Villarreal, l’heure de s’assumer

Six fois parmi le Top 6 de Liga sur les sept dernières saisons, à nouveau qualifié pour l’Europa League après un trou d’air et une 14e place en 2018-19, Villarreal s’est beaucoup démené sur le mercato pour enfin faire la différence sur ses concurrents et franchir le pas qui le ramènerait en Ligue des Champions. Objectif qui devrait rapidement devenir un devoir pour l’équipe dirigée par Unai Emery.

Aller simple pour un retour européen

La Liga 2019-20 aura été aussi peu emballante qu’elle aura laissé de place au suspens dans la course à l’Europe. Six équipes qui se seront longtemps tenues dans un mouchoir de poche, cinq jusqu’à deux journées de la fin. A la photo finish, Villarreal termine cinquième, à la faveur d’un mois de juin canon. Un petit exploit que l’on attendait pas vraiment, rendu possible par l’écroulement coordonné de la Real Sociedad, de Getafe, de Valence, et par un dernier exercice de haut vol de Santi Cazorla en guise d’adieu. Le maestro rejoint Al-Sadd, l’autre taulier du vestiaire Bruno Soriano raccroche lui les crampons. Par ailleurs, le garde du corps des artistes de l’entrejeu André-Franck Zambo Anguissa, excellent dans ce rôle durant son passage, doit plier bagage direction Fulham après l’expiration de son prêt. Enfin, Javier Calleja, lui aussi très inspiré sur son banc durant l’année, a dû laisser sa place durant l’été. Le sous-marin jaune s’offre donc un retour à son statut européen, mais avec beaucoup à faire pour consolider celui-ci.

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Dans le difficile contexte économique de la crise du COVID, Villarreal a semble-t-il largement réussi sa mission de renforcement de son effectif. Geronimo Rulli arrrive en tant que doublure d’Asenjo dans les buts, Pervis Estupiñan au poste de latéral gauche après un bon exercice à Osasuna avec Jaume Costa et Jaime Pedraza de retour de prêt pour le concurrencer, la pépite japonaise Takefusa Kubo est prêtée par le Real Madrid pour enrichir le secteur offensif, et enfin le duo Parejo-Coquelin est soutiré à Peter Lim. Coup double sur ce point, les jaunes récupèrent ce qui devient leur entrejeu titulaire tout en démolissant le voisin valencian, avec le concours de son propre président. Enfin, Unai Emery vient prendre place sur banc dans l’optique de retrouver un projet lui correspondant plus que le PSG ou Arsenal.

Juge de paix du Top 4 avant de franchir le cap ?

Sans grande surprise, les débuts en championnat sont pour le moins poussifs. Si le 4-4-2 est toujours  le dispositif de base, l’animation du tout peine à prendre avec les nombreuses recrues qui composent le 11, ou manquent encore à l’appel par manque de préparation. Des Parejo et Coquelin devant encore digérer leur éviction du FC Valence qui était leur maison, un Pau Torres devant faire le travail pour deux à côté d’un Raul Albiol dépassé, un poste de latéral gauche où ni Pedraza ni Estupiñan n’avaient expérimenté ce dispositif par le passé, ou plus inquiétant, des Moi Gomez et Paco Alcacer complètement perdus en ce début de saison, n’aidant pas du tout les valeurs plus sûres que sont Gerard Moreno et Samuel Chukwueze. En conséquence, les jaunes travaillent beaucoup pour peu de rendement offensif, et se font punir bien trop facilement à la moindre transition saignante ou exploitation des côtés par les dédoublements des latéraux adverses, comme face au Barça (4-0).

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Cet échec face aux Blaugrana ne fera pas tâche au final dans un bilan de toute façon bien peu glorieux face aux gros du championnat depuis l’an dernier. Dans le top 4, seul Séville se sera incliné une fois face aux pensionnaires de l’Estadio de la Ceramica, le 15 décembre. Là se trouvera un premier repère de l’évolution de Villarreal d’ici à la fin de ce premier exercice façon Emery: Arriver en fin de saison en étant l’équipe capable de faire le tri parmi les favoris dans le sprint final. Le calendrier prévu ne devrait pas déranger outre mesure le sous-marin jaune, jamais confronté deux fois de suite à des opposants de haut niveau excepté lors des deux dernières journées (Séville et Real Madrid). Entre un Barça traumatisé, un Real poussif, un Atletico en perte de vitesse et un Séville en quête de confirmation, Villarreal devra montrer l’étendue de ses ambitions à moyen terme dès la dernière partie du présent exercice en prenant des points voire en menaçant un minimum la place de l’un d’entre eux.

Lors de ses deux précédentes expériences dans des clubs à la place similaire dans le panorama espagnol, Unai Emery avait toujours réussi un premier exercice globalement positif avant de véritablement en tirer le meilleur lors du second. A Valence, où il avait décroché une 6e place avant de ramener le club Ché sur le podium ; puis à Séville, où, bien qu’il ait atteint le podium et remporté la Ligue Europa dès la première saison, l’ex-coach du PSG avait réitéré la même performance mais en engrangeant 13 points de plus en championnat. Deux ans, c’est le tarif Emery, et c’est de toute façon sans doute tout le crédit dont il disposera auprès de ses dirigeants au vu de ses récents échecs français et anglais.

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