Après des résultats en dents de scie ces dernières années, le Mexique va devoir confirmer sa bonne dynamique pour réaliser un exploit dans une Coupe du monde qui aura lieu loin de ses terres, à l’abri de la pression de ses supporters. L’objectif sera de sortir des poules et pourquoi pas d’aller chercher un quart de finale, meilleure prestation de l’équipe lors d’un Mondial, même si la tâche s’annonce compliquée.
Au cœur d’un groupe comptant la Suède, la Corée du Sud et l’Allemagne (sa bête noire), le Mexique a toutes ses chances pour prendre la seconde place et se qualifier pour les huitièmes de finale. Il faut dire que le Mexique est plutôt en forme après la grande réussite des phases de qualification pour la Coupe du monde où El Tri (surnom de la sélection mexicaine) a triomphé en terminant premier du groupe avec six victoires en dix matchs, ce qui les a placés à 9 points des États-Unis, premier non qualifié d’Amérique. Cette bonne forme a été plutôt confirmé par les matchs de préparation où l’équipe mexicaine a rencontré exclusivement des adversaires européens contre lesquels ils n’ont perdu qu’une seule fois. Ils ont obtenu de bons résultats comme ce spectaculaire 3-3 contre l’équipe de Belgique ou encore ces deux victoires notables contre l’Islande et la Pologne, toutes deux en Russie lors du mois de juin. Mais si ces résultats semblent permettre d’avoir un bon espoir dans la sélection mexicaine, il faut tout de même rester méfiant et lucide sur les capacités d’une équipe qui s’est inclinée en demi-finale de Gold Cup 2017 contre la Jamaïque et qui peine à gagner lorsque le niveau s’élève. Comme lors du récent match amical contre la Croatie où le Mexique s’est incliné sur le score de 1-0 ou comme contre le Portugal et l’Allemagne lors de la dernière Coupe des Confédérations.
Ce manque de constance et cette incapacité à battre les gros, le Mexique les traîne depuis le début de son histoire. Seul l’Amérique du Nord ne résiste pas au Mexique, qui a gagné à dix reprises la CONCACAF Gold Cup. Mais sur la scène intercontinentale, le challenge est plus difficile et même si la sélection Mexicaine a participé à seize des vingt-et-une Coupes du monde qui ont eu lieu, elle ne compte pour meilleurs résultats que deux envolées en quart de finale, à chaque fois lorsque la compétition était organisée au… Mexique. De quoi contredire le titre de l’article et de quoi justifier une préparation face à des équipes exclusivement européennes. Toutefois, il faut noter l’encourageante série en cours d’El Tri qui lors des six dernières éditions de la Coupe du Monde a été éliminé au même stade (c’est d’ailleurs la première équipe à se faire éliminer six fois de suite au même tour dans l’histoire du Mondial) : les huitièmes de finale. Il y a deux manières de lire cette statistique : soit elle confirme la théorie du Mexique plus faible que les grandes nations, soit elle informe sur la régularité enfin acquise par une sélection qui ne doit pas être négligée et qui pourrait réaliser une belle surprise. Car si la première place du groupe semble être destinée à l’Allemagne qui n’a perdu dans toute son histoire qu’une seule fois face à la sélection mexicaine, la deuxième place paraît en revanche largement abordable. Reste qu’avec une telle position, on peut légitimement supposer que le Mexique rencontrerait le Brésil en huitième de finale, un rendez-vous difficile mais pas inabordable quand on sait que le Mexique avait accroché le nul contre une Seleção à domicile lors de la dernière édition.
Pour réussir à réaliser un exploit, le Mexique pourra compter sur certains éléments détonants que le football européen connaît déjà mais qui surprennent à chaque nouvelle compétition mondiale. Parmi eux, les frère Dos Santos, tous deux pensionnaires du Los Angeles Galaxy, mais aussi Carlos Vela, Hector Herrera et surtout Javier Hernández. Ce dernier aura fort à faire durant cette Coupe du monde car depuis qu’il est devenu meilleur buteur de l’histoire d’El Tri, il a un rôle de leader à assumer. Avec 49 buts au compteur, Chicharito devra quand même faire mieux que ce qu’il a réalisé cette saison où il a marqué huit buts en trente matchs pour le compte de West Ham, loin de son ratio d’un but tous les deux matchs avec sa sélection. Enfin, le Mexique pourra compter sur des valeurs sûres comme Memo Ochoa mais surtout le vétéran Rafael Márquez qui participera, à 39 ans, à sa cinquième Coupe du monde d’affilée.
Quoiqu’il en soit, on peut penser que le Mexique sortira des poules avec une certaine facilité. Derrière la tâche s’annonce plus compliquée, d’autant plus que le Brésil s’est restructuré d’une belle manière depuis la dernière édition mais l’espoir est permis et c’est en tout cas cet espoir-là qui habitera le peuple mexicain qui, loin de son équipe nationale, continuera d’exercer une pression qui tirera son équipe vers le haut.
Photo : Isaac Ortiz / Mexsport