Ligue 2 : le bilan de la mi-saison par ses spécialistes

Souvent négligée par le grand public, la Ligue 2 s’est affirmée comme le péché mignon des connaisseurs. Avant sa reprise mardi prochain, Ultimo Diez a pris le temps de débriefer la première moitié de cette saison 2020-2021 avec un casting aussi riche qu’un repas de réveillon : Robert Malm, légende des terrains de deuxième division reconvertie consultant chez beIN Sports, diffuseur de la L2 depuis les débuts de la chaîne en 2012 ; Thomas Bonnavent, supporter clermontois, journaliste et co-auteur de la bible déposée sous tous les sapins de France, le Gros Livre de la Ligue 2 ; ainsi que Basile Brigandet, groundhopper vidéaste et amoureux de l’ESTAC.

Bien qu’il lui reste deux journées avant de boucler sa phase aller, toutes deux la semaine prochaine, la Ligue 2 est en pleine trêve hivernale. Après avoir occupé les pages économiques tout l’été, entre les fonds américains à Toulouse et Caen, le City Group émirati à Troyes et la prise de participation conséquente du Bahreïn au Paris FC (en attendant l’acquisition saoudienne à Châteauroux ?), le terrain a rapidement repris le dessus. Et si BKT a remplacé Domino’s Pizza comme naming l’été dernier, rassurez-vous, la Ligue 2 qu’on aime n’a pas changé d’un poil.

LE CHAMPIONNAT

Robert Malm : «Cette Ligue 2 est beaucoup plus homogène que les années précédentes, où des équipes s’étaient rapidement détachées comme Lens et Lorient l’an dernier, ou Metz et Brest auparavant. Beaucoup d’équipes se tiennent en quelques points (4 entre le 1er et le 6ème), et bien malin celui qui saura dire qui finira dans les deux premiers, ou dans quel ordre sera le top 5. La problématique est identique pour la relégation. Le Paris FC a eu 7 points d’avance sur Troyes, aujourd’hui ils en ont 3 de retard. Toulouse et Auxerre n’étaient pas bien partis, le TFC est désormais 3ème et l’AJA 4ème. En L2, sans régularité, tu navigues dans le ventre mou. Mais si tu enchaînes les victoires, tu peux très vite te retrouver dans le haut du panier. Tout dépend des séries que font les équipes. Il peut se passer encore beaucoup de choses, et le banc va être un facteur déterminant : certains ont déjà commencé à faire tourner (5 journées en 3 semaines en décembre), d’autres seront plus limités. Garder tout le monde concerné va prendre tout son sens vu le calendrier (5 journées en janvier, février et avril), auquel il faudra encore rajouter les tours de coupe.»

Thomas Bonnavent : «On est sur une Ligue 2 assez imprévisible, sans locomotive qui archi-domine. Et nous nous trouvons à un carrefour de philosophies : d’une part le «recyclage» de noms connus, avec succès pour Hinschberger, Girard ou Garande, avec moins de succès pour Dupraz ou Bazdarevic ; d’autre part, des entraîneurs aux idées novatrices, comme Gastien, Batlles et Desabre. Ce mélange nous donne un championnat passionnant à suivre, qui devrait garder son suspense jusqu’à la dernière journée. Je ne suis pas convaincu que les trois équipes actuellement en tête finiront sur le podium, ni que celles en place pour les barrages seront forcément au rendez-vous. C’est devenu très compliqué de miser sur le moindre match, et le fait que tout le monde puisse taper tout le monde rend cette saison très intéressante à suivre. Il n’y a aucune star, mais beaucoup de surprises en termes d’équipes, de coaches, et de joueurs, comme Le Bihan que personne n’attendait. Lors de la dernière journée, Troyes aurait pu prendre cinq points d’avance sur le 2ème, et on se retrouve avec Grenoble leader à la trêve.»

LA SENSATION : L’ESTAC DE LAURENT BATLLES (2ème, 34 points)

Basile Brigandet : «Le rôle du City Group aura été inexistant sur le recrutement estival comme sur la première partie de saison, le président anglais n’a pas mis les pieds au stade de l’Aube depuis plusieurs semaines. Celui qui a la main sur tout le sportif, et même parfois au-delà, c’est Laurent Batlles lui-même. La différence dans le jeu est visible par rapport à l’an dernier, le début de saison se fait d’ailleurs à tâtons, avec un 4-3-3 assez classique. Puis contre Valenciennes le 24 octobre, on prend un rouge à la 4e, un penalty à la 8e, et on finit à 1-1 après une domination quasi-totale à 10 contre 11. Ce match a été le tournant, qui aura mené Batlles vers ce système de jeu inédit en France. Ça joue au ballon, avec une possession moyenne au même niveau que le PSG en L1, des passes courtes, des efforts intenses, des combinaisons rapides. Ma théorie, c’est que Batlles tente de se conformer à l’ADN de jeu du City Group pour conserver sa place. Les trois joueurs-clés sont Giraudon, le patron de la relance, Rominigue Kouamé, box-to-box à l’énorme volume de jeu, et Dylan Chambost (1997), au pied gauche très intéressant, qui fait le lien derrière l’attaquant et gère les transitions offensives. Gallon est très bon dans les cages, Touzghar marque des buts importants. L’effectif est complet et homogène, et l’équipe reste la même à chaque match, les éléments-clés ne bougent pas, les changements se répètent souvent. La défaite à Grenoble, sur une pelouse de rugby délabrée qui a empêché d’appliquer le style de jeu basé sur la passe courte, la possession et l’occupation de terrain, n’avait rien d’alarmant. Beaucoup de choses me font dire que ça va aller au bout, même si je me demande quand va arriver le trou d’air, car l’an dernier il tombe en janvier et nous coûte la montée. Jouer Auxerre, Clermont et Toulouse entre le 30 janvier et le 6 février promet une belle semaine charnière et décisive.»

TB : «La curiosité était grande autour de Laurent Batlles, et on aime ces entraîneurs avec une patte, qui appliquent leurs idées malgré des moyens limités et un effectif correct. À Troyes, comme à Auxerre ou Clermont, on sent un vrai travail. Le jeu est simple, des attaques très directes et courtes, du contre-pressing, des combinaisons. Je me souviens de séquences à une touche de balle pour mettre la défense hors de position, où l’attaquant se retrouve servi seul face au but. L’éclosion de Chambost est une bonne surprise, en électron libre derrière l’attaquant, avec une qualité de passe très propre, qui assume le jeu sans se cacher et demande les ballons. Batlles sait mettre en confiance ce genre de profil.»

RM : «En tant qu’habitués du haut de tableau de L2, ils sont à leur place. Je ne suis pas surpris de ce que fait Lolo (Batlles), le joueur était technique et élégant, et son équipe est à l’image de ce qu’il dégage. Troyes était déjà intéressant la saison dernière, mais le championnat était cannibalisé par Lens et Lorient, le public faisait moins attention à eux. Ce qui peut surprendre, ce n’est pas que Troyes soit là, mais c’est le schéma employé par Laurent Batlles. Ce fameux 3-4-3 qui est en réalité un 3-1-4-1-1, avec ce milieu en losange, Tardieu en pointe basse, Chambost en position de numéro 10, et Raveloson et Saint-Louis qui sont loin d’être des latéraux mais occupent tout le couloir. Les joueurs offensifs sont nombreux, et Troyes tient bien le ballon. L’ESTAC a une belle carte à jouer, même si ce qui fait aussi le charme de ce championnat, c’est que tout peut arriver.»

LES SATISFACTIONS

Toulouse, 3ème, 32 points

TB : «Toulouse est une belle surprise. On se demandait tous comment il allait gérer sa descente, et il bascule sur un data-mercato qui fait penser au film Le Stratège : Healey, Van Den Boomen, Dejaegere, Spierings… On dirait une équipe de PES, avec les noms trafiqués car ils n’ont pas la licence ! Le début de saison est catastrophique, il y a le running gag sur le nombre de matchs sans victoire, ça n’a ni queue ni tête. Puis une équipe se dessine, cohérente, compliquée à bousculer, forte de son 3-5-2. Les entraîneurs de L2 sont parfois un peu basiques, certains ont du mal à gêner une défense à trois. La belle histoire, c’est Rhys Healey : Garande se demandait jusqu’en conférence de presse qui était ce mec qui ne mettait pas un pied devant l’autre à l’entraînement, et depuis novembre il est sur des statistiques hallucinantes (7 buts sur les 6 derniers matchs). Les jeunes du centre ont du caractère, comme Janis Antiste (2002, 6 buts, 2 passes), patte gauche, très rapide, belle technique, costaud physiquement, et Amine Adli (2000, 4 buts, 3 passes), qui a porté l’équipe un petit moment sur ses épaules, ce qui n’est pas normal pour un gamin.»

BB : «Toulouse a un gros calendrier qui l’attend : ses sept premiers matchs de 2021 seront contre les sept autres équipes du top 8 actuel ! En fonction de cette période, on devrait savoir dès mi-février si Toulouse monte ou non en Ligue 1. Surtout qu’ensuite, le TFC aura une autoroute de plus petits matchs.»

RM : «Il y a des automatismes, et malgré la différence de cultures dans l’équipe, quelque chose de solide se dégage. Le club a été racheté et les moyens sont mis, Patrice Garande connaît très bien ce championnat. Dans la quatrième ville de France, avec les ambitions affichées, on peut dire que Toulouse est à sa place. J’espère pour eux que le TFC arrivera à monter, mais si ce n’est pas le cas ils auront du mal à garder Antiste et Adli, qui peuvent représenter une belle valeur marchande. Les Américains sont-ils là pour faire du trading, ou mettent-ils en place une stratégie sportive sur plusieurs saisons ? C’est là que réside toute la difficulté et toute la viabilité d’un projet.»

Auxerre, 4ème, 31 points

TB : «Depuis le début de saison, j’ai pronostiqué Auxerre dans le top 3 pour une seule raison : Jean-Marc Furlan. Sur l’an un, il met en place ses pions, et sur l’an deux, ça joue. La fin d’année civile est exceptionnelle, et dans l’expression collective, c’est la meilleure équipe de l’AJA depuis leur descente en 2012. Pour une fois on a l’impression que ça bosse, que le projet équipe est réfléchi. Les manques ont été comblés intelligemment, avec Autret ou Jubal, top recrue qui fait partie des meilleurs défenseurs du championnat. Il n’y avait aucune certitude autour de Mickaël Le Bihan (30 ans, 13 buts, 4 passes), mais il démontre que même après toutes les galères qu’il a connues, il est beaucoup trop fort pour la Ligue 2. Sakhi, Dugimont ou Bernard sont de belles satisfactions. À toujours vouloir mettre un but de plus, Furlan relance petit à petit le côté spectacle qui manquait tant à l’AJA depuis sa descente. Le personnage est incroyable, et chaque conférence de presse est une bénédiction. En plus c’est un vrai bâtisseur, et celui qui arrivera après lui pourra s’appuyer sur un vrai projet club qu’il ne faudra pas gaspiller.»

Clermont, 6ème, 30 points

RM : «Comme depuis quelques saisons à Clermont, Pascal Gastien fait remarquablement jouer son équipe. On va attendre de voir comment ils passeront la période hivernale, où ils ont pêché ces dernières saisons. Mais l’année dernière, si on va au bout du championnat, ce ne sont peut-être pas Lens et Lorient qui montent. Car avec Ajaccio et Troyes, Clermont pousse très fort derrière. Ils ont peut-être moins de profondeur de banc que le reste du haut de tableau, mais en termes de possession, de qualités techniques, Clermont est avec Troyes devant tous les autres.»

TB : «Pascal Gastien est pour moi le meilleur entraîneur de L2. Tous les ans, ils se font dépouiller. Tous les ans, ils font partie des plus petits budgets. Et tous les ans, ça joue au football avec des résultats. Grbic a été remplacé par Mohamed Bayo (1998, 7 buts, 3 passes), une des révélations de cette L2. Allevinah, un dribbleur de fou, explose à droite. Derrière, Desmas a pris la relève dans les buts, Ogier tient la baraque, Zedadka et N’Simba sont très forts… C’est une équipe encore jeune, avec ses défauts, son innocence, qui joue au ballon sans se prendre la tête. Des joueurs de ce groupe me disent qu’ils sont frustrés de leurs performances à domicile et de la pelouse catastrophique de Montpied, car avec leur jeu ils auraient pu coincer plus d’équipes. En revanche, ils performent énormément à l’extérieur : dès que ça s’ouvre, ils font des dégâts. Tous ceux qui aiment ce sport ont envie que le foot soit récompensé. Et s’il y a une justice, accrocher les barrages serait exceptionnel pour Clermont et ses nouveaux investisseurs suisses, très sérieux.»

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LES SURPRISES

Grenoble, 1er, 34 points

TB : «Le nom de Grenoble revenait souvent chez les joueurs de L2 avec qui j’échangeais, j’avais du mal à y croire. Pourtant, le GF38 dresse une sorte de portrait parfait de l’équipe de L2 : parfois chiante à regarder, très solide, avec quelques bons joueurs et un bloc-équipe. Ravet, Benet ou Anani sont régulièrement décisifs, certains se révèlent comme Semedo, passé par la Roumanie et Chypre. Une colonne vertébrale avec Maubleu, Monfray, Nestor et Djitté se dégage. Ce n’est pas clinquant mais c’est un collectif très costaud, qui a des repères, qui ne change pas trop d’année en année et qui devrait aller chercher quelque chose. Des équipes jouent un peu trop, d’autres défendent un peu trop : ce GF38 est un parfait mélange. Quand il faut faire un score, ils le tiennent. Et Hinschberger est un habitué de la L2, il sait activer les leviers importants pour avoir des résultats. Je ne sais pas si ça va tenir, mais je n’aurais de toute façon pas misé un kopeck sur Grenoble leader à la trêve. C’est ce qui est beau avec la L2 : on est toujours surpris.»

https://twitter.com/GF38_Officiel/status/1341486870765707266

BB : «C’est une des équipes les plus intéressantes techniquement, très bonne tactiquement, avec de bons éléments offensifs. J’ai été agréablement surpris, mais je me demande s’ils vont aller au bout. Un groupe qui n’est pas taillé pour jouer la montée a souvent tendance à se relâcher en deuxième partie de saison, à attaquer le sprint final plus relax et à perdre des points bêtement.»

Paris FC, 5ème, 31 points

RM : «Tous les rachats récents ont l’idée d’installer durablement leur club en L1, mais toujours en faisant du trading, il ne faut pas se voiler la face. Au Paris FC, la donne est un peu différente avec cette volonté de profiter de la vitrine de la capitale et de s’affirmer comme le deuxième club parisien dans l’élite. Contrairement au Matra Racing à l’époque ou au Red Star plus récemment, le Paris FC fait les choses dans l’ordre. Avant de faire entrer le Bahreïn au capital, ils ont eu des partenaires forts comme Vinci, ils ont construit un centre d’entraînement digne de ce nom à Orly, ils ont remis en place la formation, et les résultats sont venus petit à petit. Le Bahreïn va leur permettre de grandir encore. Ça demandera du temps, mais quand tu investis en laissant des gens fiables, qui connaissent le club et savent comment fonctionne le championnat français, tu peux aller loin. Paris est sur la bonne voie. L’an dernier aurait pu être très compliqué, mais cette année ils ont fait un super début de saison et le Paris FC est une belle surprise. Même si au vu des investisseurs, des infrastructures et des ambitions, c’est normal qu’ils soient là.»

TB : «En début de saison, je voyais le Paris FC dans la charrette. J’étais sceptique sur René Girard, sur ce groupe très jeune, sur ce recrutement. J’aime beaucoup l’idée d’aller chercher les meilleurs joueurs de National, mais avec parcimonie. Finalement, Name, Guilavogui, Arab, Caddy marchent très bien et la vraie révélation, l’homme providentiel qui a encore marqué au dernier match, c’est Gaëtan Laura (1995, 4 buts, 2 passes). Florian Martin, Ousmane Kanté ou Pitroipa apportent leur expérience, Julien Lopez confirme enfin ses promesses. Mais je ne suis pas convaincu que le Paris FC sera au rendez-vous des barrages. On voit quand même de la naïveté et quelques limites, physiques et tactiques. Ils étaient sur la corde raide lors de cette fin d’année civile, la trêve leur fera peut-être du bien. Je ne suis pas certain que René Girard soit un bâtisseur, mais le projet est ambitieux et a l’air carré. Il faut y aller step by step, et monter cette saison serait encore trop tôt pour eux. Qu’ils grandissent tranquillement, qu’ils affirment tous ces jeunes venus de National, et la L1 pourra devenir un objectif très concret d’ici un an ou deux.»

Niort, 9ème, 24 points

RM : «Je connais peu Sébastien Desabre, je sais juste qu’il a pas mal voyagé en Afrique, avec des résultats. Personne ne s’attendait à les voir si bien classés, et on peut dire que Niort est la réelle belle surprise, car être dans le top 10 n’est pas le minimum syndical pour eux comme ça peut l’être pour Amiens ou Sochaux. L’équipe est capable de jouer très haut, de presser très régulièrement ses adversaires, avec des transitions extrêmement rapides, et Olivier Kemen a retrouvé des couleurs. Mais ils pêchent de temps en temps car ce jeu demande énormément d’énergie.»

LES DÉCEPTIONS

Caen, 7ème, 26 points

Au regard de l’effectif et des ambitions du club, compter 5 points de retard sur le 5e avec une telle irrégularité dans les résultats et le contenu est une vraie déception. Car le SMC devrait faire beaucoup mieux qu’espérer les barrages sur un malentendu. Heureusement que sa jeunesse, Alexis Beka Beka (2001) et Gioacchini en tête, ainsi que l’apport de Yoann Court permettent de limiter la casse malgré la faillite de la plupart des cadres attendus. À la fois sympa, marrant, exaspérant, vicieux, laborieux, limité techniquement, et globalement inoffensif derrière des abords faussement menaçants : le Stade Malherbe de Pascal Dupraz est devenu le portrait craché de Pascal Dupraz lui-même. De l’aveu de beaucoup, la montée restera illusoire tant que le montagnard occupera le banc caennais. Ça tombe bien, le contrat de PD expire en juin, avec une option seulement en cas de montée. Sa prolongation serait catastrophique pour la progression du collectif, quand son remplaçant se retrouverait avec la L1 comme seul objectif. Olivier Pickeu est attendu au tournant, 2021 s’annonce déjà décisive pour Malherbe.

Amiens, 10ème, 23 points

RM : «Quand tu vois l’incertitude du début de saison, avec ou sans Luka Elsner, les joueurs qui sont là sans être là, qui ont la tête ailleurs mais doivent finalement rester car le mercato n’a pas bougé, je trouve qu’Amiens ne s’en sort pas si mal avec ses 23 points.»

TB : «L’effectif est monté avec les pieds, tous ces étrangers dont aucun ne parle la même langue. Ce projet a marché quand ils ont découvert la L1, mais c’était avec un autre coach, et porté par des joueurs forts comme Kakuta. Cette fois c’est ni fait ni à faire, Tanchot n’a pas le matos. Il y a eu beaucoup d’imbroglios en début de saison, autour de Konaté ou Mendoza. Quelques bourriches ont grossi, certains pensaient être le gros qui allait remonter facilement. Mais un nom ne suffit pas, on a pu le voir avec Nantes ou Lens par le passé.»

Guingamp, 15ème, 16 points

RM : «La plus grosse déception. Il s’y passe beaucoup de choses que personne ne comprend, et la défaite contre le Paris FC lors de la dernière journée (2-3) a propagé l’incendie au premier étage. Depuis deux saisons, les joueurs ne font pas ce qu’il faut. Patrice Lair n’a pas eu le temps de mettre des choses en place, pourtant il sait avoir des résultats, chez les filles il a gagné des trophées avec les mêmes méthodes. En France, on n’accepte pas la discipline. Tous les joueurs qui vont à l’étranger disent qu’ils travaillent beaucoup, les coachs peuvent les faire venir à l’entraînement sur les mains, mais en France on est capable de dire qu’on n’a pas envie, jusqu’au licenciement du coach. Certes on peut incriminer l’entraîneur, mais Patrice Lair, Sylvain Didot, Mécha Bazdarevic, qui sera le prochain ? Si les joueurs ont toujours le même état d’esprit, rien ne changera. Le mal est profond, ça se joue dans la tête, pas dans les pieds. Gravelaine était-il la bonne personne à faire partir ? J’ai un doute. Avec un tel effectif, Guingamp doit être dans le top 5, pour ne pas dire les deux premiers. Je ne sais pas ce qu’il manque, mais ça devient urgent de réagir.»

TB : «C’est la grosse déception, une catastrophe. Rodelin, Ngbakoto, Bryan Pelé, M’Changama, Mellot, Romao, Livolant, Robail, Rebocho : se retrouver dans cette situation avec ces noms, est-ce qu’on se rend compte ? Il y a un vrai projet à rebâtir. Lorsqu’on recrute des hommes forts d’autres clubs, ils n’arrivent pas avec la même envie que des jeunes ou des revanchards. Le Bihan ou Charbonnier n’ont pas pété en L1 et viennent en L2 prouver ce qu’ils valent : il faut de ces mecs-là. Un gros tri sera nécessaire dans l’effectif, M’Changama semble tout seul dans l’équipe. Ntep symbolise le manque d’idées actuel : il n’a jamais été bosseur, or la L2 est un championnat de bosseurs. En haut, toutes les équipes sont composées de joueurs qui cravachent. C’est un championnat révélateur : si tu as ce qu’il faut, tu y arrives, mais si tu prends par dessus la jambe, tu te fais sanctionner direct. Rappelons-nous les échecs Jérémy Ménez au Paris FC ou Marvin Martin à Chambly. Et cette saison, personne ne peut se cacher, même pas les gros clubs.»

Un grand merci à Robert, Thomas et Basile pour leur temps et leur disponibilité.

Tous propos recueillis par Nicolas Raspe (@TorzizQuilombo)

Crédit photo : Icon Sport. 

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