La Fiorentina, ce beau bordel

Depuis le début de saison, les matches s’enchaînent et se ressemblent pour la Fiorentina. Le club traverse une grosse crise sportive et n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Avec la nomination de Cesare Prandelli, les dirigeants florentins espèrent voir la machine se relancer.

État d’urgence

La Viola est très certainement LA déception de ce début d’exercice 2020-21 en Serie A. Après huit journées, les Florentins dressent un bilan sportif catastrophique : 17es au classement avec 8 points. En championnat, la formation toscane n’a pas gagné depuis quatre matches, une série durant laquelle elle n’a inscrit aucun but. Actuellement, les Florentins n’ont que deux petites longueurs d’avance sur le Torino, premier relégable. Les places européennes s’éloignent aussi dangereusement : la Roma (6e) se trouve à 9 points. La Fiorentina n’a pas connu un aussi mauvais démarrage depuis la saison 1994-95.

La Viola ne démontre aucun caractère, incapable de réaliser un match plein sur 90 minutes. Il y en a des choses intéressantes, ça oui, mais seulement sur quelques séquences. Souvent, la bande à Ribéry rentre bien dans son match avant de s’effondrer. Exemples contre la Spezia (2-2) ou l’Inter Milan (4-3). Les Florentins ouvrent rapidement le score. Mais dès que l’adversaire met de l’intensité, ils s’éteignent. Le problème n’est pas en terme de qualités techniques.

La Fiorentina dispose de l’un des meilleurs effectifs d’Italie (derrière les Juve, Inter et Napoli). Chaque ligne est fournie par des joueurs internationaux : Pezzella, Caceres, Bonaventura, Ribéry, Castrovilli… Un problème mental qui existait déjà, à un degré moins aigu, la saison dernière. Mais la Fiorentina avait dans ses rangs Federico Chiesa. Bien que critiquable, l’ailier italien a très souvent sauvé son équipe avec ses exploits individuels. Depuis son départ cet été, la Fiorentina en est véritablement orpheline.

En voyant le bateau coulé, Rocco Commisso se devait de réagir. Le 9 novembre dernier, le propriétaire italo-américain décide de se séparer de Giuseppe Iachini, moins d’un an après sa nomination. Si Maurizio Sarri était dans les tuyaux, c’est finalement Cesare Prandelli qui fait son retour en Toscane. C’est le troisième entraîneur à la Fiorentina depuis que Commisso a repris le club en juin 2019. Daniele Pradè, le directeur sportif, a pris la défense de son président : «Commisso a dépensé énormément d’argent depuis son arrivée au club, près de 300 millions d’euros […] Je suis très déçu, le président et les tifosi ne méritent pas cette situation. Nous sommes tous responsables : moi et les joueurs.»

Justement, les supporters commencent à s’impatienter. Preuve en est, ils ont déployé une banderole mardi dernier avant le match contre le Genoa ce lundi. Le message est clair : «Ça suffit, vous avez cassé les c*******. Respectez le maillot !»

Le délicat chantier de Prandelli

Cesare Prandelli fait donc son retour au club dix ans après (2005-2010)*. Un club où le tacticien italien a obtenu des résultats importants, dont deux qualifications consécutives à la Ligue des champions. Après trois matches, son équipe a obtenu une victoire en Coppa contre l’Udinese (1-0) mais surtout deux défaites en championnat contre Benevento (1-0) et l’AC Milan (2-0). Inutile de tirer des plans sur la comète : Prandelli reprend une équipe au fond du gouffre.

Pour en revenir au match contre le Milan, la Fiorentina s’est inclinée en grande partie à cause de la prestation catastrophique de sa défense. Néanmoins, tout n’est pas à jeter. Les Florentins ont montré des choses intéressantes dans l’animation. Ils ont dominé pendant les 30 premières minutes avec beaucoup de mouvements et des échanges qui permettaient au bloc de se projeter vite vers l’avant. Une domination pas concrétisée, la faute aussi à une attaque trop gourmande devant le but. En trois matches, Cesare Prandelli a opéré à quelques modifications tactiques. Fini la défense à trois de Iachini, place à une défense à quatre. L’ancien sélectionneur de la Nazionale n’a pas encore véritablement trouvé son onze titulaire. Sur ces trois premiers matches, Prandelli a utilisé trois dispositifs différents : 4-2-3-1, 4-3-1-2 et 4-4-2.

Dans le secteur défensif, le mal-être est plus profond qu’un simple schéma tactique. Ce sont des erreurs individuelles, des mauvaises relances qui pénalisent cette équipe et non pas une mauvaise adaptation aux exigences tactiques d’une défense à trois ou à quatre. German Pezzella et Martin Caceres, habituellement cadres de cette équipe, ne dégagent plus aucune sérénité. Le travail de Prandelli sur sa défense sera avant tout psychologique. Caceres et Pezzella doivent reprendre confiance en eux.

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Avec ce 4-4-2 contre le Milan, le nouvel entraîneur florentin a utilisé la paire Amrabat-Pulgar devant la défense. Un choix qui s’est avéré à double tranchant. Si les deux milieux se sont très bien entendus et s’imposent comme des valeurs sures, ce système a contraint Castovilli d’évoluer comme milieu gauche. Un poste où l’international italien n’est vraiment pas à l’aise. Un léger casse-tête se dresse donc devant Prandelli. La solution la plus pertinente semble être la mise en place d’un 4-2-3-1. Un système qui correspond aux profils dont dispose le Mister. Avec la paire Amrabat-Pulgar en regista, cela permettrait à Castrovilli de jouer dans l’axe, d’être plus libre et ainsi mieux faire parler ses qualités techniques.

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Avec 10 buts inscrits cette saison, la Viola est la troisième pire attaque de Serie A. Preuve en est : Ribéry, Callejon, Kouamé, Vlahovic et Cutrone ont inscrit à eux cinq seulement 2 buts. Comme en défense, les attaquants florentins font preuve d’un manque de rigueur technique. L’animation offensive fonctionne, mais c’est le dernier geste qui flanche. Cesare Prandelli doit rapidement trouver une solution. Et celle-ci pourrait arriver lors du prochain mercato. Les dirigeants florentins souhaitent (encore) se renforcer. L’une des cibles prioritaires est Arkadiusz Milik. L’attaquant polonais est placé sur la liste des transferts et reste une piste privilégiée de la Fiorentina. Un profil qui pourrait résoudre les maux offensifs. Ce serait déjà ça.

*Cesare Prandelli a été testé positif à la Covid-19 et sera indisponible pour le match contre le Genoa ce lundi. C’est son adjoint Gabriele Pin qui assurera l’intérim.

Crédit photo : IPP / Icon Sport

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