Bien avant les rivalités Paris-Marseille, Nantes-Saint-Etienne ou encore Bordeaux-Marseille, d’autres clubs se disputaient le titre national. Bienvenue dans les années 1950, à une période de l’histoire de notre football français où le Stade de Reims, l’Olympique Gymnaste Club de Nice et le LOSC Lille avaient principalement le dessus. Mais un seul club va particulièrement attirer votre attention aujourd’hui. Sauf le respect des Rémois, leur histoire est déjà bien connue grâce à leurs deux finales malheureusement perdues face au tout puissant Real Madrid en 1956 et 1959. Celle du LOSC également, triple vainqueur de la Coupe de France en 1946, 1947 et 1948 et l’un des meilleurs clubs français après guerre. Mais désormais, quittons ces deux villes et allons plus au Sud pour se concentrer sur les années de gloire de l’OGC Nice.
Qualifié pour l’Europe depuis 2016, le club azuréen marque un retour au premier plan et grandit de plus en plus après beaucoup de résultats en dents de scie. Mais relisons les pages plus anciennes de l’histoire du Gym, celles écrites il y a une soixantaine d’années, quand les aiglons étaient réellement au sommet. Même si Reims était le club principal en ce temps-là, Nice a tout autant marqué le football de son empreinte.
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En 1948, le Gym retrouve la première division. Dans un championnat autrefois à 18 clubs, le promu termine à la septième place avec 36 points pour un bilan équilibré de treize victoires, dix nuls et onze défaites. Le Stade de Reims termine champion de France à l’issue de la saison 1948-1949.
Saison 1949-1950, les choses sérieuses commencent peu à peu. Reims est détrôné et doit se contenter de la troisième marche du podium, laissant place aux Girondins de Bordeaux. Contrairement aux Champenois, les Aiglons prennent deux places, terminant en cinquième position. Le bilan est plus convaincant avec 39 points, seize victoires, sept nuls et onze défaites.
La saison 1950-1951 marque le début d’une ère. Avec 41 points et à égalité quasiment parfaite avec le LOSC, l’OGCN obtient son premier titre de champion grâce à une victoire de plus que les Lillois. Jean Courteaux, attaquant des Aiglons, termine à la deuxième place du classement des buteurs avec 27 réalisations. Devant lui, Roger Piantoni, future grande figure du Stade de Reims avec une longueur de plus. L’équipe est également portée par son milieu offensif Yeso Amalfi, Brésilien arrivé de Palmeiras. Sa spécialité : les coups du foulard. Il dispute dix-sept matchs en D1 pour cinq réalisations durant la saison.
Deux grands noms bien connus des Niçois arrivent la saison suivante. Pancho Gonzalez, Argentin arrivé tout droit de Boca Juniors, s’impose en véritable leader dans le secteur défensif et prend le brassard de capitaine. Il devient l’emblème du club. La seconde recrue est un attaquant luxembourgeois : Victor Nurenberg. Avec ces deux transferts, Nice est de nouveau champion et gagne la Coupe de France. Le Gym est le premier club de l’histoire du football français à être champion de France deux fois de suite et à réaliser le doublé coupe-championnat. Durant cette belle saison 1951-1952, les Aiglons obtiennent 46 points pour vingt et une victoires, quatre nuls et neuf défaites. Cela peut paraître surprenant, mais cette fois aucun joueur niçois n’est dans les dix premières places du classement des buteurs.
La saison 1952-1953 est une petite tâche noire sur les belles pages niçoises. Reims reprend le titre et les Aiglons terminent en treizième position avec 29 points pour un bilan de douze victoires, cinq nuls et dix-sept défaites.
Lors de la saison 1953-1954, avec l’arrivée de Just Fontaine et Joseph Ujlaki en attaque, Nice ne récupère toujours pas son titre, et le LOSC en profite à son tour. Cependant, les Aiglons prennent cinq places au classement, terminant donc à la huitième place avec un bilan plutôt équilibré. Ils totalisent autant de victoires que de défaites (douze) et dix matchs nuls, ce qui fait un total de 34 points. Mais il faut voir le bon côté des choses, car cette saison n’est pas totalement à oublier. L’OGCN remporte sa deuxième Coupe de France. Fontaine et Ujlaki arrivent en cinquième position au classement des buteurs avec 17 réalisations chacun, à égalité avec Julien Stopyra, père de Yannick.
A la fin de la saison 1955-1956, le titre revient enfin sur la côte d’Azur après deux saisons en milieu de tableau. Les Aiglons sont donc qualifiés pour la première fois en Coupe des clubs champions européens après Reims, finaliste malheureux de la première édition.
L’OGCN remporte le tour préliminaire face aux Danois de l’AGF Aarhus, en faisant 1-1 à Copenhague et en tuant le match 5-1 au stade Léo Lagrange, plus communément appelé Stade du Ray, qui vit ses grands moments avec ses 23 000 places. La tâche devient un peu plus difficile lors des huitièmes de finale. Jouant contre les Glasgow Rangers, ceux-ci gagnent le premier match 2-1. Le Gym gagne à son tour 2-1 au Ray, un match d’appui doit donc se disputer au Parc des Princes. Nice s’en sort et remporte le match 3-1. L’obstacle des quarts de finale est cependant trop grand car le club azuréen affronte le grand Real Madrid de Di Stefano, Gento et Kopa. La défaite est totale. Au Bernabeu, les Merengues l’emportent 3-0. Malgré deux buts marqués au Ray, les Aiglons en prennent encore trois, et le parcours européen s’arrête pour cette saison 1956-1957.
Sur le plan national, Saint-Etienne remporte son premier titre. Sans doute à cause de l’Europe, L’OGCN rechute à la treizième place et perd Just Fontaine, parti à Reims.
Venons-en à la saison du dernier titre de champion remporté jusqu’à présent. Toujours avec le grand capitaine Pancho Gonzalez et l’attaquant Nurenberg, Nice retrouve les sommets du football français. Totalisant 56 points pour vingt-quatre victoires, huit nuls et six défaites, les Aiglons volent au dessus de Nîmes, du RC Paris et de Reims, tenant du titre. La qualification en Coupe des clubs champions est donc assurée pour la seconde fois.
Avec cette cinquième édition de la Coupe d’Europe, la plus belle page est à venir. Nice se débarrasse de Shamrock avec une victoire 3-2 au match aller et un nul 1-1 au retour. Plus compliqué en huitième de finale face à Fenerbahce où les Turcs s’imposent 2-1 lors du premier match. Les Azuréens font de même au retour, un match d’appui est joué à Genève. Battu 5-1, le Fener est éliminé. Nice retrouve alors… le Real Madrid.
4 février 1960, Stade du Ray. Malgré l’hiver, le soleil est présent sur la Côte d’Azur. Entre 27 et 28 000 spectateurs sont présents. Et comme il y a une première fois à tout, le match est diffusé sur la RTF en France. Il est même commenté par Just Fontaine, croisé par hasard à Nice. Di Stefano et Didi sont blessés, ce qui n’empêche pas Gento et Puskas d’être bien présents. Le match débute. Dès la quinzième minute, l’attaquant Jesus Herrera marque le premier but de la rencontre. Un quart d’heure plus tard, José Hector Rial marque à nouveau pour la Maison Blanche. Mi temps, les Merengues mènent donc 2-0. Mais tout change au Stade du Ray lors de la seconde période. Victor Nurenberg réduit l’écart à la cinquante-quatrième minute. Il est fauché dans la surface quelques minutes plus tard et égalise sur penalty. Il reste vingt minutes de jeu, Nurenberg s’offre un triplé. Victoire des aiglons 3-2. Nice est le premier club français à battre le Real Madrid en coupe d’Europe.
Malgré cette belle histoire, les Madrilènes écrasent les Aiglons 4-0 chez eux et remportent leur cinquième Coupe d’Europe consécutive. 1960 marque plus ou moins la fin de cette décennie.
Relégué en 1964, le club retrouve l’élite deux ans plus tard. Les années soixante sont en demi-teinte. Il faut attendre 1997 pour qu’un trophée revienne sur la Côte d’Azur car les Niçois remportent leur troisième Coupe de France face à Guingamp. La dernière finale reste celle en Coupe de la Ligue, perdue face à Nancy en 2006.
Il y a une dizaine d’années, l’Aigle volait entre haut et bas. Depuis les années Puel, il vole haut. La gestion du club permet de maintenir un bon cap. Petit à petit l’altitude commence à augmenter. Les plus belles pages sont derrière, mais de nouvelles tout aussi belles s’écrivent. Malgré l’élimination en barrages de Ligue des champions face à des Napolitains trop forts, Nissa la Bella rivalise de nouveau avec les meilleurs clubs de l’élite. Pourvu que cela dure…
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