Sirigu, Trapp, Areola, Buffon, voilà quatre gardiens et presque une dizaine d’années que le Paris-Saint-Germain se cherche un gardien de but à la hauteur de ses ambitions européennes. Alors quand Keylor Navas, protagoniste de choix du long règne européen du Real Madrid de Zidane débarque début septembre, les avis sont unanimes : Cette fois c’est le bon.
Paris, nouvelle place forte sans garde
Sous l’ère QSI, le club de la capitale a rapidement trouvé les clés du succès sur la scène nationale mais n’a toujours pas trouvé et cherche encore celles qui lui feront enfin passer le stade des quarts de finale de la Ligue des Champions. Une partie du problème vient sans doute de se résoudre après des années à composer avec des gardiens aux profils bien différents mais qui se sont révélés inadéquats à chaque fois.
Salvatore Sirigu aura été celui ayant disposé du plus long temps dans les cages parisiennes. Quatre ans pendant lesquels Paris s’est gavé de titres en France mais est toujours tombé sur un os au mois de mars. Et un problème récurrent est pointé du doigt : L’incapacité de l’Italien à faire la différence sur sa ligne dans un match où l’adversaire ne dispose que de peu de situations nettes. Problème qui s’est d’ailleurs retrouvé les années suivantes avec Areola et Trapp. Installés l’un puis l’autre dans un souci de ‘modernisation’ du poste, notamment grâce à leur jeu au pied, aucun des deux n’a su améliorer les statistiques qui font mal au PSG une fois arrivé dans les batailles du top 16 du continent.
Dans les confrontations où les rouge-et-bleu subissent de nombreuses occasions, Les trois cités se sont régulièrement montrés à la hauteur de ce qui peut se faire de mieux ailleurs. Mais quand on joue pour le club de la capitale, il faut être prêt à réaliser le bon arrêt, peut-être le seul qu’il y aura à faire en 90 minutes. Et là, patatras. Ces dernières saisons, Trapp et Areola se sont plus distingués par leurs manques de concentration ou leurs erreurs de placement que par leur réussite sur ce plan là.
Un peu plus de six arrêts pour dix tirs subis, c’est la moyenne pour le français et l’allemand toutes compétitions confondues ces quatre dernières saisons. Quand on cherche où se trouvent les cadors du poste, c’est presque deux unités plus haut. Un petit chiffre pour un monde d’écart. Malgré un passage d’une saison qui sera retenu comme un échec suite au fiasco Manchester, seul Gianluigi Buffon a atteint ce niveau lors de son exercice 2018-2019 avec Paris à la faveur d’une excellente phase de poules. Et Keylor Navas dans tout ça, où se situe-t-il ?
Le blanc étincelant qui ne voulait pas briller
De façon bien peu surprenante, le néo-parisien est, en termes de statistiques sur les quatre dernières saisons toujours, bien campé dans le top 5 européen. Forcément, avec 3 ligues des champions en tant que titulaire dans la poche, il est difficile de s’attendre à autre chose. Pourtant, quand il débarque au Real Madrid en 2014, le costaricien n’avait pas vraiment pu démontrer cette fameuse capacité à sortir de son sommeil et aller décrocher l’arrêt déterminant à l’instant T. Non, car c’est à la faveur d’une bonne première saison en tant que titulaire avec le modeste Levante et surtout d’une Coupe du Monde stratosphérique avec le Costa Rica qu’il explose à la face du monde. Comme un petit contingent de gardiens sur ce mondial brésilien, il empile les parades, à raison d’un peu plus de 5 de moyenne par match jusqu’aux quarts de finale. Ce n’est pas pour rien qu’il termine deuxième meilleur portier de la compétition derrière Manuel Neuer.
Mais que l’adaptation aux hautes sphères continentales fut rapide ! Après une saison à attendre sagement la fin de l’ère Casillas, le chat de San Isidro, sans jamais faire de bruit, porte les merengues qui réussissent un incroyable triplé. Neuf matchs sans prendre le moindre but pour sa première C1. Neuf. En 2017, sans réaliser le même score, il provoque néanmoins l’écœurement général du Bayern, de l’Atletico et de la Juventus des quarts à la finale. Son sens de l’adaptation, sa concentration à toute épreuve et sa réactivité en font sans doute au moins un temps le meilleur gardien du circuit, bien que ce ne soit pas hurlé sur tous les toits.
L’homme est un discret, professionnel, droit dans ses bottes et qui préfère éviter la lumière des projecteurs. Presque paradoxal. Les coups de comm’ ou les beaux discours, ce n’est pas pour lui, alors quand Florentino Perez impose sa némésis Thibaut Courtois comme n°1 de la maison blanche, la pilule a du mal à passer mais soit. Le Belge est plus bankable, plus grand, plus jeune, plus médiatique. Meilleur…? Keylor prend la porte un an plus tard, direction Paris contre quinze petits millions d’euros.
Bien sûr, la situation de l’intéressé depuis un an joue grandement sur le prix de la transaction, mais, pour l’anecdote, le dernier à avoir fait ce trajet était Jesé, pour un montant deux fois plus élevé. Preuve aussi qu’à son image, le PSG atteint enfin un certain niveau de maturité. La clé du succès de Keylor jusqu’ici. De leur succès commun à venir ? De par ce qu’il a fait, qu’il est, qu’on l’on sait déjà qu’il sera et fera, voici venu le transfert symbolique d’un symbole inestimable, pour le Real et Paris. Pour quinze millions d’euros.
Crédit photo: Baptiste Fernandez/Icon Sport