Cristiano Ronaldo, quand le temps s’arrêtera…

A bientôt 34 ans, Cristiano Ronaldo ne revoit pas ses objectifs à la baisse. Pourtant, l’attaquant portugais de la Juventus peut déjà poser son regard sur une carrière sensationnelle, qui l’a vu redéfinir l’histoire du football.

« Et cet homme-là fait TOUJOURS la différence ! Cristiano Ronaldo qui donne un bonheur absolu au Portugal ! » En seulement deux phrases prononcées lors d’une fraîche soirée d’automne 2013, le commentateur de BeIn Sports Julien Brun a synthétisé la vie et l’œuvre d’un homme. Celui qui s’est offert le record de buts avec sa sélection de la plus belle des manières, à savoir par un triplé face à la Suède afin de qualifier son équipe pour le Mondial 2014. On pensait alors CR7 à son zénith car dans la force de l’âge (28 ans). Les faits peuvent lui donner raison : une énorme performance en Seleção et la Ligue des champions remportée avec le Real Madrid quelques mois plus tard. Mais au final, la carrière de Ronaldo est si vertigineuse qu’on peine à distinguer un pic.

Banaliser l’exceptionnel

Qui aurait pensé que ce petit garçon de l’île de Madère, qui pleurait au téléphone avec sa maman car exilé au centre de formation du Sporting, connaîtrait une telle trajectoire ? Arrivé à Manchester United en 2003, Cristiano Ronaldo est rapidement devenu l’idole absolue. Celui auquel tous les jeunes voulaient ressembler. Parce que les passements de jambe, parce que le jeu fantaisiste, parce que la vitesse. Parce que le style. Tandis que l’homme émergeait au-delà du terrain, le footballeur transcendait son équipe et les foules. Ses tirs de loin et ses coups francs sont devenus sa marque de fabrique sous le maillot de Red Devils. Ses six années britanniques l’ont vu être élu deux fois de suite meilleur joueur de Premier League, un accomplissement qu’il ne partage qu’avec Thierry Henry. Il est aussi membre de l’équipe-type des 20 ans du championnat anglais. L’emprunte laissée outre-Manche est immense.

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Un Ballon d’or et une Ligue des champions sous le bras à seulement 24 ans, Ronaldo quitte Man Utd pour le Real Madrid. La naissance d’une machine. Saison après saison, il banalise l’exceptionnel. Un attaquant était auparavant considéré comme bon et efficace si son ratio match/but était de 0,5 (50 buts en 100 matches par exemple). Avec CR7, on se retrouve à hausser le sourcil dès lors que son nombre de réalisations est inférieur à son nombre de rencontre disputées. Au cours de 6 de ses 9 saisons madrilènes, son ratio but/match est supérieur ou égal à 1. En compagnie de son meilleur ennemi Lionel Messi, dont il est indissociable, Ronaldo a distordu les standards du football.

L’incarnation du champion

Si la Ligue des champions a atteint un tel niveau de prestige, c’est également grâce au Portugais. Le natif de Funchal en a fait sa spécialité, faisant passer Raúl, ancien meilleur scoreur de la compétition, pour un attaquant de seconde zone. L’Espagnol cumule 71 buts en C1, contre 122 pour Ronaldo. CR7 a concentré l’attention de la planète football sur la Champion’s League de par sa régularité infernale, mais c’est sous Zinédine Zidane qu’il rejoint le sommet du panthéon. Les trois trophées aux grandes oreilles remportés consécutivement (plus la Decima en 2014 sous Carlo Ancelotti) ont conféré à Cristiano et les Merengue une aura d’invincible. D’intouchable. Tel Michael Jordan en basketball ou Usain Bolt en athlétisme, Cristiano Ronaldo incarne la notion de champion.

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Mais Ronaldo, c’est aussi une affaire de patrie. Les moqueries de ses camarades concernant son accent madérien à son arrivée à Lisbonne ne sont qu’un lointain souvenir. Le Portugais le plus célèbre au monde est l’ambassadeur numéro 1 de sa nation. Meilleur buteur (85) et joueur le plus capé (154) de sa sélection, CR7 a longtemps craint de s’inscrire dans la lignée d’Eusébio, Figo ou Rui Costa en matière de palmarès. Finalement, c’est dans son sillage qu’une équipe de guerriers va réussir là où les autres ont échoué. Ceci à l’orée d’une période faste récompensée par ses quatrième et cinquième Ballon d’or. Avec son rival argentin, Ronaldo a redéfini le paysage du football et composé une dualité romanesque.

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Enfin, comment évoquer la carrière du Lusitanien sans mentionner son ultime chef d’œuvre ? Il est 22h07 lorsque Lucas Vázquez décale Dani Carvajal sur la pelouse du Juventus Stadium en cette soirée pluvieuse du 3 avril 2018. Avant d’aborder ce quart de finale aller de Ligue des champions, Cristiano Ronaldo ne sait pas qu’il revêtira le maillot bianconeri la saison suivante. Néanmoins, une faille temporelle va s’ouvrir, donnant un aperçu des prochains mois. Carvajal adresse un centre au point de penalty. Mattia De Sciglio voit alors un numéro 7 surgir devant lui. L’homme, dos au but, prend son impulsion et tend la jambe droite. Son pied reprend parfaitement le ballon et le projette dans les filets d’un Gianluigi Buffon crucifié. Il n’est pas encore un Juventini que Cristiano Ronaldo est ovationné par ses futurs supporters. Un témoignage de son évolution, passant d’un sale gosse simulateur détesté du monde entier à un demi-dieu du rectangle vert applaudi par l’adversaire.

Viendra un jour où Ronaldo raccrochera les crampons, mettant un point final à une carrière pharaonique. Alors, le temps s’arrêtera. Le Portugais posera son regard sur des années de travail, de déceptions et de succès. Les hommages se multiplieront sur l’ensemble du globe. Et surtout, le football se penchera à son oreille et lui chuchotera : « Merci »

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