Qu’est-ce qu’elle parait loin cette époque où les Gunners terrassaient toutes les pelouses d’Angleterre et d’Europe. Cette fameuse époque où les protégés d’un certain Arsène Wenger étaient surnommés « Les Invincibles » suite à leur incroyable saison 2003-2004, où ils réussirent l’exploit de terminer invaincus en championnat avec 26 victoires et 12 nuls, une performance extraordinaire (en Angleterre seul Preston North End FC a réalisé un tel exploit, lors de le saison 1889-1890 avec 18 victoires, 4 nuls et 0 défaites) et très peu égalée dans les cinq grands championnats européens.

Le 30 septembre 1996, Peter Hill-Wood, président des Gunners, nomme Arsène Wenger à la tête du club londonien. Alors inconnu du public Anglais, il est surnommé Arsène Who lors de son arrivée par les journalistes locaux.

Avant l’ère Wenger, Arsenal était considéré comme un bon club anglais, ayant un palmarès très honorable, en attestent les 11 titres de champion et les 6 FA Cup glanées. Le 18ème entraîneur et le premier non-britannique dans l’histoire d’Arsenal va avoir un impact considérable sur le club. Il va tout d’abord insuffler une nouvelle philosophie de jeu basée sur la conservation de balle et tournée vers l’offensive. Il sera connu pour son recrutement axé principalement vers des jeunes afin de les faire progresser mais aussi vers des « Frenchies » avec notamment les recrutements de Thierry Henry, Patrick Vieira ou encore Robert Pires pour ne citer qu’eux. Les débuts d’Arsène à la tête du club sont tonitruants : en effet, dès sa deuxième saison, il fait un doublé coupe-championnat, le deuxième dans l’histoire du club. Il marque très vite les esprits, et rassure les nombreux supporters pessimistes lors de son arrivée. Très bon formateur, il va réussir à hausser le niveau de bon nombre de joueurs et il sera très rusé sur le marché des transferts pour dénicher des affaires en or (Henry, Vieira, Fabregas).

Vient alors mai 2004. Les Invincibles sont sacrés champions d’Angleterre et s’inclinent face à Chelsea en quart de finale de la coupe aux grandes oreilles. Il ne manque donc plus qu’une Ligue des Champions aux Gunners pour entrer dans une nouvelle dimension, mais malheureusement les protégés du natif de Strasbourg s’arrêteront aux portes de la finale en 2006. En mai de cette même année, au Stade de France, ils s’inclinent 2-1 face au Barça de Ronaldinho et Messi, après avoir mené pendant une heure 0-1 à 10 contre 11 suite à l’expulsion de Lehmann. Malgré leur infériorité numérique, Arsenal fait plus que jeu égal avec les Blaugranas, mais qu’importe, ce sont bel et bien les Catalans qui finissent vainqueurs, et Arsenal repart bredouille une nouvelle fois en Champions League.

9 ans s’écoulent avant de voir un nouveau trophée arriver à Arsenal. Depuis 2014, les joueurs d’Arsène Wenger ont remporté 2 FA Cup et 2 Community Shield. Cela reste très insuffisant pour un club du standing d’Arsenal. En effet, Arsenal surnommé Arsen4l par ses détracteurs, ne gagne plus le titre de PL depuis 2004, ne dépasse plus les 8èmes de finale depuis maintenant 8 ans, et se fait humilier d’année en année par les cadors européens. Le surnom « Barça d’Angleterre » n’est clairement plus d’actualité vu la qualité de jeu proposée par les Gunners depuis quelques temps, malgré quelques coups d’éclats. A cela, nous pourrions ajouter le manque de compétence et de rigueur lors des mercatos. Les investissements effectués sont rarement à la hauteur des espérances, et les dirigeants d’Arsenal, y compris Wenger, sont considérés comme très frileux sur le marché des transferts (à de nombreuses reprises, les supporters du club ont manifesté leur mécontentement à travers certains chants ou bannières « Wenger spend some fucking money »). Ajoutons à cela une incapacité à recruter des grands joueurs ou des cibles prioritaires comme ce fut le cas récemment pour Julian Draxler qui a préféré rallier Paris, ou dernièrement pour Alexandre Lacazette qui semblerait se diriger vers l’Atletico Madrid. Comment ne pas évoquer aussi les difficultés incessantes qu’Arsenal rencontre lorsqu’ils font face aux grosses cylindrées de la PL ( 2V 3N 5D face au top 6 cette saison) .

Cette saison 2016-2017 n’a fait qu’empirer les choses, avec une non-qualification pour la Ligue des Champions, ce qui n’était plus arrivé depuis plus de deux décennies pour Arsenal. Pour illustrer cette perpétuelle régression, Tottenham a fini devant Arsenal en championnat, une première sous l’ère Wenger, ce qui n’a pas vraiment plu aux fans d’Arsenal.

Ces éléments entraînent une impatience grandissante chez les supporters du club. Une piètre qualité de jeu, pas de titres de champion, pas de réelles ambitions en Ligue des champions, de lourds revers face aux grandes équipes anglaises et européennes, des recrues rarement satisfaisantes, un centre de formation pour le moins médiocre, comment éviter la traditionnelle question, que chaque fan d’Arsenal se pose : Wenger In ou Wenger OUT ?

Cette question revient avec insistance depuis quelques années. En effet c’est une aberration de traverser une période de 9 ans sans titre pour Arsenal. Comment ne pas évoquer la saison 2015-2016 où Arsenal finit second derrière Leicester, une saison sans avoir de réels concurrents, une saison où le titre leur tendait les bras, une saison où Arsenal rate le coche… une habitude depuis 2004. Quel serait donc le meilleur choix à faire pour Arsenal ? Faut-il privilégier la stabilité, à savoir un coach qui a une grande connaissance du club, qui est présent depuis 20 ans, qui a connu de grands succès, qui est soutenu par la majorité des joueurs, qui a assuré pendant 19 ans une place dans le Big four ; mais aussi, un manager qui n’a plus gagné de PL depuis maintenant 12 ans, qui n’arrive plus à dépasser les 8èmes de finale de la plus grande des compétitions européennes, qui a de grandes difficultés à s’adapter aux tactiques mises en place par les grands techniciens adverses, qui a du mal à évoluer et à renouveler son approche des matchs. Ou faut-il tenter le coup, en optant pour un nouvel entraîneur qui arrivera à tirer le meilleur des joueurs et qui ramènera, peut-être, le titre tant attendu ?

Certains noms reviennent fréquemment, Tuchel de Dortmund qui est en conflit avec sa direction, Jardim élu meilleur entraîneur de Ligue 1 et Champion de France, Eddie Howe, jeune entraîneur prometteur à Bournemouth, ou encore Max Allegri quadruple vainqueur de la Serie A et qui a mené à deux reprises la Juve en finale de Ligue des Champions. Ces entraîneurs qui ont récemment prouvé dans leurs clubs respectifs pourront probablement tirer le meilleur des joueurs d’Arsenal, en installant de nouvelles tactiques et directives.

Les avis sont partagés. Certains expriment leur scepticisme en cas de départ de Wenger et pensent directement à l’après Ferguson à Man U qui malgré des ressources financières incroyables stagne depuis 2013 avec notamment 3 entraîneurs différents en 4 ans.

Un élément que certains semblent oublier et qui dédouane Arsène Wenger est le fait qu’il a dû composer avec les moyens du bord lorsqu’Arsenal devait rembourser l’emprunt du stade. Il était donc obligé de miser sur des jeunes talents, afin de dégager une large plus-value lors de leurs reventes quelques années plus tard. Durant ces années-là, il n’y avait pas de titre mais les qualités de formateur de Wenger n’étaient pas à remettre en cause.

Les WengerOUT peuvent aussi contrer ces arguments en faisant référence aux Blues de Chelsea. Ces derniers ont licencié Le Mou quelques mois seulement après son doublé en 2015 suite à de très mauvais résultats. Quelques mois plus tard Antonio Conte a pris les rênes de l’équipe et vient tout juste d’être sacré champion d’Angleterre (Chelsea c’est 5 entraîneurs en 5 ans, c’est 2 PL, 1 LDC, 1 EL, 1 CUP et 1 Carling Cup, Arsenal c’est 1 entraîneur en 5 ans pour seulement 2 FA CUP et 2 Community Shield).

Opter pour la stabilité, à savoir finir européen chaque saison, et prôner un jeu offensif basé sur la conservation de balle, ou prendre des risques et prendre un nouvel entraîneur qui ramènera Arsenal à la place qu’il mérite ? Cette question sera tranchée par les dirigeants d’Arsenal après la finale de FA Cup qui aura lieu face aux protégés d’un certain Antonio Conte le 27 mai à Wembley. Mais une prolongation de contrat portant sur deux années supplémentaires attendrait Wenger. Détail qui peut se révéler être important, Arsenal vient tout juste de finir 5ème et donc ne disputera pas la prochaine édition de la Ligue des Champions, une première sous l’ère Wenger. Suffisant pour ne pas prolonger le coach français ?

Malgré des résultats sportifs décevants, une qualité de jeu médiocre, des échecs sur le mercato, doit-on être aussi critique envers Wenger ? On peut se le demander, surtout lorsqu’on prend le temps d’observer les résultats obtenus cette saison par Pep Guardiola, Klopp ou encore José Mourinho qui font partie tous les trois du gratin des entraîneurs. Pep Guardiola fut éliminé dès le cap des 8èmes en ligue des champions par l’AS Monaco et finit 3ème de Premier League. Jurgen Klopp, sans disputer de compétition continentale, a fini 4ème et n’a remporté aucun titre. Ce sont des performances très similaires à celles de Wenger lors de ces dernières années, l’abattage médiatique en moins.

On parle énormément de l’avenir de Wenger, mais qu’en est-il de celui des dirigeants d’Arsenal ? Ceux-là sont à blâmer. Beaucoup de supporters d’Arsenal ont exprimé leur mécontentement. Les dirigeants du club du nord de Londres sont essentiellement là pour faire du profit (4ème club le plus rentable du monde en 2016). Les places de l’Emirates Stadium sont excessivement chères, ce sont les places les plus chères d’Europe. Les abonnements les moins chers commençaient à 1334 euros en 2016 (ce qui fait de l’Emirates Stadium le stade le plus rentable du monde avec 132 millions de profit en 2016) et même les supporters du Bayern se sont plaints du prix des places lors d’un match à l’Emirates. Le prix des places pour les rencontres européennes va néanmoins diminuer puisque les Gunners participeront à la prochaine édition de la Ligue Europa. On peut donc comprendre leur volonté de conserver Arsène, qui fera son travail, à savoir finir européen chaque saison et donc récupérer les revenus directs et les droits TV. C’est l’un des seuls clubs d’Europe qui dégage régulièrement des bénéfices.

De plus, on peut aussi parler de quelques conflits internes, notamment entre les deux actionnaires. D’un côté nous avons l’homme d’affaires Américain Kroenke détenant environ 66% d’Arsenal qui est plus là pour investir afin de gagner l’argent que de gagner des titres. De l’autre côté il y a Alisher Usmanov qui détient environ 30% du club, ayant souvent critiqué le mode de gestion dit prudent de Kroenke. Pour illustrer ces tensions ambiantes, Usmanov vient de faire une offre à hauteur de 1.3 milliards à Kroenke pour racheter les 2/3 du club. Mais Kroenke ne semble pas décider à vendre ses parts pour l’instant.

De plus on ne peut que constater le niveau déplorable des jeunes à Arsenal, eux qui n’ont pas dépassé le cadre des quarts de finale en Youth League depuis sa création. Ils souffrent terriblement de la comparaison avec leurs homologues de Chelsea. Peu de joueurs sortent du centre de formation, excepté récemment le prometteur Alex Iwobi. Ce sont souvent des joueurs récupérés à l’âge de 16-17 ans en provenance d’autres centres, qui arrivent à faire leur trou en équipe première (Fabregas et Bellerin). Enfin, l’absence d’un vrai directeur sportif est un élément non négligeable à prendre en compte. Le club a toutes les difficultés du monde pour faire de bons coups sur le marché des transferts (malgré la récente signature de Kolasinac qui arrive libre de Schalke)

Monchi était libre, Leonardo l’est aussi, mais rassurez-vous pour vos clubs, aucun directeur sportif de renom n’ira à Arsenal tant qu’Arsène et cette direction seront là.

Enfin, les observateurs, au même titre que les supporters se posent énormément de questions concernant l’effectif actuel. En effet, dans cette équipe-là, quels joueurs auraient réellement leur place dans l’effectif des Invincibles, qualitativement et mentalement parlant ? On serait tenté de dire 5-6 joueurs grand maximum. Alexis Sanchez est le meilleur joueur des Gunners cette saison, extrêmement décisif, et sera à coup sûr un des grands feuilletons de l’été quant à sa prolongation au club et ses envies de départ. Même son de cloche pour Mesut Ozil, qui aura fait une saison pour le moins mitigée, mais qui reste l’un des rares joueurs de classe mondiale de cet effectif, et dont l’avenir n’est pas encore connu. On peut se demander si des joueurs comme Walcott, Coquelin, Elneny, Giroud, Welbeck, Gibbs, Gabriel, Debuchy, Jenkinson ou encore Mertesacker ont le niveau requis pour jouer à Arsenal. Des joueurs talentueux comme Bellerin ou Ramsey ont eu énormément de difficultés cette saison. Le Captain Kos a quant à lui fait une bonne saison, il est très régulier et est un des seuls à avoir prouvé depuis son arrivée il y a bientôt 7 ans.

Bref, si Arsenal veut retrouver les sommets, il faudra faire un grand ménage au sein de l’effectif et enfin frapper un grand coup sur le marché des transferts (Arsenal disposerait d’une enveloppe financière de 200 millions d’Euros pour le mercato estival, espérons qu’ils l’utilisent à bon escient), tout en développant de façon considérable son centre de formation afin de faire éclore de nombreux talents en s’inspirant de ce que font Chelsea ou encore Manchester United dont les centres regorgent de pépites. Il faudra bien entendu revoir l’ensemble de l’organigramme du club, et privilégier les titres et la bonne santé financière du club plutôt que la recherche perpétuelle de profit. Enfin viendra le moment où on devra prendre la bonne décision concernant le cas Wenger, à savoir le garder ou le licencier. Sans oublier de changer entièrement l’équipe médicale, au vu du nombre récurrent de blessés chaque saison, ou alors de préconiser une nouvelle préparation physique plus adaptée. Cette saison est dans la lignée des précédentes, un bon début de saison, bien situé au moment du Boxing Day, et un effondrement collectif à partir de février, avec deux humiliations en prime face aux Bavarois (10-2). Vient s’ajouter à cela une piètre qualité de jeu depuis quelques mois (seul très bon match de la saison face aux Blues de Conte qui étaient loin d’être le Chelsea de 2017). Et surtout une non qualification pour la prochaine Ligue des Champions, ce qui est une première sous l’ère Wenger. En somme, seule la FA Cup pourrait sauver les apparences et encore, cela ne sera pas suffisant. Depuis 2006 les saisons se suivent et se ressemblent pour Arsenal, mais le sentiment de régression augmente, surtout sur la scène européenne.

Ah oui, elle parait très loin l’époque des Invincibles, mais avec du changement, pourquoi ne pas croire à un retour au premier plan du plus grand club du nord de Londres ?

Crédits photos : AFP PHOTO / IKIMAGES / Ian KINGTON

@LorenzWho

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