Passé notamment par Saint-Etienne ou Bordeaux en tant que joueur, l’ancien coach de Sion Didier Tholot est dans l’attente d’un nouveau challenge. Il revient pour Ultimo Diez sur ses projets futurs, sa vision du métier d’entraîneur et la Ligue 1 actuelle. Interview de l’homme qui a marqué contre le Milan AC en 1996. Entre autres.
Pour commencer, êtes-vous à la recherche d’un nouveau challenge ? A quoi ressemblerait ce défi ?
Bien sûr que suis à la recherche, le terrain me manque. J’ai arrêté avec Sion, depuis j’ai pris un peu de temps. J’ai refusé quelques sollicitations car j’ai envie d’un projet qui tire vers le haut niveau, qui soit intéressant. Reprendre une équipe en difficulté, ça ne me fait pas peur, je veux simplement quelque chose de concret où je puisse m’investir à fond.
Vous recherchez avant tout un défi sur le long terme ?
Aujourd’hui, dans le football, le long terme ne correspond pas à grand chose. Moi j’ai de l’ambition, j’ai connu l’Europa League et des victoires en Coupe avec Sion, j’ai envie de revivre des moments comme cela. A l’étranger ou en France, ça ne me pose pas de souci.
Vous êtes entraîneur depuis 2002, quelles évolutions avez-vous constaté dans ce métier depuis que vous le pratiquez ?
La communication y est beaucoup plus importante. Les jeunes joueurs sont de plus en plus entourés, il y a beaucoup plus de médiatisation. Il faut avoir un rapport différent avec son groupe : le management, au-delà des séances physiques et tactiques est très important. Le foot va aussi plus vite, est plus disséqué et formaté donc il faut trouver d’autres leviers avec les joueurs.
Aujourd’hui, on ne peut pas parler de la même chose à tout le monde dans un groupe. Il y a des psychologies, des attitudes différentes. Il faut bouger certains joueurs, en encourager d’autres… On est plus dans l’individualité que dans le collectif. Attention, c’est bien le groupe qui fait avancer l’équipe mais aujourd’hui, l’entraîneur doit individualiser son discours avec chaque joueur.
Quels sont les entraîneurs qui vous ont marqué durant votre carrière de joueur et dont vous vous inspirez ?
Il faut d’abord garder sa personnalité, sa vision du football, mais je me suis inspiré de Christian Gross que j’ai eu en Suisse pour le mental, de Rolland Courbis pour ce qui est de la motivation et de la tactique. J’essaye de prendre à droite à gauche tout en l’adaptant à ma propre personnalité. L’important aujourd’hui quand on entraîne, c’est d’être soi-même.
Par rapport à ce qui se fait actuellement, de quels entraîneurs admirez-vous le travail ?
Celui qui est en train de faire quelque chose qu’on attendait pas, c’est Pélissier à Amiens. Après, Conte, Guardiola sont des entraîneurs qui imposent quelque chose, qui ont une identité. C’est d’ailleurs là qu’il faut valoriser le travail de Pélissier car il n’a pas forcément les individualités capables de faire gagner des matchs comme les ont Guardiola ou Conte…
On a parlé de vous à l’ASSE après le départ d’Oscar Garcia, quel regard portez-vous sur le passage difficile que traversent les Verts ?
Je suis triste parce que je suis Stéphanois, parce que je connais les valeurs pour y avoir joué. Des entraîneurs sont en place, voient sûrement mieux les choses que nous de l’extérieur. C’est aussi très valorisant pour un entraîneur d’être dans la difficulté, et de réussir à trouver les leviers pour faire remonter l’équipe au classement.
Bordeaux, où vous avez passé de belles années, est aussi en difficulté…
C’est sûr que ce n’est pas une équipe qui va survoler ses adversaires, imposer son jeu. Les Girondins ont réalisé un très bon début de saison mais avec beaucoup de réussite. Ils sont très à l’aise lorsqu’ils ouvrent le score, comme contre Saint-Etienne, et beaucoup moins lorsqu’ils doivent souffrir pour revenir. L’équipe est très dépendante de certaines individualités.
Vous êtes à la recherche d’un club, sur quoi mettez-vous l’accent en premier lorsque vous arrivez ?
Je dis avant tout que c’est un nouveau départ, que je ne suis pas là pour juger ce qui a été fait avant. Je remets tout le monde sur un pied d’égalité pour définir un projet de jeu en fonction des joueurs. On peut vouloir la maîtrise du ballon, mais sans joueurs fins techniquement, c’est compliqué. Il faut jouer en fonction des caractéristiques de son groupe. Moi je veux jouer au ballon, ressortir de derrière, j’aime avoir un point de fixation devant, des joueurs qui vont vite dans les couloirs… Mais il faut pouvoir s’adapter aux adversaires et au groupe.
Vous aimez maîtriser le ballon, quelle équipe le fait le mieux selon vous en Ligue 1, en dehors de Paris ?
J’aime bien ce qui est fait à Dijon, mais aussi à Amiens, dans la volonté de bien défendre en bloc, de ne rien lâcher. Le jeu, le déplacement proposés à Dijon me plaisent, tout comme les valeurs de dépassement de soi à Amiens.
Une question bonus : quel joueur vous ressemble le plus en Ligue 1 en ce moment ?
Cavani. Ses courses, ses efforts pour le collectif, le fait qu’on ne l’entende pas beaucoup… Il a été critiqué, on disait qu’il n’était pas au niveau de Paris et on se rend compte que si, finalement. Quand tu travailles pour l’équipe comme il le fait, tu as le droit, à un moment, de rater des occasions parce que tu as moins de fraîcheur. C’est ce que j’essayais de faire, pas forcément au niveau de Cavani mais j’essayais (rires).
Crédits photo : CITIZENSIDE / ALEXANDRE RIBEIRO / Citizenside