Mais qu’est-ce qui cloche chez les Girondins de Bordeaux ?

Auteur d’une deuxième partie de saison fulgurante l’an passé, les girondins ont surfé sur une vague d’optimisme pour s’offrir un mercato estival séduisant et prometteur. Oui mais voilà, nous sommes en novembre et depuis plus d’un mois les bordelais n’y arrivent plus. Entre interrogation tactique, bouleversement d’effectif et promesses non tenues, retour sur les ambitions déchues des Girondins de Bordeaux…

L’année 2017 s’annonçait comme un merveilleux millésime. Les bordelais restaient sur un automne 2016 difficile mais voulaient se racheter en offrant de meilleurs résultats à ses supporters. Et le contrat a été rempli. Avec l’achat de Sankharé, Bordeaux prend une nouvelle dimension et gagne tout. Les seules équipes à avoir battu les girondins cette année-là sont l’AS Monaco, le PSG et l’OGC Nice, autrement dit les trois premiers du championnat. Alors Bordeaux remonte au classement et les supporters se mettent même à rêver d’une quatrième place volée sur le fil à l’Olympique Lyonnais. Une fin de championnat un peu plus compliqué contrecarre ces plans mais Bordeaux assure l’essentiel avec sa sixième place : la qualification en Ligue Europa. Arrive alors le temps de tous les espoirs, le mercato d’été. Et les supporters girondins le sentent depuis un moment, le mercato s’annonce gourmand. L’arrivée d’un nouveau président aux discours ambitieux et son association parfaite avec Ulrich Ramé en tant que Directeur Sportif annoncent une nouvelle dynamique qui se concrétisent pendant le mercato estival. Sabaly et Jovanovic qui avaient tous deux convaincus pendant leur prêt sont conservés. Lerager, Mendy, Cafu, Otavio et De Préville arrive en Gironde pour tout casser. Seul ombre au tableau, le poste d’arrière gauche où Contento ne satisfait plus et où Pellenard peinent à prendre confiance. En bref, le mercato est plutôt alléchant ; Bordeaux n’a gardé que le meilleur et l’a renforcé. Sauf que dès l’été les girondins pêchent. Le tour préliminaire pour la qualification en Ligue Europa aurait dû être une formalité. C’était un désastre. Des soirées que les supporters redoutent toujours. Des voyages interminables en Europe de l’Est. Et au final un piège. Celui de l’élimination contre la petite équipe de Vidéoton. Bordeaux échoue dès le premier niveau. Il n’y a plus le droit à l’erreur, il faut régaler en championnat…

Le mois d’août, la reprise, la chaleur le public de vacanciers. Oui la Ligue 1 est de retour et Bordeaux a vite envie d’oublier sa campagne avortée en Coupe d’Europe. Les girondins se lancent alors, pleins d’ambitions et d’enthousiasme, assurant l’essentiel, les points, mais oubliant peut-être quelque chose, le jeu. Ils sont tenus en échec à Angers (ce qui n’est pas si terrible que cela), arrachent un match nul à Lyon grâce à un Malcom de folie et gagnent entre-temps contre des équipes d’un niveau moindre. Les points sont là et Bordeaux flirtent avec le podium. Les rêves sont permis. Mais le soufflé girondin est vite retombé. En cause, un programme des plus durs : le PSG, Nantes ou encore Monaco. Et à ce jeu-là, Bordeaux a perdu. Faisant face à un immense Paris, les girondins s’inclinent 6-2 au Parc des Princes. Un accident ? Peut-être pas. Car les bordelais n’arrivent pas à faire mieux qu’un nul contre Nantes à domicile. Puis s’enchaîne une série de défaites contre Amiens, Monaco et enfin Rennes. La constante dans toutes ces défaites : une baisse de régime de certains joueurs et un jeu stéréotypé reposant surtout sur l’exploit de ses ailiers. Car depuis le début de saison, les joueurs les plus décisifs à Bordeaux sont Kamano et surtout Malcom. Le jeune brésilien, dont tout le monde admet le talent, survole les matchs mais tout seul il ne peut pas tout. Pourtant Bordeaux continue de passer le ballon à ses ailiers qui alternent entre dribble puis centre et dribble puis frappe. Il fallait que ça s’arrête. Et ce mois d’octobre aura au moins eu le mérite de révéler ces faiblesses terribles dans le jeu bordelais. Alors maintenant que Bordeaux a pu réfléchir grâce à cette trêve internationale, quelles solutions mettre en place pour remédier à ces soucis ?

La première chose qu’il faut comprendre, c’est que Bordeaux ne peut pas se plaindre de son effectif. Hormis le poste d’arrière gauche qui sera certainement renforcé au mercato d’hiver, Jocelyn Gourvennec dispose d’un effectif de qualité, fourni de profils variés lui offrant un large panel de choix tactique. Persistant dans un 4-3-3 classique, le technicien girondin ne profite peut-être pas pleinement de ses joueurs, utilisant par exemple un Nicolas de Préville en 9 alors qu’il est plus décisif lorsqu’il joue plus bas. De plus, ce système pousse les milieux à sans cesse chercher des ailiers qui n’arrivent plus à surprendre les défenseurs que lors d’exploits. Une impasse pour Gourvennec ? Peut-être pas car la solution n’est pas si loin et il l’a développé lui-même. Lorsqu’il arrive à Bordeaux, l’ancien entraîneur guingampais s’installe avec un 4-4-2 offensif mais très séduisant. Aujourd’hui les profils des attaquants girondins se prêtent plutôt bien à ce système avec un Alexandre Mendy qui pourrait incarner l’attaquant de pointe, alternant entre profondeur et point d’appui, autour duquel tournerait un Nicolas De Préville, plus libre, plus passeur et plus buteur. Sur le côté, des Malcom et Kamano qui trouvent plus de solutions : Mendy au centre, De Préville en appui dans l’axe, les latéraux pour dédoubler et enfin et bien sûr la solution individuelle. Alléchant sur le plan offensif mais pas ridicule sur le plan défensif non plus… La clé de ce système tactique réside en réalité dans l’utilisation des deux milieux centraux et dans l’équilibre qu’ils peuvent apporter à l’équipe. Mais qui de Vada, Sankharé, Otavio ou Lerager doit être choisi ? Si Otavio fait preuve d’une aisance technique et physique depuis son arrivée, ce n’est pas forcément le cas de ses camarades à l’instar de Sankharé et Vada bien en deçà de ce qu’ils proposaient l’an dernier. Finalement celui qui correspond peut-être le plus à ce système c’est le danois Lerager. Déjà utilisé dans ce rôle à Zulte Waregem, il possède un coffre et une expérience qui lui permettent d’être aussi à l’aise sur le plan offensif que défensif. On a en effet pu voir lors de ses dernières prestations qu’il était trop limité en termes de vitesse et de technique pour combiner avec les attaquants. Toutefois son apport offensif n’est pas à négliger et un rôle de régulateur au milieu peut lui correspondre parfaitement. Quant à Otavio on peut attendre de lui qu’il s’implique encore plus dans la tâche offensive, lui qui reste pour l’instant cantonné à son rôle de milieu récupérateur et relanceur, dommage quand on connaît ses qualités. Enfin et quel que soit le système, c’est la relance qu’il faudra améliorer chez les girondins. Un point sur lequel Jocelyn Gourvennec semblait vouloir appuyer en replaçant Jérémy Toulalan en défense centrale et en conservant le jeune Jovanovic. Or depuis quelque temps, on remarque que ces deux-là usent et abusent des relances longues, difficiles à gérer pour les petits attaquants de Bordeaux. Ils devraient peut-être s’inspirer du dernier rempart girondin, Benoît Costil, pas irréprochable dans ses cages depuis le début de saison mais très à l’aise balle aux pieds, un point fort pour la première relance.

Quoi qu’il en soit, les Girondins de Bordeaux vont devoir changer quelque chose, la tactique peut-être, la philosophie sûrement car l’urgence pour Jocelyn Gourvennec et ses hommes est surtout d’améliorer le fond de jeu et d’être plus créatif pour enfin proposer un spectacle à la hauteur de l’effectif et à la hauteur de ce que peuvent attendre les supporters. Premières réponses ce soir dans le choc face à l’Olympique de Marseille où les girondins peuvent atteindre 40 années d’invincibilité à domicile face aux marseillais…

Crédits photos : AFP PHOTO / NICOLAS TUCAT

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Quand les gens sont d'accords avec moi, j'ai toujours le sentiment que je dois me tromper.