« Signé Boga », tel était le titre d’un article de la Provence suite à la demi-finale du championnat de Provence opposant les poussins excellence de l’ASPTT Marseille à ceux du Burel, un club local de Marseille où un certain Maxime Lopez a fait ses classes. Cette demi-finale opposait deux des plus belles équipes du département. L’ASPTT menait 2-0, avant de se relâcher et d’encaisser deux buts coup sur coup. Cela n’avait pas vraiment plu à un certain Jérémie Boga, qui dès le coup d’envoi, avec une facilité déconcertante, dribbla quasiment toute l’équipe adverse, fit un une-deux et marqua le but de la victoire.
A cette époque-là, Jérémie était à n’en pas douter le meilleur joueur du département. Il savait tout faire, dribbler, tirer, marquer, passer, défendre. Il pouvait jouer à tous les postes. Même au poste de gardien il était plus que performant, bref c’était un surdoué. Tout le département parlait de lui. De ce fait, il était connu des autres équipes, et chaque joueur adverse se trouvant dans sa zone voulait sortir le grand match pour se targuer d’être le joueur qui avait résisté au petit phénomène.
Suivi de très près par les plus grands clubs de France comme l’OM, l’OL ou encore les Girondins de Bordeaux, il fit couler beaucoup d’encre lorsqu’il décida de rallier Londres et plus précisément Chelsea à l’âge de 11 ans.
Il s’imposa très vite comme une des plus grosses pépites de Chelsea, étant notamment souvent surclassé (il jouait déjà avec les U21, à seulement 15 ans…) Pour illustrer tout ça, on peut se pencher sur un match qui eut lieu au début de la saison 2012-2013 : les U21 de Chelsea étaient alors menés 3-0 face aux U21 des Reds de Liverpool, avant que le prodige de 15 ans entre à la mi-temps et change complètement la physionomie de ce match.
Il s’imposa très vite en tant que titulaire avec les U19 et les U21 de Chelsea dont le centre de formation est l’un des centres les plus performants en Europe, un centre qui possède un vivier de jeunes talents incroyables.
Il gagna notamment la prestigieuse Youth League en 2015 avec deux passes décisives en finale.
Le Special One le fit participer à la préparation de la saison 2014-2015, où Jérémie ne laissa pas indifférent les observateurs, avec notamment un but face au Werder Breme.
Vint alors l’année 2015. Après avoir gagné la Youth League avec les Blues, il était temps pour lui d’entrer dans le monde professionnel et d’éclabousser de son talent l’Europe entière. Suivi par des clubs espagnols, il fut alors prêté dans les derniers jours du mercato au Stade Rennais afin de s’aguerrir et de trouver du temps de jeu.
Cette première saison dans le monde professionnel fut pour le moins mitigée. Il alterna le bon et le moins bon, un coup titulaire un coup remplaçant. En revanche le talent était bel et bien présent : une explosivité incroyable sur les premiers mètres, un toucher de balle impressionnant, une vitesse d’exécution nettement supérieure à la moyenne. Mais ce n’était visiblement pas suffisant pour être titulaire indiscutable dans une équipe où la concurrence était féroce sur le front de l’attaque avec notamment l’émergence d’un certain Ousmane Dembele et la présence de joueurs plus ou moins confirmés comme Paul-Georges Ntep, Giovanni Sio, Kamil Grosicki et Yohan Gourcuff pour ne citer qu’eux. Il s’illustra tout de même en inscrivant 2 buts, et fit étalage de toute sa classe plusieurs fois dans la saison, notamment dans son stade de cœur, face à son équipe, l’OM, où sa technique et sa facilité à éliminer firent souffrir plus d’un défenseur. Enfin, il fit bonne impression à de nombreux consultants comme Daniel Bravo. En somme, pour résumer, le talent était bien là, mais il y avait encore du travail. Ce qu’on pouvait lui reprocher, c’était le fait qu’il ne se surpassait peut-être pas assez, et à l’avenir il devrait être plus régulier sur 90 minutes.
Eté 2016, retour au bercail, mais Jérémie le savait très bien, il devait être une nouvelle fois prêté afin d’obtenir un temps de jeu régulier. Il fut alors prêté à Grenade, modeste club de Liga ayant fini 16ème lors du précédent exercice. Un championnat qui semblait correspondre notamment à ses qualités techniques. Malheureusement il rejoignit une équipe en grande difficulté.
Il était l’un des seuls à pouvoir faire la différence, et c’était très compliqué pour lui de se distinguer à chaque match. De plus il n’était pas tout le temps titulaire et quelques petites blessures l’écartèrent des terrains ce qui freina sa progression. En revanche, le talent était toujours présent, en témoigne son but face au Barça récemment, ou sa prestation face au Real Madrid malgré la correction qu’ont subie les siens. Encore une fois il a tapé dans l’œil des consultants, comme Omar Da Fonseca et Benjamin Da Silva lors de Real-Granada. Son équipe était alors en grande difficulté, mais il était l’un des seuls à surnager, si ce n’est le seul et rendit une copie très propre, ne perdant que très peu de ballons. Il a une grande capacité pour conserver le ballon et ce match là en est le parfait exemple. Nous pourrions aussi parler de son match XXL face au Séville de Sampaoli où il fut élu homme du match, ce qui fut sûrement sa meilleure prestation.
Jérémie a donc brillé face à Séville, et a proposé des prestations plus que correctes face au Real et au Barça, et ce malgré les grandes faiblesses de son équipe. Technique, explosivité sur les 10 premiers mètres, jeu court, et bonne vision de jeu, Jérémie possède de nombreuses cordes à son arc. Il doit cependant encore progresser dans l’intensité et l’engagement du monde professionnel, mais aussi dans la régularité pendant 90 min. A l’avenir, pour s’imposer durablement dans le 11 d’une bonne équipe, il devra soigner ses statistiques et être bien plus décisif (depuis la nomination de Tony Adams au poste d’entraîneur, il ne joue quasiment plus).
Mais n’ayez crainte : celui qui martyrisait toutes les défenses des clubs marseillais est bel et bien une pépite, en témoigne le classement des -20 ans européens paru dans la Gazzetta dello Sport, où le jeune Marseillais se place à la 20ème position.
Il y a peu, Jeremie a décidé d’opter, à l’instar de Gnagnon, Zaha ou encore Maxwell Cornet, pour la sélection ivoirienne, une sélection pleine de promesses.
On ne peut que croiser les doigts pour qu’il trouve, l’an prochain, une équipe avec un peu plus de qualités, qui lui permettra d’exprimer pleinement son talent -et Dieu sait qu’il en a- afin de montrer à toute la France et à l’Europe que c’est bel et un bien un grand espoir du ballon rond.
Viendra alors ce moment où, chaque week-end, nous reverrons en Unes de nos quotidiens sportifs « Signé Boga ».
Crédits photos : Photo Bagu Blanco / Backpage Images / DPPI