Ce vendredi, l’Espagne et le Portugal croiseront le fer au Wanda Metropolitano, dans l’optique de se préparer au mieux à l’Euro 2020. Cent ans après leur première confrontation, les deux géants du football lusitanien partagent encore une profonde rivalité.
Cent ans d’Histoire. Voilà ce qui contemplera Espagnols et Portugais sur la pelouse du Wanda Metropolitano à Madrid. C’est le 18 décembre 1921 que la Selecçao croisait la Selección pour la première fois. Pour leur premier match officiel, les Portugais s’inclinent face à des Espagnols combattifs (3-1). Dès lors, une rivalité est née. En cent ans, les deux protagonistes ont connu des joies, des peines et ont écrit de très belles pages de leurs histoires respectives. Parfois même en jouant l’un contre l’autre. Focus sur une rivalité inédite dans le football européen.
Un duel de frères ennemis
Si on devait qualifier la relation particulière entre l’Espagne et le Portugal, c’est bien le terme de frère qui collerait le mieux. Que ce soit d’un point de vue géographique ou sociétal, les deux nations sont très proches l’une de l’autre. Elles ont même eu le même Roi entre 1580 et 1640. Et de cette culture commune naîtra une passion partagée pour le ballon rond au XXe siècle. Mais comme dans toutes relations fraternelles, il existe une forme de concurrence entre les deux géants de la péninsule ibérique.
Durant ses premières années d’existence, la sélection du Portugal peine à exister sur la scène européenne et internationale. L’Espagne lui barre même la route de la Coupe du Monde à deux reprises. En 1934, les deux équipes se rencontrent à deux reprises et le gagnant de cette double confrontation remporte un billet pour le Mondial. Au match aller, la Roja l’emporte sur le score sans appel de 9-0 avant de s’assurer la qualification au retour (2-1). Ces mêmes Espagnols récidiveront avant le Mondial 1950 en s’adjugeant une victoire cumulée de 7 buts à 3 face à des Portugais impuissants.
Le tournant des années 2000
Les années 2000 ont contribué à faire du football portugais ce qu’il aujourd’hui : un football connu, reconnu et aimé des fans de ce sport. À tous les niveaux, les Portugais brillent. En 2000, Luis Figo devient le premier Ballon d’Or portugais depuis Eusebio en 1965. Le FC Porto de José Mourinho domine l’Europe en remportant la Ligue Europa en 2003, puis la Ligue des Champions en 2004. Lors de cette même année, le pays des Œillets accueille l’Euro et bat pour la première fois l’Espagne lors d’une grande compétition (1-0). Si la Seleção échoue en finale face à la Grèce, elle écrit tout de même l’une des plus belles pages de son histoire.
Dès lors, la rivalité ibérique semble prendre une nouvelle dimension. Les Espagnols se montrent ainsi revanchards à plusieurs reprises. La Furia réalise un triplé inédit dans l’Histoire du football en remportant l’Euro 2008, la Coupe du Monde 2010 et l’Euro 2012. Ils éliminent d’abord leurs voisins lusitaniens en huitième de finale du Mondial 2010 (1-0). Deux ans plus tard à l’Euro, les hommes de Vicente del Bosque écartent ceux de Paulo Bento (0-0, 4-2 t.a.b). Malgré tout, le Portugal remporte son premier trophée majeur lors de l’Euro 2016 et réduit l’écart de palmarès avec l’Espagne.
Malgré tout, une histoire commune
Il serait faux d’affirmer qu’Espagnols et Portugais se haïssent. Si la rivalité entre ces deux grandes nations du foot est indéniable, les deux ont une histoire commune. Les meilleurs joueurs portugais ont joué en Espagne. Cristiano Ronaldo est devenu le meilleur buteur de l’Histoire du Real Madrid et y a soulevé quatre Ligue des Champions. Luis Figo a rempli son armoire à trophée en portant les couleurs du Real et du Barça. Et José Mourinho a occupé le banc Merengue pendant trois saisons.
Si l’inverse est plus difficilement vérifiable, à ce jour seulement dix joueurs espagnols évoluent dans le championnat portugais, les relations semblent bonnes entre les deux nations. En octobre 2020, les dirigeants espagnols et portugais ont signé un accord en vue d’une candidature commune pour accueillir la Coupe du Monde 2030. La rivalité lusitanienne est en définitive sportive et ne dépasse pas le rectangle vert.
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