Ce soir au Parc des Princes, le Paris Saint-Germain reçoit Manchester City pour la première manche des demi-finales de Champions League. Il y a cinq ans, c’est en quart que les deux équipes s’étaient affrontées. Plus que la qualification des Citizens, c’est un souvenir bien particulier que cette double confrontation a laissé dans les mémoires. Le souvenir d’une composition concoctée par Laurent Blanc, qui hantent encore aujourd’hui quelques souvenirs parisiens.
Le PSG vient d’éliminer Chelsea (2-1, 2-1) tout en laissant une très forte impression de solidité. Cette fois, Paris doit franchir un cap et l’adversaire semble à sa portée. Lors du match aller, Paris ne se met pas dans une position favorable. Il y a pourtant de la place, beaucoup de place, au milieu de cette défense composée par Clichy, Otamendi, Mangala et Sagna. Zlatan Ibrahimovic manquera très rapidement un pénalty puis un immense face à face, avant d’égaliser sur une erreur de la défense avant la mi-temps. Quand Rabiot donne l’avantage au PSG, le plus dur semble fait. C’était sans compter sur un but Made in Paris qui permet à Fernandinho d’égaliser on ne sait trop comment. 2-2 score final. Les Parisiens ont fait fort mais ont manqué de réalisme. Manchester City est encore en vie.
Surprise !
En annonçant un 3-5-2, Laurent Blanc a surpris du monde. À commencer par les joueurs eux-mêmes. Tandis que Manchester débute avec le même 11 qu’à l’aller, le PSG va se tester dans un dispositif jamais utilisé et à peine survolé à l’entraînement. Ce schéma ne sera d’ailleurs plus jamais réutilisé par la suite.
Pourquoi alors mettre en place ce dispositif au moment du match le plus important de la saison ? Déjà parce que Paris doit marquer et ce 3-5-2 résolument offensif en est la preuve. Ensuite, les absences. Encore et toujours, le PSG doit composer sans plusieurs de ses cadres : Verratti, Matuidi et David Luiz. Enfin, Blanc voulait créer un effet de surprise pour déstabiliser les Skyblues avant le match. Alors que Pastore et Lucas sont sur le banc, que Di Maria peut lui aussi jouer au milieu, le choix de délaisser ce 4-3-3 qui fonctionne si bien interroge. Tactiquement, la défense à trois et le milieu densifié avaient surtout pour but de limiter l’influence de Kevin De Bruyne au milieu. Cavani se retrouve lui dans l’axe au côté de Zlatan. Le cadeau est déballé, l’étonnement est passé, le match peut débuter.
Un manque d’automatisme
D’entrée, Paris prend le contrôle de la rencontre. Et s’ils ont beaucoup le ballon – plus de 65% de possession sur la première période – ils ne se montrent que très peu dangereux. Les circuits de passes sont répétitifs et le jeu vers l’avant est quasiment absent. Chaque passe qui permet d’avancer est presque systématiquement suivie d’une passe vers l’arrière. La défense des Citizens est dans un fauteuil et n’a pas de mal à cadrer les offensives parisiennes. Cavani n’est presque pas trouvé durant les 45 premières minutes. Zlatan décroche beaucoup et touche ses ballons au milieu du terrain dos au but. Le Suédois n’est d’ailleurs pas le seul à avoir reçu la plupart de ses ballons dans le mauvais sens du jeu. Les trois centraux n’avaient pas vraiment d’autres solutions que de se faire des passes latérales entre eux.
Laurent Blanc : *aligne un 3-5-2 expérimental contre Manchester City*
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— Winamax Sport (@WinamaxSport) December 7, 2020
La ligne des milieux était bien trop éloignée de la défense pour pouvoir combiner et progresser proprement. La défense se retrouvait en difficulté lors du pressing Citizen. Et lorsque ces derniers attendaient tranquillement que leurs adversaires avancent, les Parisiens offraient des séquences de possession interminables. Maxwell et Van der Wiel, pas habitués à ce poste de piston au PSG, n’osaient pas prendre la profondeur dans les couloirs, les obligeant à jouer en retrait. Le milieu de Manchester se contentait de contrôler l’axe, les milieux parisiens devaient alors jouer en retrait. Sur quelques séquences, lorsque le piston avait le soutien d’un défenseur et d’un ou plusieurs milieux, on a vu les Parisiens capables de créer le décalage et d’accélérer ensuite au milieu du terrain.
Dans l’ensemble cependant, le manque d’automatismes offensifs criant de ce système s’est fait ressentir. Encore plus lorsqu’il s’agissait de trouver les attaquants une fois arrivés dans les 30 derniers mètres. Le danger est surtout venu des fulgurances de Rabiot ou Di Maria. Offensivement donc, ce pari est un échec. Défensivement en revanche, les affaires sont plus concluantes et c’est grâce à ça que le PSG garde le pied sur le ballon en première période.
Paradoxe en défense
Les Skyblues n’ont pas été plus dangereux que les joueurs de la capitale, loin de là. Lors des pertes de balle, le milieu et la défense se resserraient très vite pour enfermer les adversaires et empêcher City de trouver le décalage. Le travail de Rabiot et de Motta à la récupération était conséquent. Mais les pistons avaient aussi tendance à vite redescendre, ce qui ne laissait pas la possibilité à Paris de procéder en contre derrière.
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En revanche, c’est ici aussi le manque d’automatisme qui a failli coûter cher à Paris. Aurier n’est pas un défenseur central et son alignement offre à De Bruyne des possibilités de faire mal. Le Belge s’est servi. En une passe, la défense pouvait être éliminée. Et c’est comme ça qu’Aguero, lancé dans la profondeur après une erreur de Serge Aurier, obtient un pénalty, qui sera tiré à côté. L’Ivoirien est d’ailleurs le symbole de cet acte manqué du PSG. En manque de rythme et de confiance, il enchaîne les erreurs à un poste qui n’est pas le sien.
Et quand Thiago Motta se blesse avant la pause, le PSG dit déjà adieu à son système. Le 3-5-2 n’aura même pas tenu 45 minutes mais il a marqué les esprits pour une durée bien plus conséquente. Quel bilan en tirer ? Ce dispositif aura eu l’effet inverse de celui que Laurent Blanc attendait. Efficace défensivement, le néant offensif n’a pas justifié la prise de risque de la compo. L’idée n’était peut-être pas mauvaise, mais l’entraîneur ne disposait pas de la totalité du matériel pour la mener à bien. C’est surtout le timing qu’on regrettera et bien évidemment le manque de mise en place tactique à l’entraînement avant la rencontre. Un sentiment renforcé quand les cinq dernières minutes parisiennes en première période sont plus satisfaisantes que les 40 premières.
La défaite de Laurent Blanc ?
Suite à l’élimination de son équipe (1-0 pour Manchester au final), l’ancien défenseur l’avouera lui-même. Cette défaite, elle est pour lui. À première vue, difficile de penser le contraire. Les choix tactiques sont surprenants, les changements en cours de rencontre également. Lucas remplace Thiago Motta et le PSG évolue pendant près de 20 minutes en 4-2-3-1. Aurier joue dans l’axe, Marquinhos au milieu. Et on doute que ce soit ce match qui ait donné des idées à Thomas Tuchel. Le Brésilien n’est pas à l’aise et son positionnement ne permet pas à l’équipe de créer un surnombre offensif.
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Paris ne retrouve son 4-3-3 habituel qu’à une demi-heure de la fin, lors de la rentrée de Pastore à la place de Aurier. Positionnés plus bas, les latéraux sont finalement plus offensifs. Paris est plus tranchant mais manque de réalisme et de justesse technique, surtout dans la dernière passe. Hormis deux coups-francs de Ibra et un face à face de Cavani, le PSG ne se procure pas de vraies occasions. Patient, City n’est pas dangereux en seconde période, mais Kevin De Bruyne marque sur le seul temps fort des Skyblues. On comprend très vite que les Parisiens n’auront pas assez de jus pour revenir. Les changements sont arrivés trop tard pour véritablement changer le cours de la rencontre. En définitive, un manque d’envie chez les joueurs, mais surtout des choix très questionnables de l’entraîneur. Le 3-5-2, dans ce contexte, ce n’était pas une bonne idée.
Après Manchester, Barcelone et Munich, les joueurs du PSG ont la possibilité d’effacer d’autres mauvais souvenirs. Ce Paris en mode revanche peut-il atteindre une seconde finale consécutive ? Le résultat dépendra beaucoup des choix de Mauricio Pochettino qui ne devrait – normalement – pas aligner un 3-5-2.
Crédit photo : Icon Sport