[Interview] Docteur Wizzi : « Nous les coiffeurs, on contribue au bien-être du joueur »

A l’heure où l’image occupe une place importante dans le football, les coiffeurs exercent une profession à l’influence croissante. À la fois vecteurs de bien-être et influenceurs, ils contribuent aux performances et à l’équilibre des joueurs. Face aux contraintes liées à la notoriété, les « hair stylists » ont su s’adapter en offrant de nouveaux services. U10 est allé à la rencontre de l’un d’eux, Docteur Wizzi. 

L’Ultimo-Présentation :

Bonjour, je suis Docteur Wizzi. De base, je suis assez timide. Avec ce métier, j’ai appris à sortir de ma réserve. J’ai ouvert un barbershop en 2011 et j’y ai exercé jusqu’en 2016. Je ne cours pas nécessairement après la célébrité, je suis monsieur tout le monde.

Ça me fait plaisir que l’on puisse s’intéresser aux coiffeurs. On parle souvent du staff technique et médical, mais on ne pense pas vraiment à nous alors que l’on contribue également au bien-être, ainsi qu’à l’équilibre du joueur. Il m’arrive souvent de recevoir des messages de joueurs me remerciant car ils ont gagné en confiance grâce à leur coiffure puis ont inscrit un but dans la foulée. Un autre type de reconnaissance, c’est de retrouver mes coiffures modélisées sur les joueurs en jouant à FIFA.   

D’où vient le surnom Docteur Wizzi ?

Pour la petite histoire, mon nom d’artiste est venu d’un ami. Il a été bluffé par une coiffure. Il m’a dit « Tu n’es pas un coiffeur, t’es comme un médecin car je n’ai l’impression de n’être plus la même personne ! A partir de maintenant, je vais t’appeler Docteur ! » C’est comme ça qu’est né Docteur Wizzi ! Et c’est resté. Cette identité me suit partout. Je suis vraiment dans le détail et ça colle assez bien avec mon travail.

Comment s’est passée la transition vers le football ?

Je me suis mis en retrait pour réfléchir à un nouveau projet. J’ai mené une réflexion autour des joueurs. L’idée m’est venue de me spécialiser sur ce segment. Me déplacer me permet d’offrir plus de flexibilité aux joueurs. Pour être honnête, j’avais déjà un pied dans le football car certains de mes amis footballeurs me recommandaient à leurs coéquipiers. Le bouche à oreille a fonctionné à merveille. Il n’y a rien de plus valorisant. Je ne peux pas accepter tout le monde car il faut que je conserve une certaine éthique.

A côté de cela, j’ai toujours l’idée d’ouvrir quelque chose, de développer de nouveaux concepts. 

J’ai toujours été un voyageur dans l’âme. Je ne vois pas les trajets professionnels comme une contrainte.

Où en es-tu aujourd’hui ? 

J’ai intégré la structure de Moussa Sissoko, la Team MS Foot. J’ai eu la chance de le rencontrer et il m’a ouvert des portes. On a le même état d’esprit. La structure regroupe plusieurs services : l’agent, les conseillers sportifs, les kiné, les ostéopathes, le coiffeur etc. Ça se développe. On met en place tout ce qui contribue au bien-être du joueur, ce qui est utile pour sa carrière. C’est une famille et ça détend les joueurs. 

On sort d’ailleurs d’un stage à Antibes avec les joueurs, on a passé un bon moment. Ils me connaissaient déjà et ont reconnu mon travail. Ça fait plaisir. Il faut être passionné pour ce genre de métier. Cela implique énormément de travail, une constante remise en question, un travail de précision. 

https://twitter.com/vinesfoot/status/1274432069725274113?s=21

Les voyages ne sont-ils pas trop contraignants ? 

J’ai toujours été un voyageur dans l’âme. Je ne vois pas les trajets professionnels comme une contrainte. Je n’ai pas peur d’aller à l’autre bout du monde pour me perfectionner. Une formation avec le groupe ETHOS m’a permis de voyager à Philadelphie. Leur structure et leur façon de travailler collait avec la mienne. La culture du barbershop vient des Etats-Unis. J’essaie de consolider mes bases. Je m’en inspire pour progresser.  

Mon entourage constate une amélioration et c’est bon signe dans la perspective d’une structure à destination du grand public. 

Comment définir ton métier ? 

La coiffure est un art. Cela nécessite du temps, de la précision, du détail. Chaque coiffure est comme un tableau ! Une oeuvre d’art. 

Quand on va chez le barber, on échange, on communique, c’est de là que partent tout les secrets.

Es-tu fan de football ?

Je mesure la chance que j’ai de travailler dans ce domaine et côtoyer des joueurs. Plus jeune, je rêvais d’être joueur de foot, mais on ne peut pas tout avoir (rires). J’ai continué dans le domaine de l’art et j’ai trouvé ma vocation dans la coiffure. Je me suis trouvé. Au final, je suis revenu au football. Aujourd’hui, c’est un plaisir de travailler dans ce milieu, de pouvoir parfois passer du temps dans les stades. Ça reste un combo parfait. 

Quel type de relation est tissée avec les joueurs ? 

Les joueurs ne sont pas que des clients, ils deviennent ensuite des amis, des frères. On a souvent le même vécu, les mêmes valeurs.

Il arrive parfois qu’il n’y ait pas le même feeling, c’est différent mais je suis là pour rendre service. Ça ne m’empêche pas de faire mon travail avec professionnalisme.

Quand on va chez le barber, on échange, on communique, c’est de là que partent tout les secrets. On se confie plus facilement. Le coiffeur a parfois un rôle de confident. C’est là que la démarche autour de la Team MS est pertinente. 

Un anecdote à partager ? 

Celui avec lequel j’ai eu le plus de dingueries c’est Claudio Beauvue (rires). Je suis parti en Guadeloupe sur une coup de tête. Mon premier voyage sur place, mais il a su me rassurer. Il m’a installé juste à côté de l’hôtel de la sélection guadeloupéenne pour que je puisse le coiffer, ainsi que d’autres joueurs. J’étais en quelque sorte en mission. Le cadre était idéal, juste à côté de la plage. On a vraiment passé de bons moments et je commençais à me faire un nom dans le milieu. Claudio a toujours cru en moi. C’est un frère, il sera toujours là pour m’aider. Mais je suis ce grand débrouillard qui veut prouver à ses amis qu’il est capable avant de faire appel à eux. Les joueurs m’inspirent énormément car pour beaucoup, ils sont partis de rien comme nous tous. L’état d’esprit fait tout le reste. 

Le mot de la fin ?

Rester soi-même et ne jamais rien lâcher. Il faut être patient lorsque l’on monte certains projets, afin de ne pas perdre de vue ses objectifs. 

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