Dimanche soir, le Maroc a été sacré champion d’Afrique. Dans un anonymat relatif, loin de l’exposition d’une CAN (Coupe d’Afrique des Nations), 16 des meilleures sélections africaines se sont disputé le CHAN, le Championnat d’Afrique des Nations.
La promotion du savoir-faire local
Le CHAN, c’est une compétition introduite en 2009 par la Confédération africaine. La particularité de cette compétition réside dans le fait que les effectifs sont exclusivement composés de joueurs locaux. L’idée d’Issa Hayatou, désormais président honoraire de la CAF, était de promouvoir la formation des joueurs locaux.
https://twitter.com/caf_online_FR/status/1358787670097473537?s=20
Avec une part croissante d’internationaux africains binationaux ou évoluant sur le continent européen, la réforme des compétitions continentale s’est imposée à l’agenda des instances. Plutôt que mettre en place des quotas pour chaque sélection, la confédération a fait le choix d’une compétition supplémentaire calquée sur la forme historique de la Coupe d’Afrique des Nations*. Cette grande messe du football africain a lieu tous les deux ans, en alternance avec la CAN. Depuis 2014, la FIFA tient compte des rencontres disputées durant le tournoi pour le classement FIFA.
Retour du public et imbroglio autour des tests PCR
Reporté d’une année en raison de la pandémie, l’organisation du CHAN 2020 a été un véritable défi pour le pays hôte, le Cameroun. Si le public était de retour dans les gradins, les restrictions sanitaires étaient également bien présentes. Au programme : multiplication des tests PCR au sein des délégations et isolement des personnes testées positives.
La neutralité des autorités locales a été mise en cause lorsque le staff de la sélection camerounaise a dévoilé 13 cas positifs de leur futur adversaire en quarts de finale. Complètement décimée, la RD Congo a porté réclamation auprès de la CAF. Lésés sur le fond et sur la forme, les Congolais ont obtenu le droit d’effectuer en urgence de nouveaux tests dans la nuit précédant la rencontre. Nouveaux échantillons et nouveau laboratoire. Les résultats sont tombés quelques heures avant le coup d’envoi : 3 cas positifs contre 13 détectés la veille.
Cette histoire de tests positifs puis négatifs avec les joueurs de RDC (13 passés à 3 dont 2 joueurs) lors du #CHANTotal2020 alimente la polémique : étaient ils vraiment positifs ou positifs car adversaires du Cameroun pays hôte? Imaginez ce qu’on pense à Kin et en RDC now….
— Herve Penot (@hpenot_lequipe) January 30, 2021
Le doublé du Maroc
Au-delà des polémiques, ce que l’on retiendra de l’édition 2020 du CHAN est le succès de la sélection marocaine. Les Lions de l’Atlas triomphent pour la seconde fois consécutive après leur succès à domicile en 2018. Ils rejoignent les Léopards de la RD Congo au sommet du palmarès avec deux titres.
https://twitter.com/caf_online_FR/status/1358547195407044614?s=20
La chasse au Treize-or
Sur l’ensemble de la compétition, le triomphe du Maroc n’a rien de surprenant. L’équipe a su monter en puissance au fil de la compétition. Le succès 4-0 face au Cameroun restera l’un des temps forts de ce succès continental. Les Marocains restent surtout sur une série de 13 matches sans défaite en Championnat d’Afrique des Nations. Une performance inédite jusqu’à présent.
https://twitter.com/SoufianeRahimi2/status/1358804765862420481?s=20
Leader de la ligne d’attaque marocaine, Soufiane Rahimi a su tirer son épingle du jeu. Il finit meilleur buteur et meilleur joueur de la compétition avec 5 réalisations. À 24 ans, l’ailier du Raja AC pourrait prochainement se voir proposer un tremplin vers une écurie européenne comme d’autres talents ayant brillé lors des éditions précédentes.
Le Mali et la Guinée sur le podium
Morlaye Sylla s’est également distingué en portant l’équipe de Guinée à la troisième marche du podium. Le milieu de terrain a décroché 4 distinctions d’homme du match en 5 rencontres disputées. La médaille de bronze obtenue par le Syli national constitue d’ailleurs sa meilleure performance continentale.
https://twitter.com/MorlayeSylla24/status/1358176039353143304?s=20
C’est l’un des atouts du Championnat d’Afrique des Nations. Il n’y a plus vraiment de géant, n’importe quelle nation peut s’imposer. Pour y briller, il faut développer son championnat local, son système de formation et structurer sa direction technique. Il faudra certainement ajouter à ces ingrédients un brin de réussite. Il est vrai que les succès obtenus à cet échelon n’offrent aucune garantie pour le futur. Ils constituent cependant la récompense du travail de structures qui évoluent souvent avec très peu de moyens.
À LIRE AUSSI – Dejan Lovren, témoignages d’une vie tumultueuse loin des terrains
Bien que défait en finale, le sélectionneur du Mali Nouhoum Diané ne perd pas espoir. Son analyse résume assez bien son état d’esprit. «Nous sommes venus pour remporter notre premier trophée mais avons affronté une très bonne équipe marocaine, je crois qu’ils étaient la meilleure équipe du tournoi. Le match d’aujourd’hui s’est décidé sur de petits détails, je tiens à féliciter l’entraîneur Houcine Ammouta. Nous rentrons chez nous et continuons à travailler pour un meilleur futur.»
* La compétition continentale regroupait 16 nations jusqu’à son passage à 24 en 2019.
Crédit photo : PA Images / Icon Sport