Mardi 23 octobre, Chelsea défie l’Ajax Amsterdam à l’occasion de la troisième journée de Ligue des Champions. Face au leader du groupe H, les Blues pourront compter sur Mason Mount, auteur d’un début de saison remarquable. Portrait d’un prodige couvé par Franck Lampard, son idole de toujours et mentor aujourd’hui.
Il était une fois un gamin de Portsmouth. Il s’appelait Mason Mount et s’émerveillait devant les performances des meilleurs joueurs de Premier League. Comme de nombreux petits anglais, il rêvait d’emprunter un jour le même chemin qu’eux. Son idole ? Un certain Franck Lampard, qui régnait en maître sur le milieu de terrain de Chelsea. Une dizaine d’années plus tard, le rêve est devenu réalité. Le gamin de Portsmouth a grandi et défend aujourd’hui les couleurs des Blues à Stamford Bridge comme aux quatre coins du royaume. Sous les ordres de qui ? Franck Lampard, évidemment.
Débuts prometteurs
À seulement 20 ans, Mason Mount impressionne pour sa première saison dans l’élite. Titularisé tous les week-ends, il n’est pas du genre à laisser passer sa chance. Buteur face à Leicester dès la deuxième journée (1-1), le milieu de terrain offensif a planté quatre buts en championnat. Surtout, son influence sur le jeu des Blues en fait déjà, en compagnie de Tammy Abraham, l’homme providentiel d’une équipe en pleine reconstruction. Il n’en fallait pas plus pour que l’idylle s’installe entre le rookie et ses supporters.
L’histoire d’amour entre Mason Mount et les Blues ne date pourtant pas d’hier. Né à Portsmouth le 10 janvier 1999, le petit Mason est âgé de cinq ans lorsqu’il fait ses premiers pas sur le rectangle vert dans le club local de Boarhunt. Les qualités de l’enfant ne tardent pas à taper dans l’œil de son encadrement mais aussi des recruteurs. Repéré par Chelsea, Mount fera tout pour intégrer le centre de formation des Blues, malgré les réticences de son père, Tony. Son fils a du talent, cela ne fait aucun doute. Mais au milieu des années 2000, Chelsea n’est pas réputé pour accorder une grande importance à son académie. Un sentiment renforcé par l’arrivée en 2003 de Roman Abramovitch et ses milliards, plus impatient de recruter des stars que de laisser grandir les jeunes pousses du club.
Enfant du club
Finalement, Tony se laisse convaincre et le jeune Mason intègre le centre de formation des Blues en 2006, à l’âge de 6 ans. Le Pompey Boy (surnom donné aux personnes originaires de la ville portuaire) fera toutes ses classes du côté de Londres. Il grandit à l’ombre de ses idoles Terry, David Luiz et surtout Lampard, dont il essaye de s’inspirer pour se perfectionner. « C’est celui que j’ai toujours considéré comme un modèle. Quand j’étais avec les moins de 12 ans, nous devions choisir un joueur à regarder pour essayer d’apprendre des éléments de son jeu. J’avais choisi Frank. », a-t-il d’ailleurs déclaré à The Sun. Et la méthode fonctionne. Mount s’affirme comme un des plus grands espoirs de l’académie. En 2017, il porte le brassard de capitaine lors de la victoire de son équipe en FA Youth Cup. La même année, il remporte aussi l’Euro -19 avec sa sélection nationale.
À 18 ans, auréolé du titre de meilleur joueur du tournoi, il revient dans l’ouest londonien avec l’intention de s’imposer définitivement dans l’équipe première. Mais le manager Antonio Conte ne compte pas sur lui. Mount prend alors la direction du Vitesse Arnhem pour s’aguerrir. Aux Pays-Bas, le milieu de terrain inscrit 14 buts et 10 passes décisives en 39 matches. Pas mal pour un jeune homme qui évolue pour la première fois dans un championnat et un pays qu’il découvre. Tandis qu’il est élu joueur de l’année par ses supporters, son coach Marc van Hintum se réjouissait de pouvoir « profiter d’un talent génial ».
Joue-la comme Lampard
Le technicien hollandais fera tout pour conserver l’espoir anglais, désormais courtisé par l’Ajax Amsterdam et le PSV Eindhoven. Mais Chelsea, sur recommandation de Franck Lampard, décide de rapatrier son joyau et voilà Mount de retour au bercail. Il s’en suit une nouvelle déception, puisque le nouveau coach Maurizio Sarri ne compte pas non plus sur lui. Un mal pour le plus grand bien de sa carrière : le joueur s’en remet à son mentor et accepte de le suivre à Derby County en Championship. Lors de la saison 2018-2019, il explose chez les Rams. Lampard en fait la pièce maîtresse de son animation offensive et Mount lui rend bien, inscrivant 11 buts en 44 matches. Le mentor et son disciple finiront par s’incliner en final de playoffs face à Aston Villa mais Lampard est désormais certain d’une chose : son élève est prêt pour se frotter aux joutes de Premier League.
Nommé manager de Chelsea, il ramène Mount dans ses valises. Le joueur profite de la confiance de son coach et de l’interdiction de recrutement du club pour s’imposer dans le onze des Blues. Positionné en meneur de jeu ou ailier gauche, il brille grâce à sa qualité de passe, sa faculté à se projeter et à marquer, mais aussi par une grande capacité à harceler les défenseurs adverses quand il n’a pas le ballon. De quoi générer de nombreuses comparaisons avec son entraîneur, même si les deux hommes n’ont pas tout à fait le même profil. Si Lampard était un pur n°8, Mount joue un peu plus haut sur le terrain. Ses qualités de dynamiteur en font un joueur naturellement plus offensif, là où son mentor faisait des merveilles dans la gestion du rythme au cœur du jeu.
Un avenir en bleu… et blanc
Les comparaisons ont au moins le mérite de souligner la filiation symbolique qui existe entre le joueur et son coach. Anglais, formé au club, capable de prendre le jeu à son compte, Mount réunit toutes les qualités pour devenir une figure forte auprès des supporters. Un statut de leader lui semble promis dans les années à venir. En attendant, il a déjà réussi à se rendre indispensable sur le terrain, comme en témoigne la frayeur qui a traversé Stamford Bridge, lorsqu’il dut sortir blessé après un tacle très appuyé de Francis Coquelin face à Valence en Ligue des Champions, le 17 septembre dernier (défaite 0-1).
Plus de peur que de mal pour le nouveau joyau de la Couronne britannique, qui continue de marcher sur les traces de son idole. D’ailleurs, Lampard lui a lancé un nouveau défi : « Il cumule plus de 100 sélections (106 exactement, ndlr.), alors il m’a dit qu’il voulait voir si je pouvais le dépasser », a confié l’intéressé. Il rêve surement d’avoir le même destin que son illustre mentor sous le maillot national, lui qui a fêté ses deux premières sélections avec les Three Lions en septembre dernier face au Kosovo et à la Bulgarie. Cela tombe bien : ses rêves, Mason Mount a pris l’habitude de les réaliser.