ou une équipe qui vous passionne. En France, la plupart des entraineurs sont conservateurs, mais je reste sur Lille. Je pense que Galtier fait un travail fantastique depuis qu’il est arrivé dans le nord de la France. Il gère beaucoup de registres. Il peut jouer le contre mais aussi jouer la possession. C’est un entraîneur qui a beaucoup changé depuis qu’il était à Saint-Etienne. J’aime aussi beaucoup Lens et le système des trois défenseurs centraux. En gardant du recul, cela me rappelle un peu l’Atalanta de Gasperini avec les ailiers qui rentrent si bien de l’extérieur.
Propos recueillis par Anna Carreau pour Ultimo Diez.