Jupiler Pro League : Quand les promus impressionnent

« Tout le monde peut battre tout le monde », cette phrase a été prononcée maintes et maintes fois par de nombreux experts du plat pays. La raison : le classement actuel de la Pro League où seulement deux points séparent le leader du septième. Les « petits » deviennent plus ambitieux et n’hésitent plus à bousculer les « grands ». En tête de ligne : le Beerschot et OHL, deux clubs promus qui proposent un football positif face auxquels de nombreux favoris ont trébuché.

Un championnat rempli de surprises

Si la saison dernière le nom du champion était couru d’avance tant l’avance du FC Bruges était considérable, il est impossible à l’heure actuelle de prédire les quatre participants aux Play-offs 1. Le Club de Bruges actuellement leader ex-aequo avec Charleroi (qui compte tout de même un match de retard) avec 23 points est suivi de près par le Beerschot, le Standard et Genk qui totalisent 22 points. Juste derrière, Anderlecht et l’Antwerp comptabilisent 21 points et si Oud-Herverlee Louvain remporte son match de retard, le club louvaniste comptera aussi 21 points. Plusieurs raisons peuvent expliquer un classement si serré, qu’elles soient sanitaires ou sportives.

Tout d’abord, de nombreux clubs belges ont été touchés par le coronavirus. Certains clubs ont donc perdu pendant plusieurs semaines certains joueurs clés à l’image du Standard de Liège qui a dû faire sans deux de ses hommes en forme : Nicolas Raskin et Maxime Lestienne. Pire encore, certains clubs ont tellement de cas positifs que la Pro League a décidé de déclarer un report de leurs matches. C’est par exemple le cas de Mouscron et de Waasland-Beveren qui se disputent le maintien. Ces absences ont aussi des répercussions sur le haut du tableau puisque Charleroi et Louvain comptabilisent un match de retard, ce qui resserre le classement et peut aussi engendrer un manque de rythme pour les joueurs.

Ensuite, si les supporters ont pendant un temps pu retourner au stade (en nombre grandement réduit), la saison s’est en grande partie déroulée dans des stades vides. L’impact de cette absence de supporters se fait grandement ressentir dans certains clubs habitués à un public chaud comme l’Antwerp, le Standard, Malines ou encore le Club de Bruges, qui ne compte que 10 points sur 18 à domicile, là où la saison dernière le bilan était presque parfait.

Enfin, le Standard, La Gantoise, l’Antwerp et le Club de Bruges sont engagés en compétition européenne. La débauche d’énergie est donc plus importante pour ces clubs d’autant plus que cette saison, les autres équipes ne leur font pas de cadeau. En effet, si les équipes de deuxième partie de tableau étaient habituées, pour la plupart, à faire le dos rond contre les favoris pour tenter d’accrocher un point, cette saison est bien différente, en grande partie grâce aux deux clubs promus qui ont débarqué avec une toute autre philosophie. Pour le Beerschot et OHL, pas question de subir pendant 90 minutes. Peu importe l’adversaire, le but est de proposer du jeu et de repartir avec la victoire. Ces deux équipes ont balayé le cliché du club promu qui tente uniquement de se maintenir et séduisent le public belge, ravi de voir des équipes à plus petit budget bousculer les cadors.

Le Beerschot, à l’attaque !

Si les Anversois avaient déjà séduit la saison dernière, remportant d’ailleurs le titre de Proximus League, personne ne s’attendait à un tel début de saison. Arrivant à Bruges lors de la troisième journée avec un 6/6 en poche, les hommes d’Hernan Losada avaient fait tomber le champion en titre Brugeois sur son terrain. Malgré une défaite face au Standard la semaine suivante, ils ont su réagir et écraser le KRC Genk le week-end d’après. Une victoire 5-2 qui avait d’ailleurs précipité le départ d’Hannes Wolf, l’entraineur genkois de l’époque. La suite du championnat a été moins surréaliste, ce qui n’empêche pas Losada et ses hommes de se placer sur l’actuelle troisième marche du podium.

Si l’équipe surprend, ce n’est pas seulement grâce à ses résultats mais grâce à la manière avec laquelle elle les obtient. Les Anversois proposent un football ultra offensif ou seule l’attaque importe. Mise à part la victoire 0-1 à Bruges, les 11 autres matches du Beerschot ont vu au minimum trois buts être inscrits à chaque fois. Certaines rencontres se transforment même en festival offensif où jusque 10 buts peuvent parfois être inscrit à l’image du nul sur le terrain de Courtrai (5-5), la victoire détonante face à Saint-Trond (6-3) ou la lourde défaite chez les Gantois (5-1). Leur meilleure qualité est liée à leur pire défaut puisque les hommes de Losada ont la meilleure attaque du championnat avec 33 buts marqués en 12 rencontres mais aussi la pire défense avec 30 buts concédés. Cette philosophie du « la meilleure défense c’est l’attaque » promet énormément de spectacle lors de chaque rencontre, peu importe l’adversaire.

Si leur attaque est leur meilleur atout, un homme se cache en réalité derrière cette efficacité létale : Raphael Holzhauser. Le milieu offensif autrichien de 27 ans est le véritable architecte de l’attaque. Sur les 33 buts marqués par son équipe, il a un pied dans 19 d’entre eux. Sur les 12 matches qu’il a disputé, il a inscrit 9 buts et a délivré 10 assists, ce qui fait de lui le meilleur buteur ex-aequo avec Paul Onuachu et le meilleur passeur du championnat.

OHL, le piège parfait

Dans un style totalement différent, Oud-Heverlee Louvain ou « OHL » marque les esprits pour une toute autre raison. S’ils ne sont ni flamboyant offensivement ni défensivement, aucune équipe favorite mise à part Charleroi n’a réussi à leur prendre trois points. Genk (nul 1-1), le Standard (défaite 1-0), La Gantoise (défaite 2-3), Anderlecht (nul 2-2) ou encore le Club de Bruges (défaite 2-1), aucune de ces équipes n’a su trouver la solution face aux louvanistes. La raison : leur coach Marc Brys qui a toujours su trouver le plan tactique parfait pour contrer ces adversaires de gros calibre.

Arrivé en juin dernier, l’entraineur originaire d’Anvers a transformé une équipe que beaucoup voyaient lutter pour le maintien en une équipe qui fait peur, en particulier aux clubs du haut du classement. Il a su exploiter à merveille la qualité de passe de Xavier Mercier, actuel deuxième meilleur passeur du championnat avec 7 passes décisives et a mis en place une attaque ultra efficace à qui il faut rarement 20 occasions pour trouver le chemin des filets. Le match face à La Gantoise en est le parfait exemple puisque leurs trois uniques frappes cadrées du match ont terminé au fond, éliminant quasiment tout suspens à la mi-temps.

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Les qualités de coaching de Marc Brys ont d’ailleurs été reconnues récemment puisqu’il est nominé aux côtés de Philippe Clément et Ivan Leko pour le trophée Raymond Goethals qui récompense le meilleur entraineur Belge de l’année évoluant en Belgique ou à l’étranger.

Crédit Photo : Icon Sport

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Jeune Belge étudiant le journalisme à l'IHECS (Bruxelles).