Palermo FC, travaux en cours

Vainqueur hier après-midi de la Juve Stabia (2-0), le Palermo FC s’est qualifié pour le premier tour des Play-off d’accession à la Serie B. Après une faillite déclarée en octobre 2019, le club sicilien est en pleine reconstruction. Petite mise au point sur la situation actuelle d’un monument du football italien.

Pour les nombreux amoureux du Calcio, l’évocation de Palerme rappelle forcément de grands souvenirs. Le club sicilien a connu une période glorieuse au milieu des années 2000 sous la direction de Maurizio Zamparini. L’homme d’affaires italien a racheté le club en 2002, et en sera le propriétaire jusqu’en 2018. Près de 16 années durant lesquelles Palermo va gravir les échelons et même jouer la Coupe de l’UEFA lors de l’exercice 2005-2006. Les Siciliens vont conquérir l’Italie, titiller les grandes écuries transalpines. Durant cette période, des grands noms vont marquer le club et les tifosi: Cavani, Barzagli, Pastore, Dybala, Amauri, Ilicic ou encore Miccoli qui reste encore aujourd’hui le meilleur buteur de l’histoire du club.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Palerme voit ses cadres partir vers des clubs plus huppés, les excès de folie de Zamparini (près de 40 entraîneurs sont passés en Sicile en seulement quinze ans) se multiplient et la situation financière et sportive est de plus en plus fragile. Critiqué par les tifosi palermitains pour sa gestion borderline, Maurizio Zamparini décide de mettre en vente le club en novembre 2018. Le club évolue alors en Serie B depuis sa relégation lors de la saison 2016-2017. C’est le début des problèmes.

La descente aux enfers

Sur le terrain, Palerme termine respectivement 4ème (2017-2018) et 11e la saison suivante. Pour prendre la suite de Maurizio Zamparini, de nombreux investisseurs se positionnent sur le dossier. En mai 2019, c’est la société British Sport Capital Groupe Investments qui devient propriétaire de l’écurie sicilienne. Mais très vite, le groupe britannique se retrouve dans l’incapacité d’éponger les dettes du club. Quelques mois plus tard, en juillet, nouveau changement de propriétaire avec la nomination d’Arkus Network. Nouveau fiasco, ce groupe d’investissement abandonne.

Une situation cataclysmique pour ce monument du football italien et les instances italiennes interviennent. Dans un premier temps, la Covisoc (Commission de Surveillance des Clubs de Foot) exclu l’USC Palermo de la Serie B. Les raisons sont claires, nettes et précises: «absence de critères et de garanties financières prévus pour obtenir la licence nationale pour le championnat de Serie B ». La Covisoc remet en cause aussi les nombreux salaires impayés ainsi que des dettes sportives de la part de Maurizio Zamparini.

Palerme doit débuter alors la saison 2019-2020 en Serie C, mais la FIGC déclare le club en faillite. Ce sera finalement la Serie D pour l’écurie sicilienne. Une situation qui va entrainer les départs de nombreux cadres comme Gnahoré, Nestorovski, Haas ou encore Falletti.

Nouvelle direction, nouvelles ambitions

Palerme est alors un monument en perdition. La situation est tellement désastreuse que la mairie de la ville intervient. Celle-ci met en place un appel d’offres. Le 24 juillet 2019, c’est finalement le groupe Hera Hora qui en devient le nouveau propriétaire. Avec comme président Dario Mirri et vice-président Tony Di Piazza, le club doit repartir de zéro après-avoir été déclaré en faillite.

C’est un nouveau club qui voit finalement le jour en Sicile : le Palermo FC. Nouveau nom, nouveau logo et nouvelles ambitions. Cette nouvelle direction souhaite être totalement transparente sur la gestion du club. Mirri et Di Piazza, tous les deux originaire de Sicile souhaitent relancer le club et le ramener dans l’élite italienne. L’objectif est d’atteindre la Serie A d’ici 3-4 ans. Pour cela, les travaux sont conséquents. Au niveau des infrastructures d’abord avec la rénovation du centre d’entraînement ainsi que le projet d’un nouveau stade. Autre ambition, le Palermo FC souhaite atteindre un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros, mais aussi de bâtir une équipe composée à 50% de joueurs italiens. Les ambitions sont posées, il faudra trois-quatre ans minimum selon les dires de Dario Mirri pour les atteindre.

Sur le terrain, les Palermitains ont facilement obtenu leur promotion en Serie C la saison dernière. Avec un championnat qui s’est terminé à huit journées de la fin, le FC Palermo a terminé leader de son groupe de Serie D. Pour cette saison 2020-2021, le club sicilien s’est retrouvé dans le groupe C de Serie C. L’objectif du club est la montée. Dans un championnat difficile, ils sont parvenus à décrocher une 7e place synonyme de Play-off pour la Serie B. Les Palermitains peuvent remercier un certain Giacomo Filippi. Nommé en février dernier, l’entraîneur italien a pris la succession de Roberto Boscaglia qui n’arrivait pas à trouver les solutions avec des mauvais résultats qui devenaient récurrents.

Depuis la nomination de Filippi, les Palermitains se montrent performants et obtiennent de très bons résultats : 12 matchs, 8 victoires, 2 nuls et 2 défaites. Preuve en est, ils sont parvenus à obtenir un ticket pour le premier tour des Play-off après avoir éliminé respectivement Teramo (2-0) puis Juve Stabia (2-0) en préliminaires.

Des mois à venir déterminants

Le Palermo FC joue très certainement son avenir dans ces prochaines semaines aussi bien sur le plan sportif qu’institutionnel. En effet, il n’est pas impossible de voir l’entrée de nouveaux investisseurs au sein du club sicilien.

Lors d’un conseil d’administration en décembre dernier, le vice-président Di Piazza a décidé de retirer sa part (d’environ 40 %) du club. Un retirement suite à un désaccord contre le vote d’approbation des comptes de juin 2020 qui seraient négatifs de 11 millions d’euros. La Covid-19 a forcément eu un impact direct sur l’écurie sicilienne. La situation est devenue embarrassante pour Dario Mirri. Le président palermitain a dans un premier temps, transféré la totalité des fonds de sa société sur les comptes du club. Pour bien comprendre, il ne reste plus que les 60% de Dario Mirri dans les caisses du club.

Selon Il Sole 24 Ore, le président palermitain serait rentré en contact avec la banque Lezard pour évaluer la puissance financière de son club et aussi trouver de potentiels nouveaux investisseurs. Une possible arrivée qui contraindrait Dario Mirri a se positionner comme actionnaire minoritaire, lui qui reste très fragile au niveau financier. Néanmoins, il fera tout son possible pour garantir le meilleur au club comme lui-même l’explique : « Je ne serais jamais un obstacle pour cette ville, je veux seulement être une opportunité pour assurer un grand avenir au club. Pour le moment, nous cherchons quelqu’un pour prendre la relève de Di Piazza. Si nous trouvons quelqu’un capable de renforcer Palerme, je serais alors disposé à écouter et m’asseoir pour négocier. Je veux un grand Palerme, avec ou sans Mirri ». 

Un futur institutionnel qui dépendra sans aucun doute des résultats sportifs. Une possible promotion en Serie B pourrait bien changer la donne. Qualifié pour le 1er tour des Play-off, le FC Palermo doit remporter en premier lieu une confrontation-aller retour. Les Siciliens ont quatre chances sur cinq d’affronter une équipe qui a terminé 3ème lors de la saison régulière ou le meilleur des quatrièmes (le championnat de Serie C est divisé en trois groupes). En cas de qualification, le FC Palermo disputera le 2e tour des Play-off. Cette fois-ci, la bande à Filippi a trois chances sur quatre d’affronter une équipe qui a terminé 2e de la saison régulière: Alessandria, Padova et Catanzaro. Puis enfin, le Finale Four avec demi-finale et finale en confrontation aller-retour. C’est seulement le vainqueur qui décroche son billet pour la Serie B.

La route s’annonce rude pour le FC Palermo. Mais la forme actuelle des Palermitains pourrait bien les aider à retrouver la Serie B. Tout est possible, surtout en Sicile.

Crédit photo : Palermo FC

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