Atalanta Bergame : les secrets d’une attaque de feu

Pour renverser le Valence CF en huitième de finale de la Ligue des Champions, l’Atalanta Bergame comptera sur son arme fatale : une attaque parmi les meilleures du continent.

L’évènement est historique. Les supporters de la Dea l’attendent depuis un certain 16 décembre, jour de tirage au sort. L’Atalanta Bergame se présente pour la première fois en huitième de finale de la Ligue des Champions, ce mercredi 19 février, face au Valence CF. Pour venir à bout du club Che, Gasperini et ses hommes disposent d’une arme redoutable : une des toutes meilleures attaques d’Europe. Un atout de taille face à une équipe espagnole seulement 14ème au classement des défenses de Liga.

Cette saison, l’Atalanta Bergame, c’est avant tout une attaque ultra performante. La meilleure d’Italie avec 72 buts toutes compétitions confondues et déjà 63 en Serie A, du jamais vu à ce stade de la compétition. 72, c’est cinq de plus que la Juventus Turin, qui dispose pourtant de tout autres moyens : la masse salariale de la Vieille Dame culmine à 261 millions d’euros, tandis que celle de la Dea atteint tout juste les 35 millions. Une masse salariale égale à celle de Montpellier en 2018, selon le rapport financier du football 2017-2018. Et inutile de préciser que le club bergamasque marque bien plus que les hommes de Michel Der Zakarian…

Fines gâchettes

Mais quels donc sont les secrets de cette attaque de feu ? Disposer d’attaquants talentueux tout d’abord. Comme la doublette colombienne Luis Muriel-Duvan Zapata. Le premier a déjà planté 13 buts cette saison tandis que son compatriote en a marqué 9 en seulement 16 matchs toutes compétitions confondues. L’ancien joueur de le Sampdoria confirme par ailleurs son statut de buteur efficace après avoir terminé la saison passée avec 22 unités au compteur.

L’autre homme fort, c’est Josip Ilicic. À 32 ans, le Slovène semble au sommet de son art. Et ses 14 buts cette saison n’en disent que trop peu sur son influence dans l’animation offensive de son équipe. Ajoutez à ceux-là Alejandro « Papu » Gomez, idole locale et toujours aussi précieux devant le but (7 buts) comme dans la construction, et vous obtenez un potentiel offensif bien plus compétitif que l’absence de nom ronflant ne veut bien le laisser entendre. Nul doute que Gian Piero Gasperini se régale de cette diversité de profils et prend un malin plaisir à jouer sur les complémentarités de ces hommes forts devant.

Danger omniprésent

Résumer l’efficacité de l’Atalanta au talent individuel de ses attaquants serait pourtant bien réducteur. La grande force de la Dea est surtout collective. À tel point qu’avec l’actuel quatrième de Serie A, on a l’impression que le danger vient des quatre coins du terrain. Plus qu’une impression, il s’agit d’une réelle volonté du technicien italien : tous les joueurs, offensifs ou non, doivent participer à l’animation offensive de l’équipe. Une philosophie parfaitement illustrée par le rôle des deux wing back, Robin Gosens et Timothy Castagne (ou parfois Hans Hateboer), dont les montées incessantes apportent un précieux surnombre en attaque. Symbole de cette présence offensive, leurs deux buts lors de la victoire face au Chakhtar Donetsk le 11 décembre dernier en Ligue des Champions.

L’Allemand comptabilise d’ailleurs huit buts cette saison. Pas mal pour un « défenseur ». Et chez les arrières, il n’y a pas que les latéraux qui sont d’attaque. Du côté de Bergame, les trois défenseurs centraux sont aussi tenus de participer à l’animation offensive de leur équipe. Placés haut sur le terrain et considérés comme la première rampe de lancement indispensable à la bonne construction des actions, ils relancent court et n’hésitent pas à franchir une ligne dans le camp adverse pour créer les premiers déséquilibres.

La patte Gasperini

Toutes ces caractéristiques découlent directement du dispositif tactique résolument offensif mis en place par Gian Piero Gasperini, le gourou de l’Atalanta Bergame. Arrivé en 2016, l’entraineur de 61 ans a trouvé en Lombardie le cadre idéal pour mettre en application ses principes de jeu. Au point d’en faire une des équipes les plus prolifiques et séduisantes du Vieux Continent. Sa tactique repose sur un système à trois défenseurs, le plus souvent un 3-4-1-2, pouvant naturellement muer vers un 3-4-2-1. Là encore, l’entreprise est risquée. Le coach italien semble pourtant avoir trouvé l’équilibre nécessaire à son équipe pour lui apporter une relative solidité défensive, malgré un penchant très clair vers l’avant.

Sur le terrain, cette tactique se traduit aussi par une volonté de presser haut et de façon continue. En témoigne le rôle clé de Freuler et De Roon dans l’entrejeu bergamasque. Le Suisse et le Néerlandais déploient un volume de jeu impressionnant et sont devenus plus que coutumiers du dépassement de fonction. Toujours en mouvement, ils n’hésitent pas à venir en soutien direct aux attaquants en phases offensives. Ce sont également eux qui sont chargés de couvrir les multiples montées des latéraux. Leur activité aussi bien offensive que défensive est indispensable à la progression des attaques, faites de circuits de passes courtes et de permutations permanentes.

Entretenir cette attaque de feu a pourtant un coût. Le prix d’un équilibre défensif parfois précaire et d’espaces importants laissés aux attaquants adverses. Miraculé après trois défaites en phase de poules de la Ligue des Champions, l’Atalanta n’apparait qu’à la septième place des meilleures défenses transalpines. Pas sûr donc que son tranchant offensif suffise pour venir à bout de Valence ce soir. À moins que Gasperini et ses hommes ne nous démontrent une fois de plus que, parfois, la meilleure défense, c’est bel et bien l’attaque.

Photo crédits : LaPresse / Iconsport

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