Présent à la Conférence de lancement de la Coupe du Monde, Grégoire Margotton a pris du temps pour répondre à nos questions. À quelques jours du départ pour la Russie, le commentateur phare de TF1 revient avec nous sur sa carrière, la compétition qui s’annonce et la Ligue des Champions.
Ça fait maintenant deux ans que vous êtes commentateur chez TF1. Quel effet cela vous fait-il de pouvoir commenter une telle compétition sur une chaîne généraliste comme TF1 ?
C’est la compétition qui est importante, pas la chaîne. Je suis juste super content de participer à une Coupe du Monde et que ça soit clair pour les gens. Ceux qui voudront tout voir s’abonneront à beIN, et puis ceux qui voudront voir, en clair, les plus beaux matchs, ils nous suivront sur TF1. Ça, pour une fois, c’est clair. Malheureusement, le foot n’est plus très clair pour tout le monde. Quand on parle de Ligue des champions ou de Ligue 1, il y en a partout et c’est compliqué à suivre pour les gens. Là au moins, pendant un mois ça sera clair, et je suis content d’être du côté clair de la force (rires).
Comment on prépare une telle compétition ?
Il y a une grande préparation en amont, depuis deux-trois ans. Je regarde les matchs de Ligue des champions, ceux des sélections. J’ai commenté la France donc ma culture se fait petit à petit. Et puis il y a la préparation finale dans les dernières semaines. Je sais que je vais faire une dizaine de matchs au premier tour, je fais des fiches pour chaque match. Je commence par le match d’ouverture Russie – Arabie Saoudite, le fameux petrolico (rires).
Vous aviez quitté Canal+ afin d’avoir davantage de temps à consacrer à votre famille. Est-ce que ça ne vous manque pas de commenter chaque week-end ?
Non, pas du tout. De toute façon, ça n’aura duré que deux ans. Avec Téléfoot à la rentrée, c’est fini. (NDLR : Grégoire Margotton remplacera Christian Jeanpierre à la présentation de Téléfoot au terme de la Coupe du Monde).
Justement, qu’est-ce que représente Téléfoot pour vous et le fait de pouvoir présenter l’émission ?
D’une, ça ne se refuse pas. Quand Téléfoot est né, j’avais 7 ou 8 ans. J’ai vu les premiers Téléfoot et c’était un ovni à l’époque parce que c’était inédit d’avoir des résumés de matchs et des buts le samedi soir. Ça tombait du ciel. Téléfoot, c’était Dieu. C’était génial à vivre. Et puis j’en discute aujourd’hui avec mon fils de 17 ans qui me dit : « Moi je regarde, tous mes potes regardent Téléfoot aussi. » Ça m’a mis la pression et ça m’a d’autant plus donné envie.
Quel est votre favori pour la Coupe du Monde ?
Le favori, c’est celui qui a déjà gagné, qui a l’habitude d’être là et qui gère la pression : c’est l’Allemagne.
Devant l’Espagne ?
Oui, parce que l’Espagne était déjà beaucoup mieux sur le papier à l’Euro, et on a vu ce qu’il s’est passé. L’Espagne est juste en dessous avec le Brésil pour moi, et la France est juste en dessous de ceux-là.
A propos de l’Équipe de France, comment voyez-vous les chances des Bleus au mondial ?
Je ne les vois pas forcément champions du Monde avant le début du tournoi. Mais quand on se retrouvera en demi-finale, avec eux je l’espère, ça voudra dire qu’ils sont déjà allés loin, qu’ils ont progressé, et à ce moment-là, ils auront autant de chances que les autres.
Avez-vous été surpris par la liste des 23 de Didier Deschamps, notamment par l’absence d’Adrien Rabiot ?
Non. La logique de Deschamps est une logique de foot, de doublements de postes à chaque fois. Il fallait quelqu’un pour être sentinelle, quelqu’un d’autre que N’Golo Kanté. Rabiot a toujours dit qu’il ne voulait pas jouer sentinelle, donc ça lui coupait déjà une possibilité. Ensuite, Deschamps juge les hommes, le comportement. Ça joue beaucoup. Pour avoir bossé sur « 98, secrets d’une victoire » (NDLR : un documentaire de Grégoire Margotton et Nicolas Glimois), ça avait beaucoup joué dans les choix d’Aimé Jacquet aussi. Je suis triste pour Adrien Rabiot, bien qu’un tout petit peu moins depuis sa réaction. Je lui souhaite beaucoup de bonheur car il a beaucoup de talent, mais il va falloir qu’il réfléchisse à ce qu’il veut faire de sa vie professionnelle. Mais je l’aime beaucoup. Sur le talent pur, il mérite d’être dans les 23. J’espère que dans deux ans, à l’Euro, et dans quatre ans, il reviendra, mais il faut qu’il réfléchisse entre temps.
On vous connaît grand amoureux de Liverpool. Que pensez-vous de leur parcours en Ligue des champions et de la finale qui arrive ? (NDLR : interview réalisée quelques jours avant la finale)
Je pense que c’est une équipe de coupes, tout du moins cette année. Elle a montré jusqu’en demi-finale qu’elle était capable d’exploser n’importe qui, mais qu’elle pouvait aussi exploser face à des équipes moins fortes qu’elle. C’est une équipe qui me fait vibrer parce que ça joue à 200 à l’heure. J’adore les trois de devant, j’adore Jürgen Kloop. C’est une équipe qui a retrouvé un peu d’équilibre avec l’arrivée de van Dijk derrière, qui est donc un peu plus solide qu’en début de saison. C’est aussi une équipe qui a plein de défauts, mais qui a des qualités que j’aime beaucoup. Elle peut prendre 3-0 contre le Real, mais elle peut aussi mener 2-0 après 20 minutes. Ce que je sais, c’est que ça sera une finale de chez finale. Ça ne sera pas la finale de la Ligue Europa qui a été un peu compliquée, tendue et pas très spectaculaire. Celle-là, si elle n’est pas spectaculaire, vous avez le droit de m’appeler pendant le match et m’insulter. Je la sens vraiment bien. Je pense que Madrid va gagner, mais… il y a un gros « mais » qui me fait vibrer très fort.
Un grand merci à Grégoire Margotton pour sa disponibilité.
Crédits photo : JB Autissier / Panoramic / Sport24