Les compétitions européennes font enfin leur retour en cette semaine de septembre et pour l’Eintracht Francfort c’est un petit événement. L’Olympique de Marseille s’apprête à affronter ceux que les Girondins de Bordeaux avaient déjà croisés. Depuis leur dernière apparition lors de la saison 2013-2014, le club du Land de la Hesse a connu de sacrés rebondissements. Le club a frôlé la catastrophe et évité la relégation de justesse, puis a joué deux finales de Coupe d’Allemagne consécutives et remporté la seconde face au Bayern Munich en mai dernier. Tout cela s’est fait sous l’impulsion de Niko Kovac, qui a depuis fait ses valises pour la Bavière non sans déstabiliser le club qu’il a remis à flot.
Lorsque le croate prend les rênes de l’Eintracht Francfort, le club sombre dans les profondeurs de la Bundesliga. Mais doucement, avec un travail en profondeur, l’aigle retrouve de sa superbe. Une équipe cohérente et solide se construit et un football fondé sur une défense solide se met en place. Rajoutez à cela une belle intensité sur le plan physique et voilà ce qui fait de l’Eintracht une formation difficile à manier. Notamment à domicile, où l’appui de leurs ultras et supporters s’avèrent être un vrai plus. La Commerzbank Arena s’impose peu à peu comme un temple où il n’est jamais simple de se rendre.
Durant les deux saisons complètes de Niko Kovac avec la casquette d’entraîneur de Francfort, le club s’affirme comme une petite surprise, il fait déjouer les plus gros. Le club atteint finalement son zénith en remportant son premier trophée depuis 1988 et en se qualifiant, de facto, pour l’Europa League. Avec un doublé d’Ante Rebić qui offre alors au public un avant-goût de son mondial et un but de M. Gaćinović, le Bayern Munich tombe. Le chapitre Kovac se ferme alors, pour laisser place à une nouvelle histoire qui ne repart pas de zéro mais presque.
Une base à reconstruire
Après ces deux belles années qui ont fait rêver les supporters du club allemand, cette nouvelle saison place les ambitions sportives encore plus hautes. Pourtant cela doit se faire avec un nouveau manager en la personne d’Adi Hütter. L’Autrichien de de 48 ans, ancien milieu de terrain, est notamment passé par le Red Bull Salzburg ainsi que les Young Boys Berne avec qui il fut sacré champion de Suisse, un petit événement pour le club de la capitale qui remportait un tel titre pour la première fois depuis 1986.
Le départ de Niko Kovac pour la Bavière officialisé non sans rebondissement, le board du club a alors rapidement travaillé pour trouver un successeur à la hauteur. Celui qui a réalisé un vrai exploit avec le club de Berne a pris la forme d’un petit pari. Non sans minimiser les précédentes expériences, il y a une marche à franchir entre le championnat autrichien, suisse puis allemand. Si l’on suit cette directive-là, la patience devra être de mise afin de laisser Hütter fait ce qu’il a à faire, et composer avec un nouveau groupe qui a perdu certains de ses piliers.
Les saisons précédentes, Kevin-Prince Boateng, Marius Wolf, Omar Mascarell, Lukas Hradecky, Bastian Oczipka ou encore Jesús Vallejo entre autres ont fait les beaux jours du club de la cinquième ville d’Allemagne. Un groupe solide, mélangeant jeunesse et expérience, avec des joueurs venant du monde entier tournait bien avec Niko Kovac. Ces hommes-là se sont affirmés comme des homme sûrs pour le manager, mais ils sont désormais tous partis. Il reste toutefois des joueurs sur lesquels il est possible de se reposer, tous n’ayant pas tourné le regard vers d’autres horizons.
Aujourd’hui, le dixième effectif de Bundesliga (sur 18) qui pèse environ 149 millions d’euros compte encore dans ses rangs Sébastien Haller, Marco Russ, Simon Falette, David Abraham, Ante Rebić et Mijat Gaćinović. Un groupe auquel ont été ajoutés Nicolaï Müller, Filip Kostic, Kevin Trapp ou bien Frederik Rönnow. L’effectif a donc évolué tout en restant large et majoritairement international (23 des 36 joueurs).
Comme on pouvait l’imaginer avec les nombreuses évolutions connues au cours de l’été, le début de saison a été rude pour l’équipe d’A. Hütter. Avant que la Bundesliga ne reprenne ses droits, une claque (5-0) en Supercoupe d’Allemagne a été essuyée face au Bayern Munich. Une semaine plus tard, lors de la reprise de la Pokal, le SSV Ulm (Regionalliga Südwest, quatrième division) a éliminé le tenant du titre sur le score de 2-1. Fin août, le championnat a repris sur une note positive avec un succès face au SC Fribourg. Mais c’est le seul depuis la reprise officielle des hostilités pour Francfort.
Le 4231 dans lequel S. Haller est à la pointe de l’attaque s’est incliné lors de ses deux autres rencontres. Le Werder de Brême et le Borussia Dortmund ont tour à tour mis à mal la nouvelle envolée de l’aigle. Ce bilan est, sur le papier, peu reluisant mais dans le jeu il y a des encouragements. On peut commencer à voir une tendance se dessiner avec de longs ballons, l’utilisation des côtés, un jeu relativement physique qui se met en place. On sent toutefois que la machine est encore loin d’être huilée, qu’elle a encore besoin de temps. Avec quatre but marqués pour cinq encaissés (tous depuis que K. Trapp a fait son retour à Francfort d’ailleurs), un certain équilibre manque encore à l’appel.
Cela peut rapidement se révéler être problématique puisque reprise de l’Europa League rime avec enchaînement des matchs ce qui laisse moins de place à la mise en place tactique durant la semaine. Comment Hütter et son groupe vont-ils gérer cela ? Finiront-ils par trouver rapidement la bonne formule pour au moins ne pas sombrer en Bundesliga ? Le temps parlera. En revanche, à l’instant T, l’opposition face à l’Olympique de Marseille risque de ne tourner que dans un sens.
La fragilité apparue sur le plan sportif est le principal problème mais la non-présence de leurs supporters qui ont une forte tendance à se déplacer massivement en est un autre, eux qui n’auront même pas le droit de mettre un pied dans Marseille, la faute à un énième décision préfectorale absurde qui passe extrêmement mal du côté des supporters allemands.
Cette première rencontre d’Europa League sera donc une petite épreuve pour Francfort. Le club, qui manque d’expérience dans une telle compétition, de repères, qui est dans une situation bancale en championnat (qui ne fait que débuter bien-sûr) et qui sera sans son soutien le plus précieux ce jeudi au Stade Vélodrome ne se montrera pas sous son plus beau jour. Ceci dit, l’aigle peut, peut-être, surprendre son monde et soudainement se réveiller, prenant conscience qu’il faut enfin prendre son envol. Et l’Olympique de Marseille devra alors se méfier de cet animal qui bat de l’aile.
Crédit photo: TOBIAS SCHWARZ / AFP