Les années 1970. La France du football était verte de par Saint-Étienne qui glanait déjà son sixième titre de champion lors du début de la septième décennie du XXe siècle. Quatre clubs se partageaient tout de même le gâteau, bien que la ville minière en gagne plus dans ces années-là par rapport à l’Olympique de Marseille, le FC Nantes ou l’AS Monaco. Mais évidemment, la grande Histoire du football est semée d’imprévus. Parfois, ce sont les petits qui gagnent. Et il y a bientôt quarante ans, le Racing Club de Strasbourg bouscula les anciens patrons du football français pour rapporter le titre de Division 1 en Alsace.
Les années 1960 : les petites prémices
Remontons dix ans auparavant. Le Racing remonte dans l’élite à la fin de la saison 1960-1961. Il végète dans le bas de tableau entre les neuf et seizième places, accédant parfois au top 5. La Coupe des villes de foires constitue une partie de l’histoire du club. Lors de la saison 1964-1965, le RCSA atteint les quarts de finale de la compétition en éliminant le Milan AC, le FC Barcelone et le FC Bâle avant de chuter contre le Manchester United de George Best. La saison suivante, sur le plan national, le club remporte sa deuxième Coupe de France contre le FC Nantes quinze ans après la première.
1970-1979 : ascenseur et championnat
Lors de la saison 1970-1971, le Racing descend en deuxième division mais remonte aussitôt et reste dans l’élite jusqu’en 1975-1976. Il faut savoir que la Ligue 2 ne fonctionnait pas comme aujourd’hui il y a quarante ans. Un peu comme pour les divisions inférieures, il y avait deux poules A et B. Le premier du groupe A et du groupe B s’affrontent ensuite pour décider de l’attribution du titre de champion de France de deuxième division. Lors de la saison 1976-1977, l’AS Monaco termine premier du groupe A et le Racing premier du groupe B. S’en suit un match-aller retour pour savoir qui sera le champion. Strasbourg fait carton plein à la Meinau 2-0 puis fait match nul à Louis II 1-1 au retour. Les deux équipes ont survolé le championnat, Delio Onnis a inscrit 30 buts pour Monaco et Albert Gemmrich 24 pour Strasbourg, ce qui fait des deux attaquants les meilleurs buteurs de la saison.
Et puis la Première Division va faire honneur aux deux promus. À peine remonté, l’ASM finit champion de France à la fin de la saison 1977-1978 et le RCSA termine sur le podium à la troisième place, se qualifiant pour le premier tour de la Coupe de l’UEFA.
Saison 1978-1979. Tout recommence et tout repart sur les chapeaux de roue. Le Racing commence très bien sa première partie de saison. Il bat quasiment tous ses concurrents au titre : Nantes, Marseille, Saint-Étienne, Monaco. Les Strasbourgeois connaissent leur première défaite lors de la 19e journée contre le Paris Saint Germain sur le score de 2-1 au Parc des princes. Tout n’est cependant pas joué d’avance. Lors de la trentième journée, Saint-Étienne ne dit pas son dernier mot et bat le Racing 2-0 dans le Chaudron. Les Verts reviennent à deux points du leader alsacien. À deux journées de la fin du championnat, le RCSA ne peut se permettre aucune défaite. C’est chose faite, deux victoires 3-0 contre le PSG à la Meinau et à Gerland contre l’OL. Le Racing Club de Strasbourg est donc champion de France avec un total de 56 points pour 22 victoires, 12 matchs nuls et 4 défaites (rappelons que la victoire est encore à deux points). En Coupe de l’UEFA, le club s’arrête en huitième de finale contre Duisbourg après avoir éliminés les Suédois d’Elfsborg et les Écossais du Hibernian.
L’équipe championne de France se constitue d’une base solide. Dans les buts, Dominique Dropsy, grand nom de notre championnat. En défense à gauche, Raymond Domenech, en charnière centrale un produit de la formation Léonard Specht accompagné de l’expérimenté Jacques Novi. En latéral droit, Jean-Jacques Marx dit Django. Le milieu de terrain peut varier. Constitué de René Deutschmann, natif de Strasbourg, et de Yves Ehrlacher, il est également épaulé de l’ancien niçois Roger Jouve et de Jacky Duguépéroux. Derrière les attaquants, Francis Piasecki mène la danse. Enfin, le trio d’attaque est composé d’Albert Gemmrich, Joël Tanter et Roland Wagner. Sans oublier le coach Gilbert Gress, ancien attaquant du club passé par l’OM, la Suisse et l’Allemagne à Neuchâtel et Stuttgart.
1980-présent : descente aux enfers et retour aux « sommets »
Qui dit champion de France dit qualifié pour la prochaine édition de la Coupe des clubs champions européens. Le parcours est assez accessible. Les Strasbourgeois éliminent les Norvégiens de Start et les Tchèques du Dukla Prague. L’adversaire est trop gros en quart de finale, l’Ajax ne fait qu’une bouchée des Alsaciens à Amsterdam, après un 0-0 à la Meinau. Strasbourg commence à déchanter dans les années 1980, les places au classement baissent et c’est la descente une nouvelle fois à la fin de la saison 1985-1986. Mais dans les années 1990, c’est un retour au premier plan. Malgré des places en milieu de tableau entre la huitième et la treizième, le RCSA se maintient dans l’élite et gagne des coupes. À commencer par la Coupe de la ligue 1996-1997 contre Bordeaux aux tirs au but. Quatre ans plus tard en 2000-2001, le Racing remporte sa troisième Coupe de France, également aux tirs au but face à Amiens. Le club remporte une nouvelle fois la Coupe de la Ligue en 2004-2005 contre le Stade Malherbe de Caen sur le score de 2-1.
On connait beaucoup Strasbourg pour son ambiance au stade de la Meinau, le « Vélodrome de l’Est ». Le club a brillé il y a quelques années, il a chuté puis est revenu. Marc Keller y est pour beaucoup. Aujourd’hui entrainé par Thierry Laurey, Strasbourg est sur la bonne voie du maintien et réalise un très bon début de saison. On ne sait pas de quoi est fait l’avenir, mais les Alsaciens devraient trouver un certain équilibre pour jouer le milieu du tableau. Et cette saison, pourquoi pas aller chercher une place en finale de Coupe de la ligue. Cela reste à voir.
Photo crédits : PINAUD / AFP