PSG-Barça : Paredes, l’homme de main devenu patron

Le 16 février dernier, dans l’ombre du triplé d’un certain Kylian Mbappé, se cachait un homme qui divise plus qu’il ne rassemble. Leandro Paredes est un joueur qui ne laisse personne insensible, variant entre le très bon et le très mauvais. Bonne nouvelle pour lui et les Parisiens. Depuis le départ de Thomas Tuchel, le milieu argentin a basculé du bon côté de la force.

Le 24 janvier 2019, le PSG annonce l’arrivée d’un nouveau chevalier dans son effectif. Un peu comme l’a fait Qui-Gon Jinn avec le jeune Anakin sur Tatooine, le pari est risqué et les coûts sont élevés. Le transfert avoisine les 45 millions d’euros, rien que ça. Que ce soit à Rome ou au Zénith Saint-Pétersbourg, le joueur de 24 ans a fait part de ses qualités. Également de ses défauts. Désigné comme le successeur de maître Motta, il allait y avoir du travail pour que le Padawan Leandro emprunte la voie des Jedi. Cependant, on l’a longtemps vu pencher du côté obscur comme l’ont fait Krychowiak, Rabiot ou Kouassi ces dernières années.

Episode I : La Menace Tuchel

Quand il arrive en janvier 2019, Leandro Paredes est le milieu tant attendu, l’élu. Celui qui va apporter l’équilibre dans la force parisienne. Tout ne se passera pas comme prévu. Ses six premiers mois au club sont sans doute les six pires mois du PSG sous l’ère QSI. Une élimination inexplicable contre Manchester. Une autre face à Guingamp en Coupe de la Ligue puis une défaite face à Rennes en finale de Coupe de France. Le titre en Ligue 1 vient sauver les meubles. Mais Paris finit sa saison en roue libre avec quatre victoires sur les neufs derniers matchs. Logiquement, Paredes ne joue pas beaucoup. Quand il le fait, il n’a pas la possibilité de faire parler ses qualités.

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Alors très vite, le natif de la planète San Justo nourrit de l’amertume contre le conseil Jedi parisien. Notamment contre son maître, Thomas Tuchel. Mais il s’accroche et malgré des rumeurs de départs six mois après son arrivée, Paredes rempile pour une seconde saison. Celle-ci sera en dent de scie. Comme Anakin dans le second volet de la saga Star Wars, Leandro est insolent, à la limite de l’insupportable parfois, mais capable de très bonnes choses sur le terrain.

Il gagne de plus en plus de minutes. Peu à peu, son rôle devient celui d’homme de main du club, une sorte de bodyguard de Neymar. Paredes est là pour sa grinta, pour mettre le petit coup qui fait mal, pour aller à la bagarre. On en oublierait presque qu’il est joueur de foot. La tactique de Tuchel ne lui sied pas. Sans véritable fond de jeu, le PSG subit souvent. Le milieu argentin est utilisé dans un rôle trop défensif où il n’a pas la place pour exploiter ses qualités. Cette saison encore, il oscille entre le très bon et le mauvais, jamais entre les deux.

À Lisbonne, son Final Eight est excellent, surtout son match face à Leipzig. Cette rencontre qui envoie le PSG en finale est sans doute son match référence. Il fait enfin parler ses qualités sur 90 minutes. Face à ce même adversaire en novembre, Paris avait sombré sans Paredes. Paris jouait mal, ou du moins pas très bien, miné par les blessures et par un entraîneur qui n’a toujours pas trouvé de tactique préférentielle. Leandro avait lui repris sur les mêmes bases que les saisons précédentes.

Episode II : Un nouvel espoir

Le jour de Noël, Leonardo découvre finalement que Thomas Tuchel est un seigneur Sith. Le coach est remercié avant que le club ne passe entièrement du côté obscur. Pour le remplacer, Mauricio Pochettino. Pour Paredes, c’est un nouveau maître qui débarque, et avec lui l’espoir de faire vivre de nouveau l’entre-jeu parisien. Paredes enchaîne dix titularisations, parmi lesquelles huit victoires.

Une place de titulaire enfin trouvée, Leandro peut faire parler toutes ses qualités. Le milieu aime jouer très bas, si ce n’est même entre les deux défenseurs pour effectuer la première relance. Sa qualité de passe dans ce secteur pour jouer long ou pour éliminer une ligne de pressing n’a que très peu d’égal en Europe. Descendre ainsi d’un cran lui permet d’avoir le jeu face à lui, avec un maximum de choix de passes devant pour mieux organiser le jeu. Jouer avec une défense à trois ou avec Marquinhos au milieu qui descend enlevait d’office une possibilité. Cela pouvait souvent expliquer pourquoi le PSG était en difficulté au milieu.

En Ligue 1 cette saison, l’influence de Paredes est imposante. Il est souvent dans la moitié adverse car le PSG domine généralement son adversaire. On remarque aussi qu’il joue beaucoup dans sa moitié de terrain, près de sa défense. Via Sofascore.

Outre cette qualité de relance, Paredes est également un passeur exceptionnel. Quand il est en possession du ballon plus haut, il peut orienter le jeu comme bon lui semble. Sa vista et sa qualité de passe hors du commun lui permettent d’envoyer des ballons vers Mbappé ou Neymar en profondeur, trouver Florenzi ou Kurzawa sur les côtés dans le dos de la défense, voire même de jouer pour un joueur libre entre les lignes en une touche. Là encore, il est capable de varier. Ballons longs en hauteurs, ballons au sol dans la profondeur ou encore des passes lasers pour rester dans le thème.

Les stats du joueur sur ces matchs sont éloquentes. Depuis janvier, il touche en moyenne plus de 30 ballons par match de plus qu’auparavant. Il augmente de la même manière son nombre de passes réussies. Il a également doublé son nombre de passes vers le dernier tiers. Pour finir, il a réussi sept passes clé sur cette période, contre aucune entre septembre et décembre. Il n’a en revanche marqué qu’un seul but depuis son arrivée dans la capitale. Sa qualité de frappe est formidable et il a frôlé le Golazo de nombreuses fois.

Si le milieu de 26 ans utilise la force à la perfection, il a plus de mal à manier le sabre laser. Capable d’éliminer par le dribble sur un contrôle ou en quelques touches de balles, Paredes n’est pas du genre à porter la balle et créer des différences avec le cuir dans les pieds. Défensivement, il n’a peut-être pas les qualités qu’on lui décrivait à son arrivée. Il est tout de même capable d’intercepter des bons ballons grâce à sa lecture du jeu. Mais il n’ira pas harceler constamment le porteur de balle pour gratter dans les pieds.

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Son gros problème le voilà. Leandro Paredes n’est pas un joueur très mobile et brille surtout par sa qualité de passes. Pochettino doit donc trouver le système qui lui permettra d’exploiter au mieux l’ancien joueur du Zenit.

Episode III : Le réveil de la force

Leandro est enfin sur le devant de la scène avec le PSG. Il le doit aussi à un coéquipier. Avec Marco Verratti à ses côtés, Paredes se montre véritablement à son avantage. Sur le papier, les deux joueurs occupent la même position. Tuchel les avait alignés ensemble à plusieurs reprises, sans véritablement trouver de complémentarité entre les deux.

Pochettino a d’abord essayé d’aligner les deux joueurs côte à côte dans un double pivot derrière quatre attaquants. Mais cette solution ne présente pas de véritable garantie sur la durée, surtout d’un point de vue défensif. Quand l’Italien n’est pas là (Lorient et Monaco), l’équipe manque de liant et de créativité au milieu. Et grâce à certaines absences, Marco Verratti a eu la possibilité d’évoluer en numéro 10. Il occupait déjà ce poste là à Pescara. Avec ce 4-2-3-1 sur le papier, les deux hommes sont véritablement complémentaires.

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Ce schéma offre la possibilité au magicien de poche de redescendre dans le cœur du jeu pour casser des lignes par la passe mais surtout balle au pied, ce que ne fait pas toujours Paredes. Et ce positionnement en numéro 10 ultra mobile lui permet également de se retrouver plus haut sur le terrain. Non, il ne tire pas plus souvent. Mais ses coéquipiers reçoivent encore plus de ballons décisifs. De son côté Paredes évolue un cran en dessous, plus précieux dans la relance. Utile pour éventuellement trouver un Marco Verratti déjà positionné plus haut. La tactique n’est pas rigide, et les deux joueurs permutent souvent. Il n’est pas rare de voir Verratti ressortir balle au pied tout autant que Paredes distribuer des caviars pour les attaquants. C’est de cette manière que les deux joueurs arrivent à exploiter leurs principaux atouts.

Cela implique également l’apparition d’un troisième milieu de terrain, décisif dans l’équation. Idrissa Gueye, grâce à des bonnes performances récemment, a pris une longueur d’avance sur les autres. Le Sénégalais apporte énergie et efficacité défensive lorsque le milieu peut se faire bouger. Plus mobile que Danilo ou Marquinhos au même poste, il a également la capacité de se projeter vers l’avant avec ou sans ballon. Ander Herrera est également une très bonne alternative, jamais avare d’efforts des deux côtés du terrain. L’Espagnol, un poil moins défensif, conserve un rôle intéressant dans la hiérarchie.

Face à l’OM lors du trophée des Champions, on remarque que Paredes (8) joue plus bas que Verratti (6). Herrera (21) a une position intermédiaire. Via WhoScored.

Sous Pochettino, Paredes et Verratti ont été accompagnés par un troisième milieu à quatre reprises. Les positions moyennes révèlent que l’Italien évolue plus haut alors que Paredes est le plus bas des trois. Preuve que le Petit Hibou a pour boulot de créer le jeu dans le dernier tiers et que Leandro brille en évoluant un cran dessous. Le dernier milieu est là afin de lier les deux tout en jouant sur ses qualités défensives. Il y a ainsi une place en moins de disponible pour les attaquants, et l’entraîneur argentin devra faire des choix. Mais si c’est pour voir Paredes et Verratti au sommet de leur art, cela en vaut la peine.

Episode Bonus : La bataille du Camp Nou

Pour former des grands Jedi, il faut des grandes batailles. Jetée dans le grand bain ou presque après quelques essais concluants, la paire Verratti-Paredes a véritablement marché sur la rencontre. Dans le même temps, le plan tactique de Mauricio Pochettino a parfaitement été exécuté. Sur l’ensemble du match, les Parisiens n’ont eu la possession du ballon «que» 47% du temps. Si la statistique joue ici en faveur du Barça, ces derniers n’ont pourtant à aucun moment contrôlé le tempo du match.

Busquets, la plaque tournante de l’équipe, a été éteinte par la position haute de Verratti dans le pressing. Il faut noter aussi l’importance de Icardi dans ce rôle qui a fait ce boulot quand l’Italien ne pouvait pas. Quand Barcelone jouait plus haut, l’abattage de Verratti devant la défense a été phénoménal. Le solide bloc parisien a repoussé les assauts adverses presque sans se faire de frayeurs. Une ligne de quatre formée des trois milieux et de Kean avait pour rôle de contenir les créateurs Messi, Pedri et de Jong. Gueye de son côté a très vite été handicapté par un carton jaune. Remplacé par Herrera à la pause, les deux joueurs ont tout de même permis à Verratti et Paredes de jouer libérés.

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Avec le ballon, les Parisiens arrivaient avec facilité à éliminer le milieu barcelonais. L’Italien avait une liberté de mouvement totale, on le voyait beaucoup près de Leandro Paredes. De Jong était obligé de décrocher pour le suivre, créant le décalage dans la défense. Verratti, très mobile, se plaçait ensuite entre les lignes, à l’image de sa passe décisive pour Mbappé.

Paredes parvenait à sauter le milieu adverse par une simple passe. C’est lui qui ouvre le jeu vers Florenzi pour le 2-1. Il sera ensuite l’auteur d’une passe décisive pour Kean sur le 3-1. Les latéraux du PSG étaient souvent écartés. Marquinhos et Paredes avaient ainsi de nombreux choix de relance pour se sortir du pressing blaugrana. Une fois dans le camp adverse, les décrochages de Kean ou Icardi aidaient à créer le décalage pour ouvrir sur les latéraux ou offrir une solution en appui. En transition également, la paire a souvent déstabilisé le Barça grâce à la passe et un jeu rapide.

Ce soir pour le match retour, le PSG sera de nouveau très attendu. Leandro Paredes et Marco Verratti le seront aussi et voudront reproduire la même performance qu’au match aller. Et après avoir détruit l’Etoile Noire barcelonaise, Paris tentera enfin de remporter la Guerre des Etoiles.

Crédits photo : Icon Sport.

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