Roma, ton univers impitoyable !

Après la demi-finale de Ligue des champions perdue en 2018 face à Liverpool, l’AS Rome retrouve le dernier carré d’une compétition européenne. Cette fois-ci, c’est en Ligue Europa et contre Manchester United. Une rencontre qui s’annonce électrique sur et en dehors du terrain. Si United est à sa place dans le dernier carré, la Roma fait figure de surprise. La ville éternelle risque de vivre un nouveau moment d’anthologie.

Une saison comme une autre à la Roma

Le dernier carré de la Ligue Europa est à la hauteur de l’évènement. Arsenal, Villarreal, Manchester United sont au rendez-vous comme prévu. Arsenal dispute sa troisième demi-finale en 4 ans, Villarreal sa cinquième en 20 ans et Manchester reste le grand favori de la compétition. L’AS Rome fait figure d’anomalie dans ce quarté, et ce malgré sa demi-finale de Ligue des champions il y a 3 ans. La saison des Giallorossi est remplie de hauts et surtout de bas. Si certains cherchent à comprendre pourquoi la Roma est un club différent des autres, il suffit d’analyser les faits importants de la saison.

Première journée, la Roma se déplace à Vérone pour y affronter l’Hellas. Rien de spécial à noter, 0-0 logique. C’était sans compter sur la participation de Pantaleo Longo. Celui qui officiait en tant que secrétaire général du club va procéder à la bourde du siècle. L’ex-romanista va enregistrer Amadou Diawara dans la liste des joueurs U23 pour la première journée de Serie A. Sauf que l’ancien joueur du Napoli n’est plus éligible à celle-ci. Une erreur grossière qui va couter à la Roma un point et son poste à Pantaleo Longo, qui rebondira à… l’Hellas Vérone. Une défaite sur tapis vert historique qui en cache une autre quelques mois plus tard.

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Cette fois-ci, c’est en Coupe d’Italie face à la Spezia. 2-2  à la fin du temps réglementaire et l’arbitre siffle le début de la prolongation. Il suffit d’une minute pour voir Gianluca Mancini être exclu. Trente secondes plus tard, c’est Pau Lopez qui le rejoint. En plus d’établir un triste record en voyant deux joueurs être exclus à 30 secondes d’intervalle, la Roma doit bricoler pour la fin de la rencontre. Paulo Fonseca et son staff décident de faire deux remplacements pour compenser. Sauf qu’il s’agit du 5e et 6e changements. Un imbroglio va avoir lieu avec Lorenzo Pellegrini qui explique à son entraineur qu’il s’agit bien du changement N°6. Mirante finit par rentrer et condamne la fin de match de la Roma. La Spezia l’emportera de toute manière 4-2 mais le mal se propage au sein du club. La situation est tendue sur et surtout en dehors du terrain.

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Les relations entre Paulo Fonseca et Edin Dzeko se sont détériorées avec le temps. De nombreux désaccords entre les deux qui finiront par entrainer la mise à l’écart du capitaine bosnien. Le match contre la Spezia sera le point culminant. L’ancien de Manchester City, suivi par d’autres cadres du vestiaire, demande des explications technico-tactiques à l’entraineur en plus de demander le retour du team manager après le SpeziaGate. Dzeko paiera son mauvais comportement et sera mis à l’écart quelques matches. Après quelques réunions entre le Bosnien et Paulo Fonseca, le buteur retrouve sa place dans le groupe mais perd le brassard au profit de Lorenzo Pellegrini. Une situation que Dzeko finit par accepter. Un second point rend le climat tendu : l’attitude des médias envers Paulo Fonseca. L’entraineur portugais est la cible de nombreuses critiques depuis son arrivée et rien ne s’arrange. L’ancien du Shakhtar doit lutter face à deux entités fortes : les médias italiens et l’environnement romain. Un contexte détaillé avec justesse par nos confrères d’Eurosport ici.

L’heure de gloire est enfin arrivée

Paulo Fonseca représentait celui qui devait amener la Roma sur une autre planète. Avant de rejoindre la capitale italienne en 2019, le Portugais était parmi les entraineurs à la mode. Son Shakhtar a réussi quelques performances de haute volée sur la scène européenne en plus de jouer un football offensif et attrayant. Il était l’homme parfait pour la Roma et son environnement compliqué. Mais comme d’habitude dans la capitale italienne, les choses ne vont pas se passer exactement comme prévu. Pour sa première saison à la Roma, le club de la Louve va terminer 5e en Serie A, et n’existera ni en Coupe d’Italie, ni en Ligue Europa. La presse va se montrer extrêmement critique avec l’ancien entraineur du Shakhtar pointant le jeu ennuyeux de son équipe et son manque de caractère. Au point où les consultants prennent un malin plaisir à mettre l’homme fort de la Roma face à des situations embarrassantes.

La deuxième saison, en cours donc, sera mieux dans le contenu mais la Roma pointe à une 7e place inquiétante. Fonseca est toujours autant critiqué par la presse mais a finalement obtenu un soutient de poids : celui des tifosi. Alors que ces derniers ont toujours été dubitatifs sur l’entraineur portugais, ses prises de positions et sa franchise ont réussi à convaincre les supporters. Sa gestion du cas Dzeko lui a redonné un certain crédit. Réintégrer son capitaine malgré la situation tendue entre les deux a été perçue comme un acte noblesse. L’intérêt du groupe et du club avant le sien.  Si son avenir est déjà scellé, et que l’on parle déjà de sa succession, Paulo Fonseca a une dernière mission : amener la Roma en finale de Ligue Europa. La dernière fois que le club romain est arrivé en finale, aucun joueur de l’effectif n’était né sauf l’illustre Antonio Mirante (37 ans). C’était en 1984 et c’était en Ligue des champions face à Liverpool. La finale avait eu lieu au stadio Olimpico, un signe du destin fort pour les tifosi et les joueurs. Malheureusement, le match a tourné à la faveur de Liverpool, victorieux aux tirs au but (1-1, 4-2 aux tabs), en partie grâce à la prestation de Bruce Grobelaar et sa danse de l’homme ivre qui aurait fait pâlir de jalousie Rock Lee.

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Cette fois-ci, l’AS Rome affronte un vieil ami : Manchester United. Les deux équipes se sont affrontées plus d’une fois en coupe d’Europe. Et à chaque fois, MU l’a emporté. Le 7-1 à Old Trafford, en 2007, est toujours dans l’esprit des tifosi. Une des plus grande humiliations que le club ait subi ces dernières années. Tout laisse à croire que ce match sera une formalité tant Manchester est dans une bonne période depuis le début d’année. Mais comme souvent avec la Roma, c’est quand on ne l’attend pas qu’elle surprend le plus. Personne l’imaginait sortir l’Ajax en quart de finale (1-2, 1-1) comme personne ne l’imaginait faire une remontada face au FC Barcelone en 2018. La troupe de Paulo Fonseca pourrait marquer l’histoire du club et rentrer dans le cercle fermé des joueurs qui auront disputé une finale de coupe d’Europe sous le maillot giallorosso. De quoi gagner une immunité ad vitam æternam auprès des tifosi.

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Crédit photo : LaPresse / Icon Sport

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« Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois.»