[Edito] Monsieur Aulas, nous vous avons compris

Nous sommes le 4 juin 2020. Officiellement, la saison de Ligue 1 est terminée. Le Paris Saint-Germain est encore une fois sacré champion de France, l’Olympique de Marseille retrouve la Coupe aux grandes oreilles. Et pour Lyon ? Pas de coupe d’Europe. Du moins, pas par le championnat. Dans les autres pays, les quatre grands championnats reprennent ou ont repris. Jean-Michel Aulas milite pour que la Ligue 1 reprenne. Et son message n’a jamais été aussi audible.

« Les grandes manifestations sportives de plus de 5.000 participants ne pourront se tenir avant le mois de septembre. La saison 2019-2020 ne pourra pas reprendre. » Par ces mots prononcés le 28 avril, le Premier ministre Edouard Philippe a mis fin à la saison de Ligue 1. Durement touchée par cette pandémie de coronavirus, la France a pris les dispositions nécessaires pour entériner le débat. Sur le fond, difficile de privilégier autre chose que la santé. Mais d’un autre côté, il semblerait que la décision prise ait été un peu trop hâtive.
Dans les autres pays européens, la stratégie a été toute autre : temporisation, évaluation de la situation, tests à grande échelle et à plusieurs reprises pour les joueurs et les staffs et, enfin, décisions prises en accord entre les fédérations et les autres gouvernements. Résultat : l’Allemagne joue depuis déjà deux semaines et aucun cas de coronavirus n’a été détecté pour le moment. En Angleterre, la reprise sera pour le 17 juin. Tout le monde a été testé trois fois. Au début des tests, quelques cas. Aujourd’hui, all good ! En Espagne, on est aussi en phase de reprise avec un championnat de retour le 11 juin. En Italie, il semblerait même que le débat soit encore plus poussé avec une possibilité de présence de supporters avant la fin du championnat. Selon Gabriele Gavrina, président de la fédération italienne, « c’est encore un peu prématuré » mais c’est un souhait dans un futur proche. Pourquoi eux et pas nous ? Pourquoi les gouvernements étrangers sont aussi flexibles, alors que le notre est si dur ?

L’équité sportive en questionnement

À situation exceptionnelle, classement exceptionnel. Le championnat s’est arrêté à la 27e journée, car le PSG n’a pas disputé son match face à Strasbourg. Le classement a donc été établi sur la base d’un indice qui compte le total de points marqués, divisé par le nombre de matchs joués. Jusqu’ici, tout va bien. Mais cela reste un classement tronqué. Nous savons que dans le foot, il faut jouer jusqu’au coup de sifflet final. Personne ne s’arrête de jouer à la 75e minute de jeu parce que tout peut arriver dans les dernières minutes.

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Et bien, pour le championnat, c’est la même chose. Il y avait tout de même quelques certitudes dans ce classement : le PSG champion, Toulouse en L2, Marseille européen. Pour le reste, rien n’était figé. Et quand on sait la différence de primes ou encore de budget quand on se qualifie pour la Ligue des Champions, il n’est pas incompréhensible de voir le président de l’OL se plaindre. La semaine dernière, le gouvernement a autorisé à nouveau les entraînements collectifs et a donné la possibilité aux clubs d’effectuer des matchs amicaux. Vu l’amélioration de la situation sanitaire, cela pourrait être une bonne solution. Parce qu’économiquement, le football français risque de ne pas se relever.

Des conséquences qui auront un impact dans le futur

Oui, les conséquences sont déjà désastreuses. On parle ici de millions d’euros de déficit pour les clubs, de nombreux postes supprimés pour les employés ainsi qu’une redistribution incomplète des droits TV, étant donné que la saison est terminée. Mais qui pourra se relever de ce traumatisme ? Pourquoi ne pas terminer ce championnat à huis-clos pour permettre aux clubs de survivre ? Des clubs comme Bordeaux, Marseille ou encore Lille (qui ne veulent pas forcement reprendre le championnat), sont au bord du gouffre. L’Olympique Lyonnais, habitué aux revenus de la Coupe d’Europe, verrait un trou énorme dans sa trésorerie. Il n’est pas écrit que si le championnat reprenait demain, l’OL serait européen. Mais Lyon a le droit de rêver, jusqu’à la 38e journée.

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« Oui, il y a une volonté des clubs de Ligue 1 d’aller d’exercer un recours contre l’Etat à l’initiative de Bernard Caïazzo, qui permet de les regrouper dans cette action. Tous les clubs vont dire que s’il y a un responsable, à partir du moment où c’est l’Etat qui a intimé l’ordre d’arrêter le championnat, sa responsabilité est engagée et il faut aller lui réclamer les 800 millions d’euros de déficit probable pour l’exercice en cours », a déclaré Jean-Michel Aulas à RMC Sport. « C’est peut-être pour cela que la ministre (des sports, Roxana Maracineanu) dit que ce n’est pas le gouvernement qui a pris la décision. » Une petite « guéguerre » entre le gouvernement et le patron de l’OL s’est installée et elle n’est pas prête de se terminer. Le dirigeant lyonnais envisagerait même de saisir le Conseil d’Etat pour reprendre la saison. Les préconisations de l’UEFA n’ont pas été respectées, l’institution voulant que les championnats aillent le plus loin possible. Un mince espoir de reprise ? Rien n’est moins sûr.
Et puis, nous sommes tellement pressés de voir la nouvelle émission du lundi sur Médiapro « Tout Simplement Ligue 1 » en compagnie de Coach Doudou et Yannis, qu’on souhaiterait que notre cher championnat revienne dès demain.
Crédit photo : IconSport
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