L’été dernier, le record d’affluence pour un match de football féminin disputé dans l’hexagone est tombé. 57 900 spectateurs étaient présents au Stade de Lyon (Groupama Stadium) pour suivre la finale opposant les USA aux Pays-Bas. Les joueuses de Jill Ellis, emmenées par Rapinoe et Lavelle se sont imposées 2 buts à 0. Elles ont ainsi décroché le quatrième sacre mondial de la sélection américaine. Cette huitième édition du mondial organisé par la FIFA s’inscrit dans une dynamique enclenchée il y a près de trois décennies visant à promouvoir le football féminin.
Le football se joue à onze contre onze
Le football n’est pas un sport d’hommes comme pourrait le laisser penser la culture populaire. Il n’a pas été créé pour être pratiqué exclusivement par des hommes, arbitré par des hommes, dirigé et commenté par ces mêmes hommes. La domination masculine a parfois eu pour effet l’exclusion de certaines populations des stades comme ce fut le cas en Iran dès 1979. Cette année, des femmes ont à nouveau pu assister à un match officiel : une première depuis la fin de la révolution iranienne.
La modernisation d’un secteur en pleine mutation
Le traitement médiatique du football féminin n’est pas toujours à la hauteur des performances réalisées. Critiqué par certains pour son manque d’intensité, des gardiennes pas au niveau ou des buts trop grands, le football féminin évolue malgré un lot d’idées reçues. Il entre, à son rythme, dans une nouvelle dimension. Le Mondial a permis aux diffuseurs de proposer un nouveau type de contenu, aux stades de réunir plus d’un million de spectateurs cumulés. A cela s’ajoute un intérêt croissant de l’UEFA et des clubs professionnels pour le football féminin. En effet, de nombreux clubs historiques développent des sections féminines à l’image des trois géants espagnols, des clubs anglais ou du Bayern Munich. La référence en la matière reste cependant l’Olympique Lyonnais de Jean-Michel Aulas. Visionnaire, ce dernier a misé très tôt sur la compétitivité de son équipe féminine qui est devenue une référence mondiale.
L’Olympique Lyonnais au sommet de l’Europe
Les joueuses rhodaniennes ont une nouvelle fois tout raflé sur la scène nationale et européenne. Elles ont remporté leur sixième Women’s Champions League face au FC Barcelone. Depuis désormais quatre saisons, les Lyonnaises règnent sans partage en Europe. Les lionnes ont toujours soif de succès et semblent continuer sur leur lancée.
La Women’s Champions League connaîtra une évolution majeure avec l’apparition d’une phase de poule dès la saison 2020/21. 16 équipes seront réparties et quatre groupes de quatre.
Stephanie Frappart dicte sa loi
Et s’il s’agissait là du meilleur représentant de l’arbitrage français. Cette année, la native du val d’Oise a été la première femme désignée arbitre principal en Ligue 1 et lors d’un match officiel UEFA (Supercoupe d’Europe). Elle a en parallèle réalisé un excellent Mondial, récompensé par une finale au Stade des Lumières.
Tiane Endler, le dernier rempart
Capitaine de la sélection chilienne, elle n’aura pas su empêcher l’élimination de son équipe au premier tour. Ses prestations de haut-vol face aux USA et la Suède ont été saluées par les observateurs dont l’ancienne meilleure gardienne du monde : Hope Solo. Cette saison, elle évolue sous les couleurs du PSG Féminines en D1.
Megan Rapinoe, this is America
A 34 ans, l’internationale américaine a probablement réalisé la saison la plus aboutie de sa carrière. Désignée meilleure joueuse du Mondial, meilleur buteuse du tournoi, joueuse de l’année aux FIFA The Best, double championne du monde et Ballon d’Or… l’ailier gauche de la sélection américaine s’est montrée décisive lors de la phase à élimination directe avec 5 buts inscrits en 3 matches. Cette capacité à être performante lors des moments-clés a été l’un des facteurs déterminants du sacre américain.
En dehors des terrains, Rapinoe se définit comme une activiste. Elle s’oppose ouvertement à la politique de Donald Trump et milite aux côtés d’autres joueuses américaines pour l’égalité salariale. Son combat dans la lutte contre les violences policières et le racisme l’ont poussé à ne plus chanter l’hymne américain.
Le discours émouvant de Marta
Longtemps considérée comme la meilleure joueuse du monde Marta a échoué dans sa quête d’un titre mondial avec le Brésil. A la fin de ce qui était sa dernière coupe du monde, la capitaine de la sélection brésilienne a tenu un discours poignant à l’attention des joueuses « Il faut en vouloir plus, s’entraîner plus, être prête à jouer 90 minutes, plus de 30 minutes (de prolongation) et toutes les minutes nécessaires. C’est ce que je demande aux filles. Formiga n’est pas éternelle, Marta non plus, Cristiane non plus (…) Le foot féminin dépend de vous pour survivre. Pensez à ça, savourez. Pleurez au début pour sourire à la fin ».
Corinne Diacre, du Domenech dans les veines
Le rôle de sélectionneur n’est jamais facile à l’approche d’une compétition disputée à domicile. Diacre s’est privée des services de la meilleure buteuse du championnat (Katoto, PSG) au nom de l’harmonie du groupe. Frustrée par l’élimination des Bleues en quarts, le sélectionneur s’est permis une sortie assez musclée envers Eugénie Le Sommer. Certaines consignes n’auraient pas été respectées par l’attaquante lyonnaise. Si dans le fond, cela peut s’entendre, la méthode a de quoi laisser perplexe au lendemain d’un fiasco. Les Bleues n’ont pas seulement loupé leur mondial, elles ont laissé filer leur qualification pour les JO de Tokyo.
La casserole
Pour finir, prenons le temps de “rendre hommage” au jeune retraité Bernard Lacombe. Interrogé en 2013 sur l’antenne de RMC l’ancien dirigeant lyonnais avait dit ceci : «Je ne discute pas avec les femmes de football. Je le dis parce que c’est mon caractère. C’est comme ça. Qu’elles s’occupent de leurs casseroles et puis ça ira beaucoup mieux».
Crédit photo : Dave Winter/Icon Sport