« PER MILITO, MILITO, MILITO, RETE, RETE, RETE », une phrase qui sonne aujourd’hui encore comme une mélodie dans les oreilles des tifosi de l’Inter. Maurizio Compagnoni, commentateur chez SKY Sports est l’auteur de ce combo devenu légendaire du côté de la Curva Nord. Cet enchaînement naît en 2009, période pendant laquelle l’Inter et Diego Milito marchent sur l’Italie et l’Europe. Un chapitre qui sera clôturé face à Sienne, un 16 Mai 2010 sur un but d’Il Principe. Depuis, l’Internazionale n’a remporté qu’une Supercoupe, une Coupe du monde des clubs dans la continuité du triplé et une coupe d’Italie sous Leonardo en 2011. Une malédiction qui pourrait disparaître cette saison.
Les nouveaux ghostbusters nerazzurri
Au soir du premier match de Serie A 2018-2019, l’Inter part sur une huitième saison sans trophées. Une anomalie qui perdure depuis bientôt une décennie. Le dernier trophée glané est une Coupe du monde des Clubs face au TP Mazembe. À la suite du triplé, dix entraîneurs différents se sont assis sur le banc nerazzuro. À l’aube du nouvel exercice, l’Inter est enfin paré à redorer un blason sali par ses protagonistes et des prestations plus honteuses les unes que les autres. Entre le ridicule mandat Frank de Boer, l’épisode Guarín ou la dernière place en phase de poules d’Europa League, les tifosi ont connu des saisons épouvantables. La donne est au changement depuis quelques mois et deux hommes sont derrière ce redressement.
Capitaine du club interiste depuis 2015, Mauro Icardi est celui qui incarne le renouveau du club. Porte-drapeau du club nerazzuro, l’ancienne pépite de la Samp débute sa sixième saison sous le maillot noir et bleu. L’Argentin est celui qui fait le liant entre la période de trouble des années 2010 et le renouveau actuel. C’est celui qui a terminé pratiquement chaque saison meilleur buteur du club. Mais une nouvelle mission l’incombe, celle de faire de l’Inter le principal rival de la Juventus. Car oui, les Nerazzuri ont matière à lutter pour la course au Scudetto cette saison, et cela passera par un Icardi de gala. Après une saison à 29 buts en 34 matchs, les attentes autour du Capocannoniere de l’exercice précédent sont fortes. Arrivé comme un enfant au club, il est désormais considéré comme un homme par ses tifosi (avec qui la relation a souvent été tendue) mais surtout par ses coéquipiers. En tant que capitaine, il a pris le temps d’appeler chacune des sept recrues du mercato estival pour leur montrer ce que représente l’Inter à l’échelle nationale et internationale. Un savoir-faire dont il a hérité d’un autre argentin et capitaine, la bandiera nerazzura Javier Zanetti.
L’autre homme fort est évidemment l’entraîneur, Luciano Spalletti. L’ancien mister de la Roma avait pour mission d’amener l’Inter en Ligue des champions. Un objectif rempli à la 38ème journée dans un match épique face à la Lazio au Stadio Olimpico. Une saison réussie pour le board qui espérait plus que tout une qualification pour la plus belle des compétitions. Si le football n’était pas forcément au rendez-vous lors du précédent exercice, l’Inter a renoué avec une défense solide. Seulement 30 buts encaissés pour Samir Handanovič et avec en complément, l’explosion du jeune défenseur slovaque Milan Skriniar. La grande réussite de Spalletti aura été de transformer une somme d’individualités en collectif de qualité. Pendant qu’Icardi réalisait sa meilleure saison sur le plan comptable, la défense interiste dégoûtait les attaquants de Serie A. Cinq rencontres face aux équipes du Top 5 qui se terminent sur un score de parité dont quatre par des matchs sans but. Le point d’orgue de ces matchs disputés restent celles face au Napoli. Des parties cadenassées qui découleront sur deux matchs 0-0 et une des punchlines de l’année, signé Maurizio Sarri.
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Alors que le peuple nerazzuro rêvait de voir Diego Simeone débarquer, Luciano Spalletti est arrivé avec la modestie qu’on lui connaît. Sa franchise et sa fraîcheur ont rapidement conquis des supporters qui attendaient depuis le départ de Mourinho un homme qui pourrait mettre en valeur l’institution Inter. Avec Spalletti, le club est de nouveau respecté à l’échelle nationale mais aussi internationale. Maintenant, le plus dur se profile. Tout laisse à présager que la fameuse deuxième saison risque de galvaniser tout un club.
Le syndrome de la seconde saison pour exorciser la malédiction
L’histoire raconte que José Mourinho est à son top lors de ses deuxièmes saisons dans un club. FC Porto, Chelsea lors de son premier passage, Real Madrid ou Manchester United et puis à l’Inter. Un triplé en 2010 qui couronnera son mandat nerazzuro. Seulement deux ans à la tête du club intériste mais une place au panthéon des meilleurs entraîneurs de l’histoire du club. Et pourtant, la saison avait commencé par un match compliqué face à Bari où les coéquipiers de Diego Milito sont tenus en échec par le promu, entraîné par Giampiero Ventura à l’époque. Mais tous les signaux laissaient présager une grande et belle saison pour le club interiste, à commencer par un recrutement de qualité.
Le départ de Zlatan Ibrahimović, meilleur joueur de Serie A à l’époque mais vrai vampire dans le jeu a permis à Massimo Moratti de récupérer une cinquantaine de millions d’euros et le meilleur 9 d’Europe de l’époque, Samuel Eto’o. Cet argent a été réinvesti parfaitement sur des joueurs fiables comme Lúcio, Diego Milito et surtout Wesley Sneijder. Partout où est passé l’entraîneur portugais, il possédait dans son équipe un milieu de terrain d’exception, capable d’exceller dans la dernière passe, sur coups de pied arrêtés et sur des tirs longues distances. Wesley Sneijder devait être le nouveau Deco ou Frank Lampard, il sera finalement un mix des deux et va réaliser la plus belle saison de sa carrière sous la direction du Mou. 57 matchs plus tard, l’Inter réalise le triplé. D’Esteban Cambiasso, en passant par Walter Samuel, Julio César, le transfuge laziale mais très important Goran Pandev et évidemment Diego Milito, tous ont atteint un niveau stratosphérique. Un groupe parfaitement composé entre l’expérience des plus anciens et d’autres qui arrivent à maturité, le tout orchestré par le meilleur entraîneur de l’époque.
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Si la qualité n’est plus la même qu’avec l’effectif de 2010, beaucoup de similitudes existent entre l’Inter actuelle et celle du triplé. Outre le fait que Spalletti fait toujours des très bonnes deuxièmes saisons partout où il est passé, notamment lors de l’exercice 2016-2017 à la Roma où il termine dauphin de la Juventus avec un record de points et de buts marqués pour la Louve. L’inter s’est renforcé de manière très intelligente et significative cet été. Les arrivées précoces de Stefan de Vrij, Kwadwo Asamoah et l’attraction de l’été, Lautaro Martínez en provenance du Racing Club ont conquis les tifosi. Une des volontés de Spalletti était de doubler tous les postes avec l’arrivée de la Ligue des champions. Lors de son passage à la Roma, l’effectif giallorosso manquait systématiquement de profondeur et finissait par plonger lors du sprint final.
L’Inter a enregistré les signatures de Sime Vrsaljko, Matteo Politano et le retour en Italie de Keita Baldé pour doubler les postes sur les côtés considérés comme défaillants l’an dernier à l’exception de Ivan Perisić. Mais le gros coup de l’été est certainement la signature de Radja Nainggolan pour 30 millions d’euros. Le Belge arrive de l’AS Roma avec son statut de star du championnat. C’était le joueur dont avait besoin Spalletti pour perfectionner son équipe. Le Ninja avait réalisé il y a deux ans sa meilleure saison sur le plan comptable, 11 buts et 4 passes décisives dans un registre différent. Sous l’égide d’Il Spallo, Nainggolan va survoler dans un nouveau poste pour lui. Positionné derrière Dzeko avec Salah dans un 3-4-2-1, le Belge va réaliser une deuxième partie de saison stratosphérique avec 8 buts dont un doublé retentissant face à l’Inter. Spalletti pense avoir besoin de lui pour dynamiser toute une équipe, « Nainggolan donne du carburant important durant les matchs, il vient récupérer le ballon avec force ou offre une conclusion dont aucun ne s’attendait ou pensait perdue ».
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La tâche s’annonce ardue pour réussir si ce n’est à titiller l’armada bianconera, mais tout laisse à croire que l’Inter est capable de se sublimer pour accrocher le podium cette fois-ci. Reste le facteur Ligue des champions. L’AS Roma a montré lors de l’exercice précédent qu’avec beaucoup de courage, sans complexe d’infériorité et un stade en folie, on pouvait rêver d’un parcours extraordinaire. L’Inter possède ses trois caractéristiques et a la chance d’avoir un entraîneur d’expérience. Mais avant de rêver d’un quelconque scénario, la plus grande victoire est pour le football. Réentendre enfin l’hymne de la Ligue des champions du côté de Giuseppe Meazza, ça n’a pas de prix.
Crédit photo: ALBERTO PIZZOLI / AFP