Toulouse, le retour des Pitchouns

Deuxième de Ligue 2, meilleure attaque (37 buts, ex-aequo avec Auxerre) et sur une série de neuf matches sans défaite, Toulouse va mieux. Bien mieux même qu’il y a quelques mois, quand le club enchainait les défaites et était devenu la risée de twittos en quête de blagues faciles. Mais aujourd’hui, les supporters du TFC retrouvent un sentiment de fierté devant leur équipe, alliage de recrues made in Data et de produits maisons : les Pitchouns.

Comme un air de déjà vu…

Le TFC et ses Pitchouns (les joueurs issus du centre de formation du club), c’est une affaire qui roule depuis longtemps déjà. Si plusieurs exemples récents illustrent la qualité et la régularité de la formation toulousaine (Moussa Sissoko, Étienne Capoue, Daniel Congré, Issa Diop, Alban Lafont, Jean-Clair Todibo, Clément Michelin…), l’amour entre le Téf et ses fils n’est jamais aussi fort que quand le paternel est en péril.

Ce fut particulièrement le cas à l’été 2001. Après une saison difficile en D1, conclue à la 17ème place, Toulouse est relégué en D2. Dans un premier temps. Car avec un énorme trou dans les caisses, les Violets sont finalement envoyés en National. C’est alors qu’Olivier Sadran, qui sera le président du club pendant près de 20 ans, en prend les rennes. Objectif : redresser le club et le ramener en première division. Ce sera fait dès 2003 après deux montées consécutives, grâce à une équipe constituée de jeunes pitchouns guidés par quatre cadres (Prunier, Lièvre, Bancarel et Revault).

Une relégation après une saison catastrophique, un nouvel actionnaire et une nouvelle direction qui donnent un souffle nouveau, une équipe jeune, un objectif remontée immédiate… Il y a beaucoup de similitudes entre la situation actuelle et cette «épopée des Pitchouns» d’il y a presque 20 ans. 20 ans, c’est aussi la moyenne d’âge des Pitchouns version 2021. Pour beaucoup issus de la génération dorée finaliste de la Gambardella en 2019 (défaite 0-2 face à l’ASSE), ils sont neuf à avoir connu la joie de porter le maillot de leur club formateur cette saison avec l’objectif de le ramener à l’échelon supérieur. Place aux présentations.

Amine Adli (20 ans), l’insouciant

Le plus en vue de la bande cette saison. Intenable dans un rôle de deuxième attaquant dans le 3-5-2 de Patrice Garande, il se faufile comme une anguille entre les lignes adverses. Une anguille électrique même, tant le jeune homme est dynamique. En perpétuel mouvement, doté d’une sacrée vivacité et d’une belle capacité d’élimination, Adli peut aussi donner de bons ballons et frapper au but. À seulement 20 ans, le gaucher est déjà le leader offensif de son équipe. Indispensable déclencheur d’un collectif qui monte en puissance après des débuts ronronnants, son apport dans les trente derniers mètres est considérable. Ses 4 buts et 3 passes décisives en 17 matches ne reflète que partiellement cette importance à Toulouse.

Pour ne rien gâcher, en dehors des terrains, le garçon est attachant et ne récolte que des louanges de ses formateurs. Grand ambianceur du vestiaire toulousain avec son complice Janis Antiste, il est aussi apprécié du groupe que des supporters, dont il est devenu l’un des chouchous. Seul petit nuage dans ce ciel bleu, sa réputation de mauvais perdant. Encore que, dans le sport de compétition, cela peut vite devenir une qualité…

Sa saison : 17 matches (13 titularisations) pour 1.157 minutes, quatre buts et trois passes décisives.

Janis Antiste (18ans), le goleador

Avant même d’effectuer ses débuts professionnels (contre Strasbourg en février 2020, 0-1), Janis Antiste était précédé par sa réputation de redoutable finisseur chez les suiveurs les plus avertis du Tef. En cause, ses excellentes statistiques chez les jeunes. Depuis, l’attaquant n’a pas fait mentir les bruits le concernant. Cette saison, il a déjà inscrit 5 buts (6 si la Ligue était moins tatillonne) en seulement 8 titularisations avec Toulouse.

Au rayon de ses qualités, c’est évidemment son sens du but qui ressort. Capable de marquer de toutes les manières, que ce soit d’un sublime ciseau comme à Grenoble (5-3) ou en véritable renard des surfaces comme face à Guingamp (2-2). Si ce pur Toulousain n’est pas (encore) aussi complet et impactant qu’en jeune, son début de carrière s’inscrit sous le signe des filets qui tremblent.

Sa saison : 17 matches (8 titularisations) pour 831 minutes, cinq buts et une passe décisive.

Manu Koné (19 ans), le talent brut

Peut-être le plus doué de cette génération dorée. Le plus convoité aussi. Annoncé proche de grands clubs européens depuis plusieurs mois, le milieu de terrain de 19 ans ne laisse personne indifférent. Il faut dire que le potentiel du garçon laisse rêveur. Bon dribbleur, vif, agile, puissant, capable de répéter les efforts, sûr techniquement et polyvalent, Koné semble profilé pour le très haut niveau.

Pourtant, son début de saison n’est pas tout rose. Si sa facilité et sa supériorité sont évidentes, son jeu est encore un peu trop brouillon et il ne parvient pas suffisamment à exploiter les énormes différences qu’il arrive à faire. Relégué derrière les intouchables Dejaegere et Spierings et un Van den Boomem moins doué mais plus mature et collectif, Manu Koné est le quatrième larron du milieu ces dernières semaines. Pourtant, à moyen terme, il est difficile de l’imaginer dans un autre rôle que celui de taulier. À Toulouse ou ailleurs.

Sa saison : 18 matches (14 titularisations) pour 1.112 minutes et un but.

Bafodé Diakité (20 ans), le leader

Il est le premier de la génération Gambardella, dont il était le capitaine, à avoir démarré en professionnel. C’était le 5 décembre 2018 à Reims. Depuis, «Bafo» a vécu beaucoup de choses avec Toulouse. D’abord, il a évolué à tous les postes possibles d’une défense, qu’elle soit à trois ou à quatre. Avec un succès contrasté sur les côtés et bien plus d’assurance dans l’axe. Collectivement, sa vraie première saison professionnelle dans la peau d’un titulaire a été très compliqué, le TFC finissant bon dernier d’une Ligue 1 tronquée.

Individuellement, Diakité a semblé subir le contrecoup en ce début d’exercice, où ses performances ont été irrégulières. Au point de perdre un temps sa place au profit d’Anthony Rouault sur les dernières sorties. Mais ses qualités athlétiques, aériennes et de duelliste n’ont pas disparu. Au bénéfice des suspensions et blessures qui ont touché l’arrière-garde toulousaine, il a retrouvé des minutes face au PFC et à Caen. En profitant pour livrer un match plein en Normandie, inscrivant au passage le (superbe) but de la révolte juste avant la mi-temps.

Sa saison : 14 matches (11 titularisations) pour 1.020 minutes et un but.

Anthony Rouault (19 ans), le déterminé

À l’inverse de Diakité, Anthony Rouault fait partie, si l’on peut dire, des retardataires de la génération Gambardella lorsqu’il s’est agi de découvrir le monde pro. Parmi les finalistes de 2019 qui ont signé professionnels, le central est le dernier à avoir découvert l’équipe première (l’attaquant Stéphane Zobo ne compte lui pas encore d’apparition). C’était le 17 octobre dernier à Ajaccio, avec une victoire 1-0 à la clé. Crédité d’un match solide, il a ensuite enchainé 5 titularisations et est devenu un postulant à une place de titulaire.

Il faut dire que cet ancien milieu défensif, replacé en défense à son arrivée à Toulouse en U17, possède de belles qualités. Bon relanceur et solide sous la pression, son intelligence dans le placement compense son manque de vitesse. Aujourd’hui, Rouault est là où il voulait être : un membre important du groupe pro du TFC. Alors que son tour tardait à arriver, les sirènes de l’étranger se sont faites entendre la saison et l’été dernier. Mais, sûr de lui et de son plan de progression, le Lot-et-Garonnais a fait le choix de rester et de s’imposer dans la Ville Rose.

Sa saison : 10 matches (8 titularisations) pour 672 minutes.

Kelvin Amian (22 ans), le grand frère

À 22 ans, l’international espoir fait déjà office de cadre dans le vestiaire haut-garonnais. C’est d’ailleurs lui qui porte le brassard en l’absence de l’habituel capitaine, Ruben Gabrielsen. Il faut dire que le TFC, Kelvin Amian le connaît par cœur. Au club depuis ses neuf ans, il a gravi les échelons un à un jusqu’à l’équipe première, qu’il découvre chez l’OM au Vélodrome en août 2016 (0-0).

Rapidement titulaire, il se met en évidence par ses qualités défensives. Mais victime (comme beaucoup) du marasme de son club, il peine à passer un cap et reste sur une saison 2019-20 très médiocre. Au point de ne pas avoir d’opportunité à la hauteur de ses attentes l’été dernier. Peu importe : exemplaire dans l’état d’esprit, Amian se relance et reste titulaire, cette fois en tant que stoppeur droit, dans le onze de Garande. Solide depuis le début de saison, sa rédemption sera totale s’il parvient à ramener Toulouse en Ligue 1.

Sa saison : 18 matches (18 titularisations) pour 1.620 minutes et deux buts.

Sam Sanna (21 ans), le polyvalent

Milieu central de formation, milieu offensif gauche en U17, latéral droit en N3 la saison dernière, piston droit en ce début de saison. : Sam Sanna a tout du parfait joueur de groupe. Malgré un manque de puissance physique pénalisant, sa bonne intelligence de jeu, sa sureté technique, sa polyvalence et son excellent état d’esprit lui permettent de tirer son épingle du jeu. Car le natif de Lourdes le sait, en football rien n’est simple. Sorti du centre de formation téféciste sans contrat pro, il s’est accroché à son rêve tout en assurant ses arrières, avec un DUT en gestion. Finalement, le sésame est arrivé au printemps 2020. Et il a pu, à 21 ans, apposer sa signature au bas du document tant attendu.

Sa saison : 10 matches (8 titularisations) pour 731 minutes et une passe décisive.

Nathan Ngoumou (20 ans), Kalidou Sidibé (21 ans), Moussa Diarra (20 ans), les suppléants

Pour ces trois joueurs, les minutes se font rares en ce début de saison. Mais à l’image de Ngoumou, buteur décisif à Caen peu après son entrée en jeu, ils ont un rôle à jouer dans la course à la montée. Pas les plus doués de cette fournée de Pitchouns, tous trois peuvent aider ponctuellement l’équipe. Sidibé, qui compte quand même 24 matches de Ligue 1, se remet d’une saison quasiment blanche, la faute aux blessures. Lorsqu’il est en forme, il peut apporter sa capacité de récupération et sait jouer simple au milieu.

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Diarra a l’avantage de la polyvalence, lui le latéral gauche ou défenseur central de formation testé au milieu récemment. Sa grosse activité en fait un joueur potentiellement utile en sortie de banc. Si Ngoumou possède, avec sa vitesse, une qualité forte, son jeu n’est pas encore assez étoffé pour imaginer en lui un titulaire régulier. Mais lui aussi peut constituer une option intéressante de manière ponctuelle sur des bouts de match.

Leurs saisons : 3 matches (1 titularisation) et un but pour Ngoumou, 4 matches (0 titularisation) pour Sidibé et 5 matches (1 titularisation) pour Diarra.

L’aventure commencée à Boulogne il y a presque 20 ans fut couronnée de succès, et aboutit à la première qualification de l’histoire du club en Ligue des champions, en 2007. Si Liverpool se révéla un adversaire trop coriace en barrage (0-4 sur les deux parties), l’important était ailleurs pour Toulouse. Après avoir touché le fond, le club faisait de nouveau la fierté de sa ville. Alors aujourd’hui, quand une autre bande de gamins œuvre à redonner de son éclat à la tunique violette, difficile pour un supporter toulousain de ne pas sentir monter en lui les doux effluves d’une époque aimée.

Crédit photo : Icon SportToulouse

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