Ousmane Dembélé, cas pratique sur l’hygiène de vie d’un footballeur 

Avec son but samedi soir, Ousmane Dembélé a permis à Barcelone d’éviter la défaite contre l’Atletico Madrid. Mais il a fait plus fort, il a pris sa revanche sur des derniers jours compliqués où les paroles concernant son comportement ont été nombreuses. Il n’a en effet pas toujours respecté les règles de vie et avec cela, il rappelle le problème de l’hygiène de vie d’un footballeur coincé entre rigueur, jeunesse et débauche.

« Nous devons l’aider à comprendre que le football est un travail à plein temps, 24 heures sur 24. Il doit s’améliorer dans son comportement. » Ce sont les mots qu’a prononcé Gérard Piqué à propos d’Ousmane Dembélé, qui ne s’était pas présenté à un entraînement sans prévenir son club. Il était malade et même si quelques suspicions ont existé, tout le monde le croit volontiers. Mais malgré tout, son implication au club n’est pas ressentie comme totale et ses prestations sportives en subissent les conséquences.

Ousmane Dembélé illustre parfaitement, à travers son comportement, la rigueur demandée aux footballeurs professionnels aujourd’hui. Et s’il a subi les remontrances de son entraîneur et de son sélectionneur, il n’est pourtant pas le seul joueur à se permettre des écarts en dehors du terrain. Verratti, Wilshere, Lavezzi… Même le coéquipier barcelonais de Dembélé, Arturo Vidal, a un penchant pour l’alcool. Avec ces dérives, ces joueurs là posent une question fondamentale : la bonne hygiène de vie est-elle une condition inhérente au métier de footballeur ?

On pourrait revenir 50 ans en arrière et parler de Garrincha et de George Best qui ont sacrifié leur carrière pour l’amour de l’alcool. On pourrait revenir 30 ans en arrière et parler de Gascoigne qui au cours d’un match contre le Séville de Maradona lui glisse « Diego, je suis complètement déchiré. » Et ce dernier de lui répondre : « Paul, moi c’est pareil! ». L’histoire a souvent mis en lumière des génies dégénérés à l’hygiène de vie déplorable dont l’écho résonne encore dans les modes de vies actuelles.

CREDITS : ESPN

Pourtant depuis quelques années, le paradigme a changé et l’on célèbre plus volontiers des joueurs irréprochables comme Cristiano Ronaldo, prototype du sportif parfait, musclé à souhait, sobre à toute heure. Conséquence logique des investissements financiers dans le football, la performance sportive devient plus importante que le sportif qui se mue en une sorte de bête à qui on a confisqué toute son humanité.

Ousmane Dembélé comme tous ces joueurs qui ne soumettent pas au rigorisme du football professionnel sont en fait les derniers résistants dans le combat que l’humain mène contre la bête. Alors peut-on vraiment les blâmer pour ces écarts de conduite que chacun connait dans sa vie personnelle ?

Dans un article en 2014, SO FOOT se posait la question de la conciliation entre la consommation de tabac et le football de haut niveau. Il y est question du cas Jérémy Mathieu qui, lui aussi, lors de sa signature au Barça avait été épinglé sur son addiction aux cigarettes. Le joueur ne s’était pas caché de la liberté qu’il prenait pour fumer : « Je ne fume pas beaucoup, mais je fume vraiment quand je veux. C’est une chose personnelle. Ce qui compte en réalité, c’est ce qui se passe sur le terrain. ».

Il a entièrement raison mais sa phrase contient une contradiction en elle-même car la consommation de tabac ou d’alcool influe directement sur le niveau des prestations sportives. Le problème que pose le football de haut niveau se situe dans la confusion des sphères privées et professionnelles et les débordements liés aux addictions ne sont en fait que les exemples extrêmes et extrêmement visibles des conséquences d’une sphère sur l’autre.

Car il faut bien voir que chaque comportement du sportif de haut niveau a un impact sur son sport. Rappelons-nous d’Anthony Martial, un autre français prometteur qui avait connu quelques coups d’arrêt dans sa carrière. Ses relation conjugales l’avaient en effet parfois détourné de ses objectifs et c’est tout naturellement qu’il avait perdu sa place de titulaire, conséquence de sa méforme. Ce n’est que depuis qu’il « a fait le ménage dans sa vie », comme aime le dire les commentateurs, qu’il a retrouvé son lustre d’antan. L’hygiène de vie, c’est aussi le moral.

Mais on peut aussi retourner l’histoire et voir comment la sphère professionnelle influe sur la sphère privée. La notoriété publique du footballeur de haut niveau l’expose au critique et là aussi, il y a de nombreux exemples de joueurs qui ont souffert de cela. Le plus marquant est certainement celui de Kévin Anin : « C’est le plus beau métier du monde. Mais il y a plein de choses que je n’aime pas trop. Pas les entraînements, on est obligé. Mais les gens autour, leur hypocrisie, je n’aime pas trop ça. On a beau gagner de l’argent, quand le cœur n’y est plus… On m’avait dit que c’était un monde de pu… C’est vrai. » déclare-t-il dans L’Equipe en 2011.

En réalité, la vie privée et la vie sportive du footballeur de haut niveau sont liées de manière inextricable. Il n’y a aucun moyen que l’une échappe à l’autre. Le cas Anin le montre parfaitement : le sportif l’a rendu malheureux et son malheur l’a conduit à sécher des entraînements. Cercle vicieux. A nous alors de choisir ce que l’on veut pour le football : des êtres sacrifiés sur l’autel du sport ou des hommes à qui l’on accorderait notre clémence.

CREDITS PHOTO : Goal.com

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Quand les gens sont d'accords avec moi, j'ai toujours le sentiment que je dois me tromper.